Mabrouk Korchid : aucune interview que je donne n'est un crime !    CONDOLEANCES : Feu Mabrouk LOUSAIEF    Artes : chiffre d'affaires en hausse de près de 22%    Officiel: La Jamaïque reconnaît l'Etat de Palestine    La FTHB intègre Yousra Mostafaoui en sélection : On s'y met...    Volley | La Mouloudia de Bousalem vice-champion d'Afrique : Un cas édifiant !    Le ST reçoit l'USM samedi : Un virage majeur    Météo : Temps passagèrement nuageux et températures entre 18 et 26 degrés    Mahdia : recherches en cours de pêcheurs disparus en mer    Fédération de l'enseignement secondaire: Annulation du mouvement protestataire prévu pour aujourd'hui    Les ministres de l'Intérieur tunisien et libyen : Ras Jedir, symbole de la coopération tuniso-libyenne    Saisie record de cigarettes de contrebande à Remada    Au nom des travailleurs de la mer    Le groupe OneTech clôture la cession de ses titres dans Helioflex    Kais Saied félicite le nouveau président de la chambre législative    Kais Saied : ''Personne n'est au-dessus des lois''    Nominations au ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie    Gabès: Une unité de cogénération à la société chimique ALKIMIA    L'EST demande une augmentation des billets pour ses supporters    Ridha Zahrouni : il n'y a pas de stratégie de lutte contre la violence en milieu scolaire    INM: Les quantités de pluies enregistrées en millimètres durant les dernières 24H    Le Chef de la diplomatie reçoit l'écrivain et professeur italo-Tunisien "Alfonso CAMPISI"    Kais Saied dénonce les échecs de l'économie rentière    La Tunisair annonce des mesures pour faciliter le retour des TRE    Vague de soutien à la journaliste Khouloud Mabrouk    Monastir : bientôt la création d'un circuit touristique à Lamta    Espérance Sportive de Tunis -Mamelodi Sundowns : Chaîne et heure du match    FTF : Validation et rejet des listes de candidats    Abdelmoula : malgré les pénuries de CO2 et de sucre, la SFBT a fait preuve de résilience    Nessim Ben Slama écope d'une amende de 500 dinars    Stade d'El Menzah : Une étude de faisabilité sous l'œil des experts Chinois    Géologie de la Séparation : un film tuniso-italien captivant et poétique à voir au CinéMadart    Hospitalisation du roi d'Arabie saoudite    Dette publique | Des résultats en demi-teinte    L'homme qui aimait la guerre    Green Power Technologie signe un accord de partenariat avec Soteme, pour la distribution des solutions Huawei Fusionsolar en Tunisie    Parquet : L'interdiction de la médiatisation de l'affaire du complot contre la sécurité de l'Etat toujours en vigueur    Foire internationale du livre de Tunis : vers la prolongation de la FILT 2024 ?    Malentendues de Azza Filali    L'Italie, invitée d'honneur du 18 au 29 avril à la Foire Internationale du livre de Tunis : «Anima Mediterranea»    Echos de la Filt | Pavillon de l'Italie, invitée d'honneur : Evelina Santangelo et Azza Filali échangent autour de leurs récents ouvrages    Brésil: Elle vient à la banque avec le corps de son oncle pour avoir un prêt en son nom    Campagnes controversées en Turquie : retrait des enseignes arabes des commerces    Ultimatum législatif aux Etats-Unis : TikTok doit être vendu sous un an ou disparaître !    Anne Gueguen sur la guerre à Gaza : la France œuvre pour une solution à deux Etats !    Soutien à Gaza - Le ministère des Affaires religieuse change le nom de 24 mosquées    Un pôle d'équilibre nécessaire    Chute de mur à Kairouan : Le tribunal rend son jugement    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Vient de paraître | Présentation de l'ouvrage de Hatem M'rad : « Janus ou la démocratie à deux têtes »
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 03 - 2021

Qui est Janus ? Le dieu romain des transitions, des commencements, mais aussi des fins… Une divinité à deux visages, l'un tourné vers le passé, l'autre vers l'avenir. C'est aussi une allégorie choisie par Hatem M'rad pour représenter la Tunisie d'aujourd'hui.
« Janus ou la démocratie à deux têtes » est le titre de la dernière publication du politiste Hatem M'rad, éditée par Nirvana. L'homme a plusieurs casquettes. Universitaire, c'est grâce à ses efforts que le département des sciences politiques a pu renaître à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, après une mise en veilleuse par l'ancien régime. M. M'rad est le président fondateur de l'Association tunisienne d'études politiques. Il est directeur-fondateur de la Revue Tunisienne de Science Politique, auteur de plusieurs ouvrages sur le Libéralisme, L'opinion publique, La citoyenneté. Il tient une chronique hebdomadaire dans le Courrier de l'Atlas, parfois sur La Presse qui lui a consacré plusieurs entretiens.
L'Homme est discret, ce n'est pas un habitué des plateaux, préférant ne pas se mettre en avant mais plutôt écrire. Ses chroniques régulières ont le mérite d'apporter un éclairage subtil et instructif sur l'actualité nationale, parfois internationale. Des analyses élaborées avec les outils scientifiques qui sont les siens et le recul nécessaire, sa posture de toujours. Il se fait un point d'honneur de se soustraire de la pression de l'actualité en direct et en continu, ainsi que des polémiques. Hatem M'rad a dédié son ouvrage à sa mère Zeineb qui vient de disparaître et à son défunt père. Qu'ils reposent en paix.
