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Affirmer et consolider l'élan de Ben Guerdane
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 04 - 2016


Par le Col. ( r ) Boubaker BENKRAIEM *
L'attaque perpétrée le 7 mars dernier par des illuminés patentés de daechistes sur la ville de Ben Guerdane, l'héroïque doit représenter pour tout le peuple tunisien, et de la manière la plus nette, le commencement de la vraie guerre contre ces terroristes aveuglés, excités et n'ayant de l'islam que le nom. Le 7 mars 2016 marquera l'histoire de notre pays et nous parlerons d'avant et d'après cette date. La riposte fulgurante, de nos forces de sécurité intérieure et de notre armée, avec les brillants résultats et le nombre de martyrs que nous connaissons, a été remarquable à plus d'un titre :
- D'abord, elle nous permet d'avoir l'ascendant psychologique sur l'ennemi,
- Ensuite, elle a gonflé à bloc le moral de nos hommes, qu'ils soient sécuritaires, militaires ou citoyens, mais nous devons veiller à ce que cela ne nous fasse pas perdre la tête,
- Aussi, doit-on penser à cette nouvelle forme de combat anti-terroriste, à ce combat de rue, dans laquelle le citoyen, stimulé par l'exemple de nos braves concitoyens de Ben Gardane, accompagnerait, volontairement, le militaire ou le sécuritaire qui combat les terroristes, en lui servant de ‘‘chouf'' et d'appui et de soutien, mission, certes dangereuse pour le citoyen mais qu'il accepte volontiers,
- Enfin, les terroristes essaieront de marquer des points en tentant d'autres coups dans le but de rehausser le moral de leurs troupes, très affecté par l'échec du 7 mars dernier et c'est ce qui nous incite à redoubler de vigilance.
A ce propos, un certain nombre de points importants, devant être traités très rapidement, doivent retenir toute notre attention dont : la conviction des partis politiques de l'existence d'une vraie guerre contre le terrorisme, le maintien de la pression sur l'ennemi, l'alerte permanente de nos postes, le renforcement de nos unités, l'exercice d'une certaine pression sur nos fournisseurs d'équipements militaires, la création de l'Agence nationale de renseignements et la mobilisation générale.
I-La conviction des composantes de la société civile de l'existence d'une réelle guerre contre le terrorisme :
- nécessité d'adhésion de tous les partis politiques, des organisations nationales et des associations de la société civile quant à l'existence d'une vraie guerre contre le terrorisme et que cette guerre est réelle et n'est pas une vue de l'esprit ; tout le peuple tunisien doit être concerné par cette guerre,
- besoin d'une véritable union nationale face à cette guerre véritable qui risque d'être longue tant que la situation en Libye demeure en l'état,
- les ‘‘droits -de- l'hommistes'' doivent faire la part des choses et comprendre qu'ils ne peuvent, en aucun cas, prendre la défense et le parti de ceux qui prennent les armes contre leur pays et tuent des concitoyens innocents, et ce, au profit d'objectifs et d'agendas de parties étrangers.
II- le maintien de la pression sur l'ennemi :
- sur nos frontières sud-orientales :
- accélérer l'achèvement de l'obstacle frontalier Ras jedir- Dhibat et installer, au plus tôt, les moyens électroniques nécessaires et disposer de troupes prêtes à prendre en charge, immédiatement, de jour comme de nuit, les éléments qui tenteraient de le franchir;
- renforcer les missions de renseignements d'une manière permanente en y associant nos bons concitoyens et surtout les anciens agents retraités des forces de sécurité intérieure et de l'armée, les anciens omdas et les anciens employés des municipalités et des délégations,
- consolider la protection rapprochée des postes frontaliers par les moyens classiques appropriés, destinés à donner l'alerte, d'une part, et, d'autre part, à ralentir et à prévenir en cas d'attaque de nuit ; une attention particulière aux nombreux postes frontaliers qui ont besoin d'importants travaux d'organisation de terrain,
- intensifier la recherche de renseignements sur l'ennemi en utilisant tous les moyens, surtout humains, pour avoir des renseignements frais sur les terroristes: leurs intentions, leurs mouvements, leur moral, leurs capacités, etc.,
- sur nos frontières occidentales :
- mêmes dispositions et alerte que sur les frontières orientales,
222- coordonner nos activités avec nos voisins de l'ouest (par l'usage de moyens radios et de contacts physiques),
III- l'alerte permanente de nos postes :
-étant en guerre déclarée contre le terrorisme, le renforcement en moyens personnels est indispensable et ce, par la mobilisation de quelques milliers de réservistes destinés aux postes leur permettant de maintenir, en permanence, des troupes fraîches capables de réagir, efficacement, à toutes les éventualités,
IV- le renforcement de nos unités :
Comme l'ennemi chercherait à sauver la face quant à son cuisant échec du 7 mars à Ben Gardane, le prochain coup terroriste d'ampleur plus importante pourrait être tenté dans une ville adossée à une région montagneuse ou forestière, leur permettant un repli sécurisé en cas de riposte fulgurante de notre part. D'autre part, les villages les plus isolés, les plus retirés et les plus éloignés de nos postes peuvent faire l'objet d'une attaque, à titre de revanche symbolique, et méritent une présence militaire conséquente.
