En ce mois saint, concilier sa pratique religieuse et son métier de footballeur n'est pas chose évidente pour des milliers de joueurs musulmans à travers le monde. C'est un vieux dilemme qui revient chaque année depuis des lustres et personne n'a pu trancher. Car si certains clubs sont plutôt conciliants, bon nombre d'entre eux n'hésitent pas à mettre la pression sur leurs joueurs, à même de les écarter des plans de l'entraîneur. Chez nous, les cas les plus célèbres de footballeurs qui ont eu de sérieux problèmes durant leur carrière pour avoir tenu bon à jeûner, y compris les jours des matches, ce sont bel et bien Yassine Chikhaoui et Nabil Maâloul. Ce dernier se retrouvera, quelques années plus tard, sélectionneur de Tunisie, l'un des acteurs d'une anecdote qui a fait le tour du monde en 2018. C'était lors d'un match amical disputé contre la Turquie. Le gardien de but, Moez Hassan, a simulé un malaise pour permettre à ses camarades et aux membres du staff technique de rompre le jeûne. Les images de Nabil Maâloul et ses joueurs en train de se désaltérer et manger des dattes ont fait le tour du monde. La foi ou le devoir professionnel ? Les footballeurs musulmans sont confrontés à un dilemme qui, parfois, engendre des conflits avec leurs clubs, notamment en Europe : la foi ou le devoir professionnel ? L'idéal, c'est d'être indulgent en permettant au joueur de concilier les deux. Comme la baisse de régime physique est une résultante du jeûne, accorder à un joueur musulman le privilège de disputer une partie du match ne peut-être que bénéfique et pour lui et pour le club. Il pourrait dès lors donner le mieux de lui-même pendant une bonne partie du match, même s'il a lieu en nocturne. Malheureusement, le football business ne tient pas compte, la plupart du temps, de la question épineuse de la foi. Le jeûne étant l'un des cinq piliers de l'Islam, il est difficile de convaincre un footballeur musulman d'y renoncer. Yassine Chikhaoui en sait quelque chose avec ce qu'il a vécu au FC Zurich. Long périple, chaleur et jeûne... Quand la majeure partie de ses joueurs sont musulmans, un entraîneur n'a pas vraiment le choix : il doit aligner tous ses joueurs-cadres. Et comme nos institutions footballistiques, la FTF et la CAF, ne tiennent pas compte du facteur «jeûne », on se trouve en ce mois saint avec des matches programmés dans notre championnat à 13h30 et en Coupe de la CAF en Afrique avec son climat chaud, avec des matches programmés à 16h00 et 17h00, comme c'était le cas hier pour les joueurs du CSS et de l'ESS. Long périple, chaleur, jeûne et rythme corsé à raison d'un match tous les trois jours : voilà à quoi sont confrontés nos footballeurs pendant Ramadan. Et comme la majorité écrasante de nos stades ne dispose pas d'éclairage, la FTF se voit obligée de désigner les matches les après-midi. De toute manière, la situation épidémique actuelle et le couvre-feu ne permettent pas de faire jouer des matches en nocturne, même à Radès, à moins que les autorités accordent une dérogation spéciale. Bref, jeûne et football : voilà un dilemme qui n'est pas près d' être résolu de sitôt.