Le gouvernement Essid II, dont la nouvelle composition n'a pas vraiment convaincu grand monde, a toutefois su travailler son harmonie et unifier la vision d'avenir de son équipe aux horizons très divers Le nouveau gouvernement que préside Habib Essid devrait être facilement en mesure d'obtenir, dès aujourd'hui, la confiance de l'Assemblée. Et ce, malgré les critiques éparses que n'ont pas manqué d'exprimer divers groupes parlementaires, même parmi la coalition gouvernementale. Avec cette équipe restructurée à sa guise, le chef du gouvernement semble plus confiant et déterminé à opérer une sensible accélération au niveau de l'action gouvernementale et de la mise en route des réformes attendues. A ce niveau, une sorte de cercle vicieux retarde sans cesse la reprise économique et l'afflux des investissements. Les privés, dont on attend désormais un rôle majeur en matière d'investissement, semblent attendre que l'Etat apporte préalablement sa part dans les investissements d'infrastructure et les secteurs structurants. Et le gouvernement attend de voir les promesses des investisseurs et bailleurs de fonds internationaux venir secourir les caisses vides de l'Etat. Or les financiers exigent des réformes de structure draconiennes de nature à les rassurer quant à la bonne gouvernance, à la rationalité des choix stratégiques et à la solvabilité du pays, au moment où notre endettement a battu des records sans voir la machine s'ébranler. Le gouvernement Essid II, dont la nouvelle composition n'a pas vraiment convaincu grand monde, a toutefois su travailler son harmonie et unifier la vision d'avenir de son équipe aux horizons très divers. Entre les libéraux convaincus et les modérés sociaux, le bon sens pragmatique a tracé de jour en jour la voie sage du «juste milieu» dont les institutions financières internationales ne cessent de renégocier les frontières. Mais le temps presse et de «grandes réformes» s'imposent. Un code d'investissement ramassé et simplifié, le PPP (partenariat public-privé), la décentralisation et le financement du développement régional, une réelle extension de l'assiette fiscale, la mise en route de l'économie sociale, la rationalisation de la compensation...sont incontestablement les urgences de l'heure, auxquelles il faudra adjoindre une rapide reprise en main en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, la contrebande et l'économie parallèle. Et c'est à Habib Essid qu'il reviendra de siffler, dès ce matin, devant les députés de la nation, le signal de départ du marathon décisif de la reprise tant attendue.