Par M'hamed JAIBI La nouvelle polémique engagée entre les autorités religieuses et le ministre de l'Education a relancé les tiraillements idéologiques qui, sous couvert de progressisme ou de religiosité, minent notre transition démocratique et la relance du pays. Car l'ouverture de l'école sur son environnement doit tout naturellement aménager en faveur de l'apprentissage du Coran, une cote-part qui soit à hauteur des besoins de l'enfant et des vœux exprimés par ses parents ou par ses enseignants d'éducation religieuse. Des enseignants qui s'en tiennent normalement à un programme officiel et qui sont encadrés et inspectés. Sinon, été comme hiver, les dérapages sont à craindre et l'endoctrinement est possible. Cela est bien vrai qu'aussi bien les imams des mosquées que les enseignants d'éducation religieuse ou encore les «meddeb» des écoles coraniques comptent naturellement dans leurs rangs des salafistes, des extrémistes radicalisés et même des pro-jihadistes, mais il revient aux autorités religieuses, pour les uns, et au ministère de l'Education, pour les autres, de veiller au casting puis au contenu professé. Nous n'allons pas, en pays d'islam, supprimer l'apprentissage du Coran sous prétexte que quelques salafistes sont passés à travers les mailles. L'islam sunnite modéré dont se réclame la Tunisie a ses ulémas, ses chercheurs, ses penseurs, ses théoriciens et ses philosophes. Ses références écrites bénéficient d'une reconnaissance internationale dans le monde musulman et ses imams historiques ont fait école dans plusieurs contrées du monde arabe. Ce qui manque c'est le courage de l'initiative, la volonté de reconnaître ce qui est à nous comme discours religieux, tout en montrant du doigt ce qui a été importé d'autres lectures, visions et interprétations du message coranique. Et notamment le rite salafiste wahhabite et la démarche des Frères musulmans. Ces minorités religieuses doivent être clairement désignées comme telles et avancer à visage découvert dans des lieux de culte propres à elles, conformément à la liberté de conscience garantie par la Constitution. Maintenant, et en attendant qu'intervienne ce tri qui s'impose, il est impératif que l'on appréhende l'ensemble du message coranique sans sélection ni mise en exergue. C'est un message de foi, d'abnégation, de paix civile et de justice sociale. A la condition que l'on enseigne à nos enfants tout le Coran et qu'ils apprennent non pas par cœur certaines sourates mal interprétées, mais la globalité du message qu'Allah a confié au Prophète Mohamed.