Le CA a expérimenté toutes sortes d'entraîneurs ces dernières années, passant du technicien «jetable» au coach «réutilisable». Rien que cette saison, et après le départ précipité de Daniel Sanchez et l'intermède Nabil Kouki, un troisième timonier s'apprête à reprendre le flambeau. Quant à Kouki, enrôlé suite à un parcours élogieux en ligue des champions aux commandes des Soudanais d'Al Hilal, il a officieusement été licencié pour insuffisance de résultats mais pas seulement. L'absence d'un véritable projet de jeu, un label, serait ainsi derrière l'éviction d'un entraîneur dont le Onze n'aurait véritablement séduit qu'à une reprise, face à l'Etoile du Sahel, et ce, en dépit du revers concédé face à ce même leader de la compétition. Tentons de fournir quelques éléments de réponses et de confirmer cette thèse. Le CA de Kouki a, semble-t-il, oublié que si «une bonne attaque fait gagner des matchs, c'est bien une bonne défense qui permet de remporter des titres» (nuance). On se souvient d'ailleurs du CA qu'il a codirigé avec Ben Chikha comme d'une équipe extrêmement hermétique, à qui marquer un but s'apparentait à un casse-tête (cachet du champion 2008). Cette réputation erronée, Kouki la tient depuis. Sauf que bien qu'il soit perçu dans l'imaginaire collectif comme un coach prudent, ce qui est, comme la plupart des légendes urbaines, complètement erroné, il a rarement bétonné depuis son retour au Parc A. Le management avant tout Nabil Kouki a-t-il optimisé ses choix lors de son dernier passage au Parc A ? A-t-il été seulement la victime collatérale d'un effectif décimé, un groupe déprécié et hétérogène, un cycle d'essoufflement, un mental défaillant, une certaine érosion ? Un fait est certain. Lors de sa prise de fonction, il semblait plus qu'emballé, motivé et convaincu de la valeur des siens. Il a tenté par la suite de miser sur les «muscles» de certains joueurs, au point de se caricaturer. Mais grosso modo, il a vite dû déchanter, enchaînant les contre-performances. Certes, l'on a remarqué que depuis qu'il a changé son fusil d'épaule, en privilégiant les jeunes de manière relative, son CA a repris un léger ascendant tantôt. Mais de toute évidence, il n'a pas réussi à terme à faire taire tous ses détracteurs. Le vrai problème, c'est qu'il en a aussi dans son propre camp, malgré qu'un certain nombre de joueurs ont adhéré à ses convictions. Là est le vrai problème de la méthode Kouki, semble-t-il : un management qui est loin de faire l'unanimité auprès du groupe élargi. Un temps déjà qu'une fracture s'est opérée entre les piliers, certains jeunes et l'entraîneur Clubiste, au point que son départ était devenu inéluctable. En clair, Kouki ne s'est pas donné les moyens de durer. A croire qu'il pompe beaucoup «d'influx nerveux» chez ses joueurs. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir l'écart abyssal qui sépare son discours et sa méthode (pratique) pour mieux comprendre les raisons de son licenciement. Changer d'entraîneur en cours de saison est un acte «chirurgical» difficile. On a plus de chance de faire du tort au club que le contraire. C'est une décision inhabituelle qui peut, cependant, sauver un club. Quand les choses vont mal, il ne faut toutefois pas rester prisonnier de certains principes. Sortir un joker suite à un scénario qui se dessine, peut avoir du bon. Même si la tendance veut que l'on attende la fin de saison pour, éventuellement, changer d'entraîneur. Maintenant que la décision a été prise de tourner la page Kouki, à l'avenir, l'exécutif ne doit seulement pas focaliser sur la responsabilité du timonier pour juger d'un parcours et faire le point. Il doit aussi prendre conscience des fractures, du mal-être. Protéger un staff technique qui doit se montrer intrépide et inébranlable. Faire preuve de franchise également. Indépendamment de la façon dont vous agissez, il faut que le traitement soit juste. Vouloir disposer d'un technicien à l'envergure en adéquation avec les ambitions du CA est un souhait légitime. Encore faut-il choisir un «pilote» qui allie charisme naturel et une capacité à créer une relation de proximité avec son groupe. Avoir un discours au quotidien qui permette de convaincre les joueurs peut avoir des vertus incommensurables. Car, en Tunisie plus qu'ailleurs, la performance sportive est directement liée à la psychologie d'un entraîneur qui doit trouver la solution adéquate pour faire tendre le mental de son groupe vers l'excellence. Transmettre le message de la façon la plus efficiente possible, et être un bon pédagogue en plus de posséder un sens aigu de la communication.