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L'équipe nationale de football : trop chère, pas assez performante
Publié dans WMC actualités le 23 - 01 - 2010

Aujourd'hui, notre sélection dispute un match décisif avec le Cameroun, a-t-elle des chances de le remporter et de passer au second tour? En fait, quelles sont ses chances de se hisser aux finales ou dans le pire des cas aux demi-finales de la Coupe africaine des Nations?
Les stratégies entreprises jusqu'ici par les différents intervenants veillant aux destinées de cette équipe, ont-elles été efficientes et porteuses?
A-t-on investi suffisamment en moyens matériels et humains pour atteindre l'excellence ?
Certains pensent que faire partie des élus africains mériterait meilleur investissement contrairement à d'autres qui estiment que l'équipe nationale de football coûte trop cher par rapport à ses performances et ses réalisations.
Pour Abdelwahab Derouiche, journaliste sportif au Renouveau, il existe, un problème de fond touchant aux conditions même de la constitution d'une équipe nationale performante. « Les critères sont biaisés. On cherche les résultats immédiats, les profits à court terme ». Il est approuvé par Mahfoudh Benzarti, Dr en socio-psychologie sportive, instructeur principal et consultant de la CAN : « Sculpter les joueurs pour une sélection nationale, nécessite un travail de base qui se fait au niveau des clubs de football eux-mêmes. A-t-on jamais vu un universitaire sauter l'école primaire et secondaire pour se trouver doctorant ? Les clubs sportifs sont les pépinières de l'équipe nationale, il faut commencer par des réformes de fonds à ce niveau pour trouver le terrain balisé et dénicher les talents ».
Et là il s'agit de s'attaquer à des problèmes d'ordre structurel. Les pays d'Amérique latine, tels l'Argentine ou le Brésil, ou d'autres africains, pour ne prendre que les pays aux moyens comparables au notre, brillent très souvent dans les manifestations internationales de football et font très souvent partie des finalistes, parce que le football chez eux revêt un aspect culturel, est-ce encore le cas chez nous ? Un enfant né dans les bas quartiers de Rio de Janeiro, Sao Paolo ou de Buenos Aires, sait qu'il peut s'en sortir grâce au ballon. Quand il n'en a pas, il en fabrique un ou joue avec un ballon dégonflé. Les terrains vagues existent par milliers et les espaces ne manquent pas pour permettre aux enfants de s'adonner à leur jeu favori. C'est là où les talents éclatent et où les sélectionneurs choisissent leurs futures recrues. Ils les sculptent tels des diamants bruts pour qu'ils brillent ensuite de tout leur art sur les plus grand terrains de foot. Ils sont des techniciens nés, ils ont besoins d'apprendre le foot de manière scientifique, d'apprendre à exploiter au mieux leur potentiel physique, d'apprendre le jeu non pas improvisé mais conçu, étudié, d'apprendre à jouer en équipe, et pour l'équipe. Cet apprentissage, ils le suivent dans des clubs de foot professionnel. Cet apprentissage ne se fait pas en un seul jour.
Les vedettes de la sélection tunisienne de la coupe du monde en Argentine sont tous ou presque à l'origine, le produit des terrains vagues et des petits clubs. Tarek Dhiab jouait à l'Association sportive de l'Ariana avant de rejoindre l'espérance sportive. Grâce à cette équipe nationale, la Tunisie méconnue en Amérique latine et dans nombre de pays de par le monde a pu s'imposer par la qualité de son jeu et de ses joueurs. Combien y a t-il de joueurs de ceux de la trempe d'un Temim Ben Abdallah, Agrebi, Kaabi, ou Gasmi de nos jours ? Ces joueurs ne disposaient pas de grands moyens, n'étaient pas noyés par les primes ou les récompenses. « Il a fallu 7 ans de travail à Amer Hizem pour former l'équipe nationale de football des années 70, ensuite est arrivé Chetali et a continué l'œuvre de son prédécesseur » précise Mahfoudh Benzarti.
Réformer à la base
En fait, une équipe nationale de football ne se fabrique pas comme par enchantement, elle est le produit d'un travail de longue haleine et sur des années. D'abord, on identifie le joueur talentueux, on le prend en charge, on assure le suivi de sa carrière au sein de son club d'adoption, on veille à son apprentissage, en somme, on le fabrique. « Peut-on parler de professionnalisme dans notre pays ? Un footballeur professionnel se voue corps et âme à son activité sportive. Un professionnel qui ne sait pas contrôler une balle, ne maîtrise pas le jeu de tête, ne réussit pas une passe orientée, l'est-il réellement ? Un footballeur professionnel est performant et offre du spectacle» assure Mahfoudh Benzarti.
Etre un professionnel du foot implique des entraînements et des préparations physiques intenses, une hygiène de vie où il n y a pas de place pour les soirées en discothèque, les virées nocturnes, la chicha et autres vices indignes du professionnel du sport. Etre sélectionné dans une équipe nationale implique un investissement total et pas uniquement une simple motivation basée dans la plupart des cas sur l'argent, elle suppose l'envie de s'imposer au firmament des équipes les plus performantes, l'amour de la patrie et l'honneur de défendre et de porter les couleurs nationales.
