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« Le Portugal est l'avocat des intérêts tunisiens »
Entretien avec le ministre portugais des affaires étrangères, Augusto Santos Silva
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 02 - 2016

En marge de sa visite officielle en Tunisie, le ministre des Affaires étrangères portugais, M. Augusto Santos Silva, a accordé une interview exclusive au journal La Presse. Il revient notamment, plus en détail, sur les accords de coopération au niveau économique, sécuritaire et culturel. Il évoque également de manière très large la situation en Libye et la manière de protéger les intérêts tunisiens
Dans quel cadre s'inscrit votre visite officielle en Tunisie ?
Ma visite s'inscrit dans le cadre de bonnes relations politiques, économiques, culturelles et diplomatiques entre les deux pays. La Tunisie et le Portugal sont deux pays voisins et amis, nous partageons l'appartenance à certaines organisations comme l'Union Pour la Méditerranée.
Principalement, nous sommes venus exprimer publiquement l'appui au processus de transition démocratique que la Tunisie a achevé avec succès mais aussi pour appuyer le processus de transition économique qui est maintenant en cours en Tunisie.
J'ai l'honneur de rencontrer toutes les autorités de l'Etat, le président de la République, le chef du gouvernement et le président de l'ARP Mohamed Ennaceur. J'ai eu une réunion de travail très fructueuse avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères, et aussi avec le ministre de l'Intérieur ainsi que celui du Développement et de la Coopération internationale. J'ai pu aussi avoir des réunions de travail avec des cadres et dirigeants d'entreprises portugaises ou tunisiennes. Il existe 400 entreprises portugaises qui ont des relations économiques régulières avec la Tunisie dont 37 qui investissent ici.
Je tiens à dire aussi que la voie de la coopération économique doit se faire dans les deux sens, les produits tunisiens et les investissements tunisiens sont les bienvenues au Portugal. L'un des députés portugais du Parlement européen a demandé mercredi qu'une résolution soit adoptée pour que les produits tunisiens soient traités de manière favorable dans l'Union européenne, c'est aussi une manière pour nous d'appuyer la transition et la stabilité de la Tunisie.
J'aurais le plaisir également de visiter des universités tunisiennes où la langue portugaise est enseignée. Bien sûr, j'ai eu l'occasion de visiter le musée du Bardo pour rendre hommage aux victimes de l'attentat barbare qui y a été perpétré. Donc, comme vous voyez, nos relations sont pluridimensionnelles.
Vous êtes en Tunisie notamment pour faire le suivi des recommandations de la 3e réunion tuniso portugaise, qui prévoit notamment l'implantation de 55 entreprises portugaises en Tunisie d'ici 2020. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour y parvenir?
Du côté portugais, l'instrument de politique publique principal, c'est l'implémentation d'une ligne de crédit dont la valeur peut aller jusqu'à 20 millions d'euros. C'est un instrument très important pour encourager et garantir, d'une part, les exportations et les investissements portugais en Tunisie et, d'autre part, garantir les échanges économiques entre les deux pays.
Du côté tunisien, j'ai eu l'occasion de mieux connaître le plan de développement économique 2016- 2020, notamment en ce qui concerne le développement des infrastructures. A cette occasion, j'ai signalé à mes différents interlocuteurs l'expertise que possèdent plusieurs entreprises portugaises dans des domaines clés de vos projets de développement, notamment dans le domaine des travaux publics, du développement routier, des énergies renouvelables, des industries liées à l'environnement et aussi dans le domaine des nouvelles technologies. Les investissements portugais en Tunisie sont déjà importants dans des secteurs diversifiés du textile jusqu'à la production de ciment. Mais la coopération peut bien évidemment s'élargir en tenant compte des objectifs fixés par la politique économique du gouvernement tunisien.
La Tunisie est en négociation pour l'Aleca, certains ici en Tunisie expriment des craintes quant à l'impact d'un tel accord sur le tissu économique. Qu'est-ce que vous en pensez?
Le Portugal est passé par là dans les années 1980 lorsque nous devions intégrer la Communauté européenne, nous avons eu ce même débat. L'intégration dans l'espace européen supposait aussi l'intégration dans une économie plus compétitive et donc la mise en place de mesures de libéralisation. Et il y a eu bien entendu des craintes quant à la viabilité de certains secteurs jusque-là protégés. Mon message est clair, l'expérience portugaise montre que, tout compte fait, le bilan est positif.
Ensuite, il y a une analyse plus fine à faire, puisque l'intégration économique ou d'intensification de relations économique est un processus dans lequel plusieurs étapes doivent être franchies. On ne passe pas du jour au lendemain d'un état à un autre. Et dans ce processus, on peut choisir de protéger certains secteurs jugés vulnérables ou favoriser la modernisation des secteurs traditionnels avec des instruments de politique publique. On peut gérer donc le processus de manière à ce que les secteurs vulnérables soient soutenus.