Aussi, devons-nous penser à renforcer notre implantation dans les zones urbaines de l'intérieur. Ceci implique, en effet, la nécessité de rappeler quelques milliers de réservistes des dernières classes. Ceux-ci renforceraient nos unités et nos postes frontaliers. Il est à rappeler que les quelques milliers de jeunes recrues qui vont être, bientôt, engagés, à l'issue de leur durée légale, ne seront opérationnels qu'après, au moins, neuf mois de service actif.
V- l'exercice d'une certaine pression sur nos fournisseurs d'équipements militaires :
Certains pays amis ont promis, depuis un bon bout de temps, de nous fournir quelques équipements militaires indispensables (hélicoptères et équipements électroniques, en particulier) dont nous avons besoin pour mener à bien notre guerre contre le terrorisme. Ces pays, pour la plupart, occidentaux doivent se rappeler que notre combat est leur et que, plus tôt, ils nous fournissent ce matériel, plus tôt le terrorisme sera vaincu et mis hors d'état de nuire. Ce matériel qui tarde à venir prolonge, pour autant, l'existence de ce corps honni par l'humanité tout entière.
VI- la création de l'Agence nationale de renseignements :
- Cette agence destinée à centraliser et exploiter les renseignements recueillis des divers services de renseignements tarde à être mise sur pied et à différer l'exploitation de ces informations, et cela nous cause du retard dans notre réactivité, dans nos anticipations et dans notre guerre contre le terrorisme,
- Parallèlement à cette agence qui peut exploiter les compétences, encore jeunes, mises à la retraite, au lendemain de la révolution, nous devons faire appel à beaucoup de nos concitoyens qui ont, dans un passé récent, servi leur pays avec honnêteté, sérieux, abnégation et patriotisme. Je veux citer en premier lieu les omdas dont la responsabilité couvre une vaste zone territoriale et qui disposent d'un cercle d'informateurs très vaste, les anciens membres des forces de sécurité intérieure, de l'armée et de la douane qui, quoique retraités, gardent toujours présent à l'esprit le devoir de servir la patrie et de répondre à l'appel du pays.
- la mobilisation générale :
S'agissant d'une question de vie ou de mort, la mobilisation générale doit être bien réfléchie et appliquée très sérieusement. Personne n'a le droit de mettre en doute la volonté du peuple qui a choisi :
- Son modèle de société basé sur la liberté, l'entente, la stabilité, la sécurité, le développement, le travail, l'amitié, et l'unité nationale,
- la démocratie à laquelle il est attaché,
- Et sa Constitution.
Aussi, il est très curieux de constater que les médias, sous toutes leurs formes, n'ont pas pris la part qui leur revient quant à l'appui et au soutien de nos forces et de nos troupes dans leur lutte contre le terrorisme, la plupart courant après le buzz ou rappelant des questions connues. D'autre part, les acteurs du quatrième pouvoir, dont la grande majorité n'a pas eu la chance d'effectuer le service militaire, ignorent l'importance du facteur moral sur les combattants, et c'est pourquoi il est toujours bon de glorifier les hauts faits d'armes de nos hommes, comme celui de Ben Guerdane. Faut-il que d'autres pays le fassent à la place de nos médias ? L'hommage international aux héros de Ben Guerdane démontre que le quatrième pouvoir chez nous, qui manque d'expérience en la matière, serait plutôt intéressé par certaines incohérences, erreurs, gaffes et actes peu flatteurs qu'il sait bien mettre en valeur telle une gifle infligée par un policier à un repris de justice ou un probable terroriste. Heureusement que les politiciens, les citoyens et les médias étrangers (américains, européens et arabes) ont, à plusieurs reprises, parlé de cet exploit sécuritaire très digne et très encourageant. Et cela est remarquable pour le moral de nos troupes. Ne l'oubliez jamais, messieurs dames des médias !
