Il n'est pas difficile pour les clubs de dégager parmi les éventuels candidats ceux qu'il faut prendre au sérieux et quels sont les meilleurs programmes à même de répondre aux problèmes actuels du football tunisien et de sa gouvernance. Lorsque vient le temps des campagnes électorales, certains candidats rivalisent de démagogie et de populisme pour gagner le cœur des électeurs et l'emporter le jour J. Une bonne campagne pourra permettre à un candidat de faire oublier un bilan parfois plus que lourd et défavorable. Mais dans le monde du football, personne n'est dupe face aux stratégies politiques dont usent les candidats pour se faire élire aux instances fédérales et pour garder le pouvoir entre leurs mains... El Jary ne semble pas inquiété par les procédures qui devraient lui permettre de briguer un nouveau mandat à la tête de la FTF. Le président sortant est assez détendu. Il était le premier à arrêter sa liste et à se porter officiellement de nouveau candidat. Bien sûr, il ne danse pas sur la table, mais il sait qu'il avait consolidé son pouvoir en venant à l'aide et en développant les infrastructures liées au football dans les clubs divisionnaires tout au long de sa présidence. Bien entendu, il a eu en contrepartie des démêlés, voire des altercations avec certains clubs de l'élite, (les derniers en date face au CA, dont le président vient de faire savoir dans un communiqué officiel que son club n'a pas de représentant aux élections de la FTF). Rien n'est certes encore tranché, mais il est convaincu que ces élections seront en grande partie les conséquences de ce qu'il avait déjà initié. Il faut dire que c'est tout autour des clubs divisionnaires que pèse l'issue de ces élections. Ces derniers sont à l'aise avec Wadii El Jary. Certains présidents n'ont pas manqué d'ailleurs de rappeler un soutien sans faille à un deuxième mandat pour celui qu'ils considèrent comme l'homme de la situation. Et, à ce jeu-là, ils risquent de conditionner encore une fois les élections, compte tenu notamment de leur nombre au vote. Les clubs divisionnaires, base électorale Les clubs divisionnaires sont donc un sacré réservoir pour El Jary qui, depuis le début de sa carrière à la FTF, a noué des liens étroits avec les ‘'décideurs'' des élections. Il n'est pas, pour la plupart d'entre eux, un simple candidat. Il est la FTF!... En face, on continue à mettre en cause les modalités de préparation et de la tenue de l'assemblée élective. De crier même au scandale à propos d'un système qu'on considère à l'origine de toutes les compromissions. Pour Ali Hafsi et son équipe, le mal est lié à l'influence et au conditionnement non seulement des électeurs, mais aussi des procédures mises en vigueur pour le vote. Mais au-delà des accusations et des dénonciations, à tort ou à raison, par abus de langage ou par populisme, et même si les élections dépendent parfois des décisions d'une poignée d'électeurs, ce qui rend les candidats très sensibles aux desiderata de leurs électeurs potentiels, nous pensons qu'il n'est pas difficile pour les clubs de dégager parmi les éventuels candidats ceux qu'il faut prendre au sérieux et quels sont les meilleurs programmes à même de répondre aux problèmes actuels du football tunisien et de sa gouvernance. La transparence des institutions du football (FTF, Cnot...) devrait avoir une priorité absolue dans la gestion du football. La qualité de la formation et de la protection des joueurs, l'économie des clubs (tous niveaux confondus), la justice dans le jeu, et notamment au niveau de l'arbitrage, la prévention des dangers liés à la violence, aux agitations et aux déchaînements dans les stades, les rapports entre les clubs et l'absence des résultats au niveau des sélections, tout autant de prévalences à prendre aussi en considération. Si notre époque continue encore à baigner, transpirer, dégager et produire la médiocrité, il est toujours temps de déclencher une véritable réflexion sur le football, qu'on se penche sur les véritables problèmes qui entravent sa marche pour que les réformes ne montent pas plus haut que le fusible. D'ailleurs, c'est une grande misère que de n'avoir pas assez de réflexion dans les programmes et dans les stratégies à venir, ni assez d'initiatives pour trancher une fois pour toutes. Les mauvaises politiques produisent de mauvaises gestions, surtout lorsque les standards et les règles communément respectés sont bafoués. Dans le profil de la plupart des candidats actuels, il y a à la fois un côté jardin qui pourrait fleurir et un côté cour qui baigne toujours dans le noir. Cela nous aide quelque part à comprendre la complexité des situations et leur enchaînement. L'on espère que les élections du nouveau bureau fédéral ne seront pas cette fois quelque chose qui dénature le football. Que les nouveaux élus pourront remplir leur mission. Mission qui consiste à combattre la nullité, fût-elle déguisée ou déclarée.