Enfin, quand on négocie avec l'Union européenne, il existe des instruments qui permettent de financer certaines mesures de libéralisation. Je comprends bien évidemment les inquiétudes que suscite l'Aleca dans l'opinion publique ou au Parlement. Notre expérience dans ce domaine a été positive, donc j'encourage vivement la Tunisie à s'ouvrir aux relations économiques avec l'Union européenne, mais l'UE a une responsabilité majeure envers la Tunisie, envers ses voisins, c'est l'un des principes de la politique de voisinage.
La Tunisie fait son travail parfaitement et ce que je dis dans tous les pays du Maghreb que je visite, c'est de bien être attentif à la position portugaise car le Portugal, en tant qu'Etat membre de l'Union européenne, est l'avocat des intérêts tunisiens et des intérêts de ses amis.
Le Portugal s'est engagé à aider la Tunisie dans la sécurisation de ses frontières, comment allez-vous procéder, allez-vous vous joindre aux Allemands et aux Américains qui vont aider la Tunisie à ériger une clôture électronique?
Nous n'avons pas les ressources de nos amis allemands et américains, nous ne les concurrençons dans aucun domaine, mais je crois que nous pouvons apporter une valeur ajoutée dans un domaine très précis, c'est celui de la formation. Le Portugal peut apporter son expérience en ce qui concerne la surveillance des frontières terrestres, mais aussi et surtout dans la surveillance des frontières maritimes dans laquelle nous disposons d'une expérience spécifique.
Notre gendarmerie peut aider à former certaines forces policières tunisiennes dans la surveillance des frontières ou dans d'autres domaines qui concernent la sécurité intérieure.
Nous préparons la visite prochaine de la ministre de l'Intérieur portugaise en Tunisie et mon entrevue hier avec le ministre de l'Intérieur tunisien avait pour objectif justement de préparer le terrain pour cette visite. Ce que je peux dire c'est que le chemin est bien balisé, que ce soit au niveau technique qu'au niveau politique et je crois bien qu'un plan de coopération pourra être mis en place.
Quelle est la position du Portugal par rapport à la guerre en Libye? La Tunisie est contre.
Nous soutenons les efforts du Conseil de sécurité des Nations unies et aussi de l'Union européenne, que ce soit au niveau politique avec la haute représentante Federica Mogherini qu'au niveau diplomatique avec l'envoyé spécial. Nous soutenons précisément le gouvernement d'unité nationale qui s'est formé, nous espérons que le processus de formation sera achevé par le vote nécessaire de l'Assemblée. La responsabilité du nouveau gouvernement libyen sera de dresser sa propre politique d'intégration nationale et de sécurité. Quant à la responsabilité de la communauté internationale, elle consistera à répondre favorablement aux éventuels demandes que le gouvernement d'unité nationale pourra faire.
Donc toute intervention militaire devra se faire en accord avec le gouvernement libyen ?
Ce que je dis, c'est que d'un point de vue politique et institutionnel, le processus doit se faire suivant la méthode de la légitimité. Aujourd'hui, nous avons un gouvernement d'unité nationale, nous avons un gouvernement qui fonctionne et nous devrons tout faire en sorte que les meilleures conditions soient réunies pour que le gouvernement libyen exerce son autorité sur tout le territoire. C'est l'urgence du moment.
Le chef de l'Etat tunisien a demandé à ce que les intérêts de la Tunisie soient préservés en cas de guerre. Allez-vous appuyer cette position?
Evidemment, pour appuyer la position de la Tunisie, la meilleure solution, c'est d'éviter une intervention militaire en Libye, et pour éviter une intervention militaire il faut qu'un gouvernement fort s'y installe. Bien sûr, la communauté internationale a le droit de se défendre du terrorisme et elle doit combattre le terrorisme. Nous ne pouvons pas nous contenter d'observer la progression de Daech dans certaines enclaves du territoire libyen sans rien faire. Il faut donc appuyer le gouvernement libyen et appuyer ses efforts en ce qui concerne la stabilisation du territoire.
La langue portugaise sera enseignée dès l'année prochaine en option dans les lycées, est-ce que c'est le Portugal qui l'a demandé?
Oui, c'est l'un des objectifs clés de notre politique externe : la diffusion de la langue portugaise en tant que grande langue globale, et la méthode est infaillible. Chaque fois que la langue portugaise est entrée dans le cursus national d'un pays en tant qu'option, elle est fortement choisie par les étudiants, et la langue portugaise a progressé année après année. Et l'exemple tunisien va certainement le confirmer. La langue portugaise ouvre les portes de l'Europe, de certains pays africains, de l'Amérique latine et on ouvre des portes dans certaines parties du continent asiatique. Vous savez, pour quelqu'un qui connaît la langue arabe, il peut facilement apprendre la langue portugaise puisqu'il y a plus de 1.000 mots portugais d'origine arabe.
Photo: Koutheir Khanchouch


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