Tirer le créneau du flou, parce qu'il tire de la misère beaucoup d'entre nous. Il faudrait savoir ménager la chèvre et le chou Les menaces terroristes qui pèsent sur le pays aujourd'hui rendent ce dossier brûlant. Parce que notre sécurité dépend de l'accueil des étrangers, en raison des risques d'infiltration. Le hic, c'est que les causes ont tendance à devenir à la fois exogènes et endogènes. La déclaration du résident étranger serait à rappeler, surtout pour les séjours de longue durée. Le créneau ne cesse de naviguer dans les eaux marécageuses de la clandestinité, n'autorisant du fait aucune statistique fiable et convenable. Il faudrait chercher, à travers de nouveaux textes, à ménager la chèvre et le chou. Concilier les impératifs sécuritaires avec les intérêts de nos malheureux pairs. Sachant que des milliers de laissés-pour-compte sont tirés de la misère grâce à ce filon juteux et intéressant. Au trot...au galop ! Les convois de familles libyennes ne cessent de courir vers nous au trot... au galop, fuyant la lutte fratricide et les avatars vécus par les compatriotes de Omar El Mokhtar. On parle d'un chiffre faramineux de réfugiés, oscillant autour d'un million huit cent mille ressortissants, au fil du temps, depuis les premiers coups de canon du lendemain de la révolution, sur l'axe central Ben Guerdane-Tunis. Le plus gros lot étant accaparé par Gabès, Sfax, Sousse et, à un degré moindre Tunis, où le niveau du loyer n'est pas sans dissuader le postulant, se trouvant dans l'inconfortable statut social de réfugié. La rançon de la solidarité Là, il faut dire que nos frères libyens ne se sont jamais sentis de trop chez nous à travers le passé, proche et lointain. Depuis qu'ils nous ont dit massivement bonjour, pour se prêter à des soins, au début des années quatre-vingt. Aujourd'hui, les Tunisiens ne peuvent être que contents d'accueillir à bras ouverts, nos braves voisins, hissant, au-dessus de tout égoïsme et égocentrisme, la solidarité agissante que chantaient nos ancêtres. Cela malgré les risques sécuritaires et les revers économiques si fâcheux pour une situation déjà fâcheuse de notre pays, encore à la recherche d'une stabilité perdue. Revers clairs comme de l'eau de roche : à savoir, entre autres, la contribution du phénomène de la flambée des prix et la montée vertigineuse des loyers à travers les agglomération côtières. Pour une attention vigilante Ceci étant, il nous faudrait dormir d'un seul œil et avoir les yeux plus grands que le ventre, braqués sur notre parc grandissant de logements, si prisé et si fréquenté par nos braves voisins, éternellement attachés et fidèles à leurs «canouns» et leurs tasses de thé. Un «luxe» anachronique que l'hôtelier ne tolèrera jamais, eu égard aux gros risques que tout le monde sait. Ceci dit, si l'hôtel est si verrouillé devant les infiltrations, il est, par contre, ouvert aux quatre vents de l'intrusion. Et exposé à tout moment, le «harim» si sacralisé, aux regards courtois et indiscrets si redoutés par des mâles ayant une bigre jalousie. Pour maîtriser la situation, il faudrait aux exploitants de ces logements être prudents et vigilants vis-à-vis d'éventuelles infiltrations. Et veiller au respect des règlements liés à ce mode d'hébergement. Donc, déclarer à la police les résidents, dans les 48 heures suivant le moment de leur hébergement. Attention aux maisons de «fous» Par les sales temps qui courent en ayant le feu aux trousses, le civisme et le patriotisme commandent à tous, à commencer par ceux qui se font (grâce à ce créneau) du flous, de signaler sans traîner les pieds tout mouvement suspect. Pour ne pas laisser filer l'ennemi entre nos doigts. Et du coup, nous condamner à nous en mordre les doigts... et dès les premiers coups de marteau, songer à légiférer pour responsabiliser les propriétaires de logis meublés, imprudents et gourmands. Qui, n'ayant pas du bon sens, deviennent fous, dès qu'il s'agit de sous. Mais lorsque les sous à gagner mènent tout droit à la cage, le fou gagnerait alors à devenir sage. Du coup, le même fou, frappé en prime de cécité, recouvrirait vite la vue par stricte nécessité... Ménager la «chèvre de M.Seguin»... Pour conclure, on gagnerait à remettre de l'ordre dans la maison meublée, régie par une réglementation devenue anachronique et dépassée. Etant demeurée figée depuis que, à La Marsa, la musique beylicale tonnait ! Le législateur serait alors tenu, en «pondant» sa «prose» si attendue, de mettre en sécurité et ménager la «chèvre de M.Seguin» et le chou qui procure le gain. Autrement dit, dresser des garde-fous solides devant les foufous des sous, sans se hasarder à ôter le goût du pain aux milliers de nos pairs, que le créneau tire de la misère.