Pour produire du bon sport et particulièrement le football, il faut commencer à la base, dans les cités, là où on peut détecter les talents, dans les écoles primaires, les collèges, les lycées. Nos élèves ne s'adonnent plus au sport avec le sérieux voulu. Aux années 80, le sport était une matière aussi importante que l'éducation civique, religieuse, l'histoire ou la géographie dans les petites classes. Les salles de gymnase ne désemplissaient pas, les professeurs de sport étaient d'une grande exigence, ils recrutaient les talents pour les équipes nationales et on savait qu'un 18 de moyenne en sport pouvait nous sauver de refaire la classe. Qu'en est-il aujourd'hui de l'école de base sensée en principe établir un aménagement horaires qui permettrait de s'adonner à des activités sportives ou artistiques ? Le sport fait-il partie de notre culture ? La formule consacrée « Etre bien dans son corps, être bien dans sa tête », est-elle toujours d'actualité ?
Ce n'est pas sûr, le sport est le parent pauvre de notre enseignement et dans toutes ses composantes. Un pays se vend également par ses champions. Par ses réalisations sportives, par des performances, par les records de sportifs de haut niveau, c'est ainsi qu'on valorise l'image d'un pays. Un exemple édifiant : Oussama Mellouli est devenu un champion et la Tunisie en est sortie grandie. Nos élèves délaissent le sport, les activités culturelles et artistiques et qu'avons-nous ? Nombre de jeunes, faute de canaliser leur énergie dans des activités positives et constructives les dirigent vers d'autres destructrices, tabagisme et autres maux. L'oisiveté est mère de tous les vices.
Avancer lentement mais sûrement
Il ne s'agit pas du « tout et tout de suite », il ne s'agit pas non plus de satisfaire aux caprices d'un public impatient ou de supporters hystériques. « Un club de football doit être géré comme une entreprise avec un conseil d'administration, un bureau fédéral conseillé par des experts et a une obligation de résultats et d'efficience. Il faut investir dans les ressources humaines, mettre en place des stratégies de développement à moyen et long terme, construire des centres de formation dignes de ce nom. Développer la formation et le recyclage des entraîneurs et des staffs techniques » déclare Mahfoudh Benzarti.
Les enfants doivent être formés dès leur jeune âge au jeu du football, les entraîneurs doivent être en même temps des éducateurs. Ils doivent leur apprendre la discipline, les encourager dans leurs études, les éduquer à tous les niveaux, sur le plan comportemental aussi. D'aucuns reprocheraient à certains entraîneurs de ne pas savoir doser les exercices physiques à dispenser aux joueurs ce qui entraînerait selon eux, des conséquences néfastes sur leur condition physique. C'est ce qui, pour eux, expliquerait que les joueurs tunisiens qui donnent l'illusion d'être performants à l'échelle nationale ne peuvent soutenir le rythme des équipes européennes du fait de leurs carences. Ils n'ont pas été entraînés par des techniciens formés qui maîtrisent l'anatomie, qui peuvent forger le corps de manière à ce qu'il soit la machine parfaite maîtrisant le jeu, gérant son énergie et ses capacités physiques de manière à ne pas s'essouffler au bout de la première mi-temps et ne s'effrayant pas du jeu agressif pour ne pas se fracturer les pieds ou les jambes. Les qualités physiques sont obligatoires pour la pratique du foot professionnel à haut niveau accompagné d'une grande rigueur et d'un moral d'acier.
Une équipe nationale de football doit aussi compter sur ses propres effectifs, ceux qu'elle a formés sur des années, qui savent, au-delà de la dimension technique du jeu, communiquer entre eux, se comprendre, qui jouent en symbiose…Dans notre pays, on fait souvent appel à des joueurs d'origine tunisienne nés à l'étranger, qui, parfois, jouent en division 2, nous les intégrons dans notre équipe nationale et ils sont sensés défendre le drapeau tunisien. Leur apport de synergie ne se révèle pas. Car il faut nécessairement un temps d'adaptation et ce n'est certainement pas lors des stages de formation qu'il se fait. Dans le même temps, il y en a qui partent à l'étranger et qui représentent pour le pays une perte sèche. L'exemple du gardien de but Hamdi Kasraoui, est édifiant. Acheté par l'équipe française de Lens, il n'a pas réussi à détrôner le gardien de but croate de l'équipe française. Lui qui était un titulaire de l'équipe nationale de football a peut être gagné de l'argent mais il a laissé des plumes. « Finalement il a perdu sa place à l'équipe nationale, il n'a pas non plus brillé ailleurs » déclare non sans regrets Abdelwahab Derouiche.
Dieu n'a pas créé le Monde en un seul jour, les temps sont venus, peut être, pour nous de prendre le temps qu'il faut pour former une équipe nationale de football performante, soudée portant l'étendard des hautes valeurs morales et l'amour de la patrie plus que celui des bas intérêts matériels. L'argent, s'il n'est pas adossé à un minimum de règles et de valeurs morales, n'est plus mérité et finit par engendrer le désordre, la crise financière en est le parfait témoin.


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