Agrebi demeure le joueur dont l'histoire retient le nom bien au-delà de la fin de sa carrière. Hamadi Agrebi,un nom prestigieux du football tunisien des années 70-80 du siècle dernier, continue d'être la star et la référence pour tous ceux qui l'avaient connu de près ou de loin au cours de sa carrière footballistique, longue de quelque 19 ans. En fait, ce qu'il emmagasinait de savoir-faire avec le ballon, dès son bas âge, ne laissait personne indifférent ; ce qui a poussé l'entraîneur yougoslave du CSS de l'époque, le légendaire Milan Kristic, qui l'a découvert un jour sur un terrain de quartier, précisément «Bourat El Allouch», jouxtant le centre-ville de Sfax, en train de jongler avec un ballon, de dire : «Mais, que vais-je donc lui apprendre ?»... Il m'a personnellement confié à l'époque qu'il vient de découvrir un jeune de 12 ans à peine, à qui il n'a rien à apprendre. Et d'ajouter : «Ce joueur va vous faire oublier Noureddine Diwa» (le magicien du ballon de l'époque qui évoluait sous les couleurs du Stade Tunisien et de la sélection). Entame du parcours Aussitôt après, Agrebi a été retenu parmi les jeunes du CSS. Ses dribbles courts et déroutants, sa grande vision du jeu, et ses tirs millimétrés ont vite attiré l'attention des férus du ballon rond, lesquels se sont empressés de suivre ses prestations avec les catégories des jeunes... Le leitmotiv de ce jeune, au talent confirmé, est de vivre son art. La création était sa vocation, et la technique son expression. C'est que Hamadi jouait par amour, par passion. D'ailleurs, il a refusé de jouer au début de sa carrière parmi les seniors du CSS, avec le team national, se trouvant plutôt relégué parmi les doublures à l'époque. Il a fallu l'arrivée de l'entraîneur Abdelmajid Chetali à la tête de la sélection pour le convaincre de réintégrer le groupe. Et puis la présence des Tarak, Temime, Dhouib et Akid parmi la sélection l'a motivé beaucoup plus pour faire une carrière avec la légendaire sélection des années 77-78, celle qui avait brillamment participé à l'édition du Mondial de 1978 qui a eu lieu en Argentine et qui a réussi à lever haut l'étendard du football tunisien et par ricochet celui du continent entier. La famille bien soutenue Pour Hamadi, «le football est un art qu'il faut respecter». Il le pratiquait par amour et par passion sans plus. Le jour où il n'a plus eu envie de jouer, il a raccroché. Ce fut d'ailleurs un jour grandiose où la totalité des joueurs avec lesquels il a évolué dans la sélection nationale ont tenu à être présents dans un match-gala disputé au «Mhiri» à l'occasion en juin 1989, et ce, par amour pour lui... Agrebi s'est retiré ensuite du paysage sportif de Sfax, et d'ailleurs, pour se consacrer à sa famille. Ses enfants Moëz, Zied et Mehdi en ont profité pour faire une brillante carrière scolaire, puis universitaire. Le premier est, actuellement, comptable, le second médecin et le troisième s'apprête à terminer ses études en pharmacie. Palmarès glorieux La carrière footballistique de Hamadi, longue de quelque 19 ans, a été ponctuée d'un doublé en 1971, et deux titres de champion de Tunisie en 1978 et 1983. Il a aussi obtenu le Soulier d'or en 1975. Agrebi a également évolué au cours de sa carrière sous les couleurs de deux clubs du Golfe, précisément en Arabie Saoudite et aux Emirats. Mais n'ayant pas trouvé l'ambiance qu'il adorait, il a vite rejoint son club d'origine avec lequel il a terminé sa carrière en 1989. Témoignages Son ancien coéquipier au club de ses premières amours, Raouf Najar, a dit de lui qu'il savait tout faire avec le ballon... «Et quand il est dans un jour de grâce il est éclaboussant de génie, un joueur à part qui tutoie la qualité». Quant à son partenaire dans la sélection de 1977, Khaled Hosni, il l'a décrit comme «le fleuron d'une génération exceptionnelle. C'est un artiste qui a su vivre son art». Et d'ajouter : «Agrebi est synonyme de talent, de courtoisie, de générosité et surtout d'humilité». Pour sa part, l'ex-président du CSS, Dr Mohamed Aloulou, qui a encadré Agrebi, nous a confié qu'il a suivi et admiré ce joueur exceptionnel tout au long de sa brillante carrière de footballeur, dans les moments de gloire, et au-delà des épreuves depuis les catégories des jeunes, jusqu'à sa consécration de joueur au plus haut niveau : «Partout où il est passé, il a suscité l'admiration pour ses qualités de footballeur exceptionnel, qualifié à juste titre de "magicien du ballon". Mieux encore, il a su mériter l'estime et la reconnaissance pour ses qualités humaines, faites de modestie, de correction, de fidélité et de générosité». Pardi, Hamadi, l'amour que vous accorde le large public, celui des stades, et même d'ailleurs, n'est que le réciproque de ce que vous lui avez livré durant votre carrière.