Aussi, la mobilisation doit mettre hors d'état de nuire tous les organismes éducatifs, sportifs, et culturels destinés aux jeunes qui ne répondent pas au mode de vie des tunisiens, à la tenue vestimentaire tunisienne, à notre pratique de l'islam modéré et à notre compréhension des préceptes de notre religion. Tous les Kouttebs, tous les jardins d'enfants, à caractère religieux ou non non autorisés par les ministères de l'Education ou des Affaires religieuses doivent être fermés et interdits. D‘autre part, toutes les associations caritatives recevant des subventions de l'étranger, sous quelque forme que ce soit, directement ou par l'intermédiaire de la Banque centrale de Tunisie, doivent présenter leur bilan annuel au service concerné. Aucune association ne doit en être exemptée.
La Banque centrale de Tunisie doit régulièrement, et au moins, une fois par an, diffuser, par voie de presse, l'état des subventions versées de l'étranger aux associations de tout type. On se demande, par ailleurs, pourquoi cela n'a pas été déjà, fait.
C'est grâce à cette batterie de mesures, dont certaines sont financièrement assez coûteuses, que nous pouvons éradiquer le terrorisme. Le rappel des réservistes, nécessitant un financement exceptionnel, est indispensable pour les besoins de la défense nationale. Cette mission sacrée n'a pas de prix.
De même, la lutte antiterroriste requiert, d'ores et déjà, la mise en place d'une stratégie de nature à épargner les jeunes de cet attrait jihadiste. Elle doit être en rapport avec l'éducationnel, le culturel, le social, l'économique et le politique.
La vraie mobilisation générale doit surtout concerner — et cela on ne le dira jamais assez—, l'éradication, comme ce fut le cas pour les gourbis à partir des années 1975, des quartiers semblables à Molenbeek en Belgique, ce quartier qui a fourni la plupart des terroristes qui ont agi à Paris et à Bruxelles en 2015 et 2016. Caractérisé par une concentration de pauvreté et de chômage, par un système mafieux avec une économie souterraine, par un système où les services publics sont pratiquement inexistants ; pareils faubourgs existent dans la plupart de nos grandes villes ; composés de jeunes qui se croient marginalisés de la vie économique, sociale et surtout politique du pays où des similitudes potentielles avec ces arrondissements sont réelles, où rien n'a été sérieusement prévu pour l'encadrement de ces jeunes tels que des clubs culturels, sportifs ou d'informatique, des troupes de théâtre, des cours de rattrapage ou une formation professionnelle à la portée de tous, et tout cela pour éviter que nos jeunes ne soient facilement manipulables et ne se retrouvent, aussitôt, pris en charge par des pseudo-cheikhs à la solde de parties étrangères.
D'autre part, l'Etat a bel et bien négligé cette jeunesse, à souhait, désoeuvrée et désorientée, qui, par la faute des uns et des autres, des parents comme des services publics, s'est trouvée abandonnée à son sort, manipulable et recrutable par le premier venu.
Aussi, la vraie mobilisation générale doit surtout intéresser, nos cheikhs de la Zitouna qui ont été absents, tout au long de ces cinq dernières années. Comment peut-on tolérer ou admettre le silence total de nos vénérables cheikhs zeitouniens qui sont les mieux armés et les plus compétents pour réfuter les allégations de ces prétendus imams de la vingt-cinquième heure qui, trouvant le champ totalement libre, ont fait des ravages au sein d'une bonne partie de notre jeunesse qui a, non seulement perdu ses repères mais encore s'étant crue, marginalisée et abandonnée à son sort, s'est laissé ensorceler, convaincre, recruter, former au maniement des armes et envoyée aux différents foyers du terrorisme pour combattre des musulmans comme eux. Nos cheikhs doivent, régulièrement, envahir, de gré ou de force, parce que c'est leur devoir, les stations radio et les plateaux télé pour séparer, en utilisant le langage du peuple, le bon grain de l'ivraie.
Mais ce qui est à craindre, très sérieusement, est que le Tunisien oublie vite et même très vite. Espérons qu'il commence à faire de sérieux progrès dans ce domaine. Que Dieu veille et protège la Tunisie éternelle.
*(Ancien sous-chef d'état major de l'Armée de terre, ancien commandant de la Brigade saharienne)


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