Habib Essid, chef du gouvernement, a entamé hier une série de consultations avec les principaux acteurs du paysage politique et civil national. Objectif : une feuille de route concertée en vue de résoudre la crise qui vient de secouer le pays Les marches de protestation pacifique qui se sont déroulées tout au long de la semaine écoulée dans l'ensemble du pays, malheureusement ternies par les casseurs et les pilleurs, ont finalement eu leur effet immédiat dans la mesure où les revendications exprimées par les jeunes chômeurs réclamant leur part à l'édification de l'avenir de la Tunisie, à travers l'emploi, ont trouvé une oreille attentive auprès du gouvernement qui multiplie les initiatives afin de trouver une solution consensuelle à l'épineux dossier de promotion des régions dites prioritaires et bénéficiant du principe de la discrimination positive, comme le prévoit la Constitution du 27 janvier 2014. Hier, le chef du gouvernement, Habib Essid, a entamé une série de consultations avec les secrétaires généraux des partis politiques représentés au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), les secrétaires généraux ou présidents des organisations nationales, dont en premier lieu l'Ugtt et l'Utica et les représentants des associations de la société civile ainsi que les organisations des jeunes dans les régions en colère. Objectif : écouter les doléances des protestataires, examiner les meilleures approches possibles afin de répondre aux revendications exprimées et parvenir à la mise en œuvre d'une feuille de route consensuelle qui prendra en considération et les demandes légitimes des régions concernées et les possibilités réelles dont dispose le pays à l'heure actuelle, loin des promesses irréalistes et irréalisables, des tentatives d'instrumentalisation politiciennes et des agendas louches de certaines parties qui poussent au pourrissement de la situation aux dépens de l'intérêt national et de la stabilité du pays. Le communiqué de la présidence du gouvernement annonçant le démarrage des consultations est clair et précis : «Les concertations seront axées sur les questions nationales urgentes». Autrement dit, tout le monde aura son mot à dire et sa voix à faire écouter. D'ailleurs, le chef du gouvernement, Habib Essid, a tenu à tirer les choses au clair, lors de l'interview qu'il a accordée, samedi dernier, à la Tv nationale et à Nessma en soulignant : «Nous sommes déterminés à imaginer, ensemble, les solutions qui répondent aux revendications légitimes de nos jeunes. Quant aux casseurs et aux pilleurs, ils n'échapperont à la justice». Et c'est Nida Tounès représenté par Hafedh Caïd Essebsi, Khemaïes Ksila et Ridha Belhaj qui a rencontré en premier lieu le chef du gouvernement au palais Edhiafa. Rien n'a filtré de l'entrevue sauf l'invitation lancée par Hafedh Caïd Essebsi à l'adresse lui demandant d'assister à la réunion que l'Instance politique devait tenir hier soir. Puis ce fut le tour de la délégation d'Ennahdha conduite par Rached Ghannouchi, président du parti, d'être reçue par le chef du gouvernement. Au programme de la rencontre, les solutions que préconisent les nahdhaouis afin de venir à bout de la crise qui secoue le pays. Il est à préciser que certaines voix se sont élevées pour demander au chef du gouvernement d'élargir ses consultations aux partis non représentés au sein de l'ARP estimant que leurs propositions sont aussi à prendre en considération, l'étape exigeant que le gouvernement agisse en force de rassemblement de toutes les idées et de toutes les approches afin que personne ne se sente écarté ou interdit de parole. Faut-il rappeler que durant la semaine de la colère, on a eu droit à toutes les propositions possibles : de l'appel à un gouvernement de salut national (Kamel Morjane, au nom d'Al Moubadara) à des élections législatives anticipées (Moncef Marzouki au nom de Tounès Al Irada) en passant par le retour au Dialogue national (Houcine Abassi au nom de l'Ugtt qui préconise un plan de sauvetage économique et social), on a assisté à un véritable festival de suggestions dont le dénominateur commun était un déni flagrant et inadmissible de la volonté du peuple qui a dit son mot le 26 octobre 2014 en choisissant librement et démocratiquement ceux qui gouvernent le pays actuellement.