Une conférence de presse a eu lieu, mercredi dernier, à la nouvelle galerie d'art El Birou, située au centre de la ville du Sahel, pour annoncer la 11e édition du Festival international du film pour l'enfance et la jeunesse qui se tiendra du 21 au 26 de ce mois. Il y a des festivals qui méritent toute l'attention du monde, parce qu'ils jouent un rôle fondateur. Le Fifej est l'un d'eux. Dès son apparition il y a 25 ans, cette biennale a suscité un dynamisme qui a, quand même, changé le paysage culturel de Sousse en en faisant une ville du cinéma destiné à l'enfance et à la jeunesse. Cette manifestation a attiré un très grand nombre de visiteurs tunisiens et étrangers, notamment dans le cadre de la Rencontre internationale, un espace d'animation et de formation qui constitue l'originalité du festival. Mais le Fifej a connu quelques éclipses, dues au contexte politique du pays (la révolution de 2011) ou à un manque flagrant de moyens lui permettant d'honorer ses objectifs qui sont de faire connaître la production cinématographique internationale destinée à l'enfance et à la jeunesse, favoriser la production nationale pour enfants et jeunes, la rencontre et l'échange entre les jeunes tunisiens et les jeunes du monde, contribuer à l'initiation des jeunes aux techniques de l'image au sein d'ateliers spécialisés, diffuser la culture cinématographique dans les milieux scolaire et universitaire et faire participer les jeunes à la conception et à l'organisation du festival. Tout cela nécessite un budget consistant et conséquent et une équipe permanente qui travaille toute l'année. Mais face à la menace terroriste, la culture doit constituer un rempart d'acier. Les bénévoles du Fifej n'ont donc pas le choix. Ils se doivent de se projeter dans le futur, en attaquant de front le manque de fonds auquel ces festivals sont toujours confrontés. D'ailleurs, à part les anciens qui résistent contre vents et marées et qui tiennent encore à sauver ce festival de l'oubli, le comité d'organisation est essentiellement constitué de jeunes cinéphiles qui ne comptent pas leurs heures. «Les entreprises privées ont également mis la main à la pâte. Elles ont enfin apporté quelques financements pour permettre à cette édition de voir le jour», nous annonce Hassen Alilech, directeur du Fifej. Ainsi, le coup d'envoi de cette 11e session sera-t-il donné le 21 de ce mois. Au programme, les films d'abord. En compétition internationale, on compte 31 courts et longs métrages, en plus d'une dizaine de films programmés dans le cadre d'une nouvelle section consacrée au Premier court métrage. Deux jurys ont été composés en plus d'un jury de 5 enfants. Le jury international est constitué par les membres suivants : Sulafa Hijazi (réalisatrice syrienne), Ahmed Rachwane (réalisateur et producteur égyptien), Caty De Haan (curateur allemande), Mohamed Ben Salah (enseignant, chercheur et critique algérien) et Ikbel Zalila (docteur en arts et sciences de l'art, tunisien). Hélène Catzaras (actrice), Mohamed Damak (réalisateur) et Chokri Mabkhout (écrivain) font partie, quant à eux, du jury national. Fidèle au principe de l'éducation par l'image depuis sa création en 1991, le Fifej propose 18 ateliers qui accueilleront 150 jeunes participants envoyés par 17 établissements universitaires. Et pour compléter le volet formation, le festival consacre son «Ecole de cinéma» aux élèves du gouvernorat de Sousse. Etant un espace d'échanges et de rencontres, le Fifej recevra les représentants de toutes les organisations cinématographiques, qui seront appelées, dans le cadre d'un colloque, à faire l'état des lieux du secteur, à réfléchir à une plateforme d'action commune et à envisager la création d'une structure de coordination et de lutte. Ainsi, des producteurs, réalisateurs, techniciens, animateurs, responsables d'associations ou de festivals auront l'occasion de se retrouver pour défendre le principe de la gouvernance participative et imposer la gestion participative de la question du cinéma en Tunisie. A l'occasion de cette 11e édition intitulée «L'autre regard», le Fifej rendra hommage à l'acteur tunisien, feu Ahmed Snoussi, et à Bretislav Pojar (1923-2012), illustrateur, animateur et réalisateur tchèque connu pour ses films de marionnettes. Hassen Alilech nous apprend, par ailleurs, que des invités étrangers ont confirmé leur participation, alors que d'autres se sont désistés à cause des drames que le pays vient de vivre. Il s'agit notamment de Philippe Muyl (scénariste, réalisateur et producteur français), Veit Helmer (réalisateur et producteur allemand), Atahual Pa Lichy (réalisateur vénézuélien), Alyce Tzue (réalisatrice américaine de films d'animation), Asma El Moudir (réalisatrice marocaine) et Chirine Adel (actrice égyptienne).