Vider la contestation économique et sociale
L'auteur développe dans son ouvrage l'idée selon laquelle la jeune démocratie tunisienne a deux visages. « Un visage positif dans la durée et dans la profondeur. Une démocratie qui se consolide d'élection en élection, élargissant sans rupture la sphère des libertés. Un autre visage négatif, cette fois-ci. Visage terne. Il semble défigurer les bienfaits de l'autre face qui est plus avenante ». Les deux têtes évoluent dans deux sphères différentes, contradictoires, qui ne se rencontrent vraisemblablement pas. Leurs objectifs sont distincts. Leurs temporalités disjointes, totalement à l'opposé. Puisque, l'un se projette vers l'avenir, essayant de contourner les obstacles pour avancer, l'autre broie inlassablement le quotidien.
Et l'auteur de s'interroger, lequel des deux visages est le plus vrai ? « Sans doute les deux. Les deux visages ne se rencontrent pas. Et pourtant, ils coexistent et se confondent dans une seule démocratie en mal de repères ». Cette idée représente le fil conducteur de ses chroniques écrites entre 2018 et 2020, et publiées dans les colonnes du magazine et journal d'information le Courrier de l'Atlas.
Dans Janus ou la démocratie à deux têtes, l'auteur a suivi au jour le jour les deux visages de la démocratie tunisienne, sans omettre d'évoquer, à la lumière des expériences comparées, les incertitudes des démocraties étrangères, les événements de politique internationale et autres faits historiques marquants qui auraient le mérite d'expliquer la réalité tunisienne, qui peut paraître parfois, souvent même, confuse.
La démocratie repose sur l'élection, analyse-t-il. Elle autorise le vainqueur à gouverner temporairement et sous contrôle. On le sait, objecte-t-il, mais aussi démocratique soit-elle, l'élection ne suffit pas toujours à établir et consolider totalement cette démocratie. Outre ce fait, les électeurs tunisiens ne choisissent plus vraiment. « Puisque les états-majors des partis détournent leurs choix et droits de vote par des combinaisons postélectorales dans lesquelles ces électeurs ont du mal à s'y retrouver ». Il faudrait penser à remédier à cet état de fait, préconise le politiste, il faut « raffermir la règle de droit, la hiérarchie des normes, les contrôles des autorités politiques par des juges indépendants et des autorités de régulation ». Il faudra également, selon M'rad, ajuster le code électoral et surtout vider la contestation économique et sociale.
Etudes de faits et concepts
Outre l'introduction, six parties thématiques subdivisent ce livre volumineux de 400 pages. Sa première chronique s'intitule, « Bourguiba Le Multiple ». Bourguiba est-il un ou multiple ? « Admiré et suspecté, aimé et haï, il est à lui seul une problématique.
Il est chargé d'histoire, il est au cœur de décisions fondamentales, politiques et civilisationnelles...En un mot, Bourguiba est un facteur de réhabilitation », définit Hatem M'rad. Il est à lui seul une révolution dans la révolution. Bourguiba incarne et assimile les contraires. Tant la révolution (audaces historiques, acquis libéraux) que la contre-révolution (partisans du dogme, du passé, du refus de la nouveauté). Bourguiba est-il à l'image de cette Tunisie à deux visages ? Oui, sans doute !
Il y a encore différents Bourguiba, répond M'rad, dans différents secteurs. Le combattant, le militant, le négociateur, le réformiste audacieux et efficace. D'autres célèbrent encore le Bourguiba de l'éducation, énumère l'auteur, ciblant l'analphabétisme, les préjugés et la tradition.
Des hommes et des femmes cultivent une prédilection pour le libérateur de la femme, facteur de progrès général et de modernité. D'autres Tunisiens préfèrent faire ressortir le profil du laïc moderne. Bourguiba est honoré à nos jours pour ses choix sociétaux. Le planning familial est une orientation décisive qui a façonné la société tunisienne d'aujourd'hui. D'autres Tunisiens préfèrent mettre en avant les constantes de sa politique étrangère et d'autres encore mettent en avant et regrettent même l'autorité de l'Etat sous son règne.
Une autre chronique s'intitule « Abus syndical en démocratie ». La légitimité syndicale est irrécusable en démocratie, tient à énoncer l'auteur. « Mais, on se lasse des revendications abusives et systématiques, de quelque provenance qu'elle soit, politique, syndicale ou associative. Comme on se lasse d'ailleurs du conservatisme rigide et brut». Une troisième chronique vise le régime parlementaire tel que pratiqué en Tunisie. Le ton est donné d'emblée, dès l'intitulé ; « Le pouvoir d'un Parlement délétère ».
Un pouvoir pernicieux dont les Tunisiens découvrent tous les jours les méfaits. « Maître du pouvoir, le parlement, du moins sa majorité islamiste, est de surcroît l'institution la plus visible, la plus spectaculaire, la plus médiatisée, en raison, justement, de ses errances, dérives... Le dernier parlement issu des élections de 2019 est aussi éclaté qu'instable et chaotique», critique le politiste, sans concession aucune.
A travers les faits animant le paysage politique, consignés et commentés par Hatem M'rad au fil des jours et des semaines, se profilent des concepts politiques, des règles juridiques, des événements historiques et contemporains qui transcendent le quotidien pour produire du sens et, pourquoi pas, participer à éclairer l'avenir.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.