Le premier long-métrage de Mohamed Ali Nahdi puise dans des évènements majeurs qui ont fait et défait l'actualité houleuse, et souvent violente d'une Tunisie postrévolutionnaire, entachée par des dérives terroristes, depuis le déclenchement de la Révolution de 2011. Nécessaire, certes, mais redondant. L'histoire peint une Tunisie amochée par une crise politique majeure, celle de 2011 et de sa dite «révolution du Printemps ou du Jasmin». Le scénario resitue son public dans une période de la Tunisie qui paraît lointaine, et rafraîchit la mémoire d'un peuple tunisien, jusqu'à nos jours, meurtri mais résistant, à l'aide d'images d'archives, de reportages médias vrais, tout en relatant l'histoire de Moez. Ce jeune Tunisien est issu d'un milieu défavorisé, dont le rêve est de devenir comédien, et qui voit sa vie prendre un tournant inattendu, un jour, lors d'une interpellation policière. Le destin de Moez se confond avec celui d'un fanatique religieux beur aux desseins dangereux. Commence alors une course-poursuite pour semer les autorités, jusqu'à immersion dans l'endoctrinement religieux et la fabrique du terrorisme, ou comment créer des bombes humaines à retardement. Sans beaucoup dévoiler l'intrigue exacte, le film oscille entre scènes d'action, d'affrontements entre forces de l'ordre et courants extrémistes. Moez se retrouve embourbé dans une situation qui le dépasse, aux répercussions conséquentes et sur sa personne, mais aussi sur sa famille et ses proches. Démuni, il se laisse influencer par cette idéologie destructrice. Les échanges des deux protagonistes dévoilent au fur et à mesure un aspect de leurs deux personnalités, deux hommes totalement à l'opposé l'un de l'autre, mais qui finiront par tracer ce bout de chemin périlleux ensemble et malgré eux. «Moez : Le bout du tunnel» est un essai sur grand écran qui fusionne fiction et aspect documentaire. En alternant récit fictif et véritables extraits de faits réels, comme les attaques terroristes au musée du Bardo, ou des reconstitutions, comme le meurtre de feu Chokri Belaïd, le spectateur se perd dans des scènes saccadées, à la portée initialement nécessaires. Les deux acteurs principaux Saïf Manaï et Akram Mag portent le film tout au long de cette route périlleuse vers la mort. «Moez : le bout du Tunnel» est une histoire fictive virevoltante, vue et revue, traitée différemment dans un nombre incalculable de films étrangers et tunisiens. Un long-métrage qui se distingue, néanmoins, par son aspect documentaire utile, contre l'oubli. Ce projet devait être une série télévisée avant de se convertir en long-métrage, qui a pris des années à voir le jour. Leïla Chebbi, Slah Msaddak, Lamine Nahdi, et des acteurs, comme Mohamed Ali Midani et Moncef Aguengui sont à l'affiche. Après une série de courts-métrages, Mohamed Ali Nahdi communique dans les médias sur la nécessité de revenir sur cette époque difficile de l'histoire de la Tunisie.