La galerie d'art de l'espace Sadika (Gammarth, banlieue nord) Alain Nadaud abrite, jusqu'au 9 février 2016, l'exposition «Le chemin de soi» de l'artiste plasticien palestinien Bashar Al Hroub. «Le chemin de soi» est le fruit d'une résidence artistique que l'artiste avait effectuée à l'espace Sadika. Une trentaine d'œuvres constitue cette errance picturale, tant sur le fond que sur la forme à laquelle il nous invite. Une errance faite de vidéos, d'installations, de photographies, peintures, dessins et autres techniques. L'artiste nous fait parcourir ce «chemin de soi» et donne à voir sa propre vision de la situation dans les territoires palestiniens occupés. Maîtrisard des Beaux-Arts, l'artiste palestinien a remporté plusieurs distinctions dont le premier prix à la 14e biennale d'art asiatique au Bengladesh. Il a exposé dans plusieurs pays notamment en Palestine, au Royaume-Uni, Canada, Liban, Etats-Unis, Emirats Arabes Unis, Pologne, France, Syrie, Turquie, Maroc, Allemagne, Italie, Japon...Certaines de ses œuvres ont été acquises par l'Imperial War Museum de Londres, la Barjeel Art fondation (Sharjah) et par des collectionneurs privés à New York, au Danemark, à Londres et en Palestine. Diversifier les techniques dans ses créations est une manière, pour lui, d'abolir les frontières et d'éviter d'être «l'esclave d'une matière». Justement, la question de l'espace et la notion du lieu ont toujours alimenté l'art de cet artiste palestinien. Son œuvre est profondément influencée par des questions telles que l‘appartenance, l'identité, la religion, le rapport à l'autre dans un espace-temps. Son œuvre est aussi le carnet de bord de ses pérégrinations. Dans ses voyages, l'artiste note, collecte des fragments de papiers, des coupures dans différents lieux visités et colle pour inscrire. C'est le cas dans son œuvre «La route me saisit et moi je veux... Tunis 2015» où les coupures, collectées fortuitement, deviennent corps, passent à la sphère personnelle pour devenir «cartes d'identité». Toujours des figures humaines et cette manie de vouloir inscrire ces visages, cette présence autre avec sa série de portraits «Visages de la Tunisie postrévolutionnaire». Loin des clichés, Al Hroub aborde, bien entendu, la situation en Palestine à travers un traitement intérieur et existentiel. Il le fait dans son installation «Je suis le Christ et ma mère est la vierge Marie», où il propose une réécriture de la figure du Christ. L'artiste place son propre portrait à côté d'une image de la vierge Marie et s'identifie à lui. Avec cette portée symbolique, il attire le regard sur les souffrances du peuple palestinien : une manière de dire que chaque Palestinien est un «Christ» qui souffre et est crucifié chaque jour. Notons que l'artiste vient d'une famille musulmane et en re-visitant la figure du Christ, il confirme cette idée de a-frontières en dépassant les limites imposées par la religion. A voir.