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« Nous avons oublié notre culture du travail et de la précision »
Entretien avec Néji Jelloul, ministre de l'Education
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 01 - 2016

Pas une semaine ne passe sans qu'il ne fasse parler de lui. Depuis sa nomination à la tête du ministère de l'Education, le très médiatisé Néji Jelloul a engagé un train de réformes qui lui ont valu la sympathie d'une partie des Tunisiens, sa cote de popularité s'en ressent dans les sondages en même temps d'ailleurs que la colère des élèves. Ils l'ont fait savoir bruyamment devant son bureau. Parfois aussi le corps enseignant rejoint le convoi des mécontents. Avec les syndicats, il semble que la hache de guerre soit enterrée pour quelque temps. La clé de sa réussite jusque là, relève-t-il, c'est travailler avec les moyens du bord avec pour seule conviction, la relance de l'école tunisienne
Quel est l'état d'avancement des réformes engagées ?
Nous avons mis en place plusieurs réformes, comme d'interdire les classes de sections comportant plusieurs niveaux. L'enseignant ne pouvant homogénéiser l'enseignement qu'il dispense entre des élèves de troisième, deuxième et première années. L'élève s'y perd aussi, arrivé au collège, il est déphasé et quitte l'école. L'année prochaine, nous allons également procéder au regroupement des écoles, il y a des écoles primaires fantômes avec deux élèves, souvent de la même famille. Ces élèves sont isolés, n'ont pas de vie sociale, ni ne pratiquent la moindre activité sportive. Ce sont des réformes coûteuses, nous devons prévoir le transport et la cantine, mais ce sera fait. L'autre réforme importante, ce sont les classes à mi-temps. Le temps scolaire a été modifié et nous devons également changer les régimes des vacances. C'est essentiel, nous avons des vacances d'été très longues. Sans parler de la réforme importante très relayée d'ailleurs qui touche à la rénovation de l'espace scolaire; 3.000 établissements environ ont été retapés, mais beaucoup reste à faire. Important à signaler, nous n'avons pas dépensé un sou. D'un autre côté et pour ce qui est du contenu, nous sommes en train de revoir les manuels et les programmes. On pense à améliorer la qualité du papier des manuels. En évaluant à chaque fois nos démarches pour en tirer les leçons.
Et la mise à niveau des enseignants ?
Nous sommes en train de créer des établissements spécialisés dans la formation des enseignants. Nous aurons des bacheliers de qualité parce qu'ils auront la garantie de l'emploi. Avec le système des écoles normales, on aura les meilleurs produits du Bac. Dans le passé, les meilleurs élèves faisaient Ecole normale et Normale Sup. Nous allons renouveler petit à petit le corps enseignant, comme nous allons changer le mode de recrutement des directeurs des établissements. Le texte sera publié bientôt.
Comment se porte la coopération dans le domaine de l'éducation et peut-on adapter les standards européens à l'école tunisienne ?
Je ne suis pas très content de la coopération internationale, celle-ci suit le circuit diplomatique, échange d'élèves, jumelage des établissements. Je souhaite avoir des résultats concrets, par exemple, j'ai imposé dernièrement l'école tunisienne à Nouakchott, en Mauritanie. Avec les Allemands, la coopération économique et politique est intense, et l'Allemagne est très impliquée dans le processus de transition en Tunisie mais la coopération au niveau de l'éducation reste très en deçà. Il y a un projet en vue que les Allemands semblent accepter, c'est le bac mixte. Avec le Goethe Institut, nous avons eu une belle expérience. L'Allemagne peut servir de modèle. Des experts allemands travaillent sur notre modèle, ils apportent un savoir-faire nécessaire à la Tunisie. De même des experts tunisiens sont partis en Allemagne. L'expérience coréenne est également très bonne mais il y a la distance et une culture qui est différente de la nôtre. Je pense qu'il faut procéder à des réformes qui s'adaptent au système tunisien. Maintenant, nous avons eu à suivre de près l'école allemande, grâce au Goethe Institut, et ce que je peux vous dire, nous sommes très en retard. Il y a une culture de travail exemplaire. Et nous en sommes loin, alors que nous avons des possibilités énormes. Il ne faut pas oublier que les Allemands, surtout les femmes, ont construit leur pays totalement détruit après la guerre. Malheureusement, en ce qui nous concerne, nous avons oublié notre culture du travail et de la précision, venir à temps au travail ou à un rendez-vous, ne pas jeter sa poubelle n'importe où.
Les moyens manquent aussi à la Tunisie ...
La Tunisie était pauvre dans les années 70, mais avait une école très évoluée, à la pointe. Moi, je suis un enfant de paysan, j'ai tout appris à l'école, l'école n'était pas seulement un ascenseur social mais un facteur civilisationnel aussi.
De mon milieu paysan, lorsque j'allais à l'école, je changeais d'univers. Maintenant, c'est l'inverse qui se produit. L'élève peut tout avoir chez lui, et ne rien trouver à l'école. Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par le Mois de l'école, parce que l'argent a été fourni par les parents d'élèves, par les hommes d'affaires, par les associations, par les mécènes. Un parrainage des écoles sera lancé dans le cadre d'un programme avec l'Utica. Il ne faut pas perdre de vue, en outre, la mauvaise gestion. C'est pourquoi l'une des principales réformes, c'est de rationaliser les ressources humaines et financières.
C'est ce que nous avons appris des écoles allemandes, il y a une excellente gestion de toutes les ressources.
Pour ce qui est de l'enseignement des langues, qu'en pensez-vous ?
J'ai consulté des commissions techniques, rien n'est encore définitif. Les avis sont partagés; les uns défendent l'apprentissage des langues étrangères à partir de la troisième année primaire. Moi, j'ai commencé à apprendre le français à partir de la troisième année primaire, cela ne m'a pas empêché d'être un bon francophone; et un autre avis qui défend la prédisposition de l'enfant à apprendre, dès cinq ou six ans, une ou deux langues étrangères. Je vais laisser les spécialistes s'exprimer. Mais il faut renforcer l'enseignement de l'anglais, et aussi du français, comme l'a dit Kateb Yacine, le français est un butin de guerre, il faudra également penser à diversifier et enseigner l'allemand, le russe, le chinois...Mais je pense qu'au vingt et unième siècle, le Tunisien doit être parfaitement trilingue, l'arabe est une langue qui a besoin d'être modernisée pour se débarrasser d'une grammaire désuète. Mais c'est notre langue nationale, notre identité et je suis intransigeant sur ce plan.


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