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Abdelmajid Chetali parle enfin... :
Les grandes interviews sportives du Temps
Publié dans Le Temps le 03 - 05 - 2010

Né un 4 Juillet, " The Indépendance Day", fête nationale aux Etats-Unis est aussi depuis 1939 le jour d'anniversaire d'un homme qui a marqué l'histoire du football tunisien : Abdelmadjid Chetali.
Un hasard? Plutôt un clin d'œil du destin; celui des hommes qui marquent leur territoire et écrivent l'histoire en lettres d'or, dont le nom retentit tel une symphonie sans âge, raisonne dans les mémoires et se trouve lié à des évènements grandioses pour l'humanité.
Le sport, le ballon rond en tête, considéré de par le monde comme l'opium contemporain et moderne des peuples, est source de bonheur intense, de déceptions aiguës, de passions déchaînées et de rêves scellés ou brisés!
Dans l'actuel paysage footballistique tunisien, l'heure n'est nullement aux grandes effusions, à l'euphorie extatique, à l'enthousiasme délirant et à l'apothéose des grands moments. Les résultats, loin d'être probants, tuaient depuis quelques temps l'engouement de toute la nation autour de la sélection. Le désaveu est criard et les supporters fêtards se tournent inopinément vers leurs clubs d'appartenance et manifestent leur courroux par l'absence.
Le schisme est depuis belle lurette décrété et la désaffection envers les aigles de Carthage à cor et cri clamée!
Pourtant, dans la mémoire collective, le souvenir latent de la sélection d'antan, (celle de 1978), demeure intact tel un éternel pacte de confiance et d'admiration que le public aurait signé à tout jamais avec ses hommes du passé!
Les Français ont eu leurs soixante-huitards, des étudiants révolutionnaires marquant de leur sceau le paysage socioculturel. Nous avons nos " soixante-dix huitards ", une génération de footballeurs surdoués guidés d'une main de maître par un meneur d'hommes incomparable.
Abdelmadjid Chetali ou le parcours idyllique et sans faille d'un homme au destin magique et qui affirme avec une désarmante sincérité avoir réalisé tous ses rêves et ses souhaits.
" Je voulais être joueur de football, je l'ai été. J'ai désiré appartenir à l'EN, j'en fus capitaine pendant plusieurs années. J'ai souhaité faire des études supérieures de sport en Allemagne et j'ai été désigné pour y aller. Etre sélectionneur m'a automatiquement échoué et mondialiste alors que personne n'y croyait!"
Discipline
Les anges se sont, peut-être, penchés sur le landau du bébé Chetali à sa naissance!
Un père militaire et déjà la discipline et l'organisation comme credo de base confirmées et consolidées par l'école Allemande, celle de la rigueur et de la détermination.
Depuis sa jeunesse, l'homme accumule les premières. Il fut, à une époque, l'élu de son club et après 78 celui des cœurs!
Il inaugurait le stade d'El Menzah en tenue pour rendre compte de l'état du gazon. Il disputait le premier match sur ce même terrain en tant que capitaine de l'EN. Il jouait même pendant 60 minutes en tant que gardien de la sélection contre le Maroc.
1978, une épopée vécue comme une consécration alors que les protagonistes d'alors n'ont pas fait mieux que leurs successeurs : disputer le premier tour.
Alors pourquoi ce délire et cette exaltation autour de cet évènement ?
Sans doute à cause des inattendues prestations contre des géants. Le Mexique " baladé " et dominé (3/1), la Pologne victorieuse à l'arraché par un petit but et la RFA domptée et neutralisée (0/0).
" Des collègues techniciens me demandaient de me retirer après la qualification croyant que nous encourions des raclées! Ce n'est pas arrivé!" se souvient le coach d'alors.
Depuis, une légende est née!
Abdelmadjid Chetali devient l'icône, l'entraîneur emblématique et le personnage mythique.
L'histoire du bandage
Connu pour son élégance, la rumeur rapporte que s'il porte un bandage au bras, les sahéliens en font autant, croyant à une nouvelle mode.
Adulé par tous, il devient la référence en matière footballistique en Tunisie.
Sa distinction naturelle n'a d'égale que son élevé quotient intellectuel!
Egocentrique ? Il le concède volontiers assuré de la maîtrise de son sujet et de son glorieux passé.
Narcissique ? Il récuse catégoriquement affirmant: " n'exagérons rien, je ne suis qu'un joueur et un entraîneur de football!"
Sous une apparence flegmatique et une attitude aussi désinvolte qu'arrogante et hautaine, sommeille un être d'une extrême sensibilité et d'une certaine susceptibilité!
Soucieux de son image, sensible, Abdelmadjid Chetali déteste qu'on médise sur son compte et rectifie illico presto le tir!
Les médisances, les racontars et les cancans rodent toujours autour des mythes dans une perspective malveillante de les détrôner sans véritables succès!
Abdelmadjid Chatali n'y a pas échappé, ce qui semble le blesser et l'atteindre de plein fouet.
Ses prédications optimistes, qui se sont d'ailleurs confirmées, avant la rencontre retour de la finale de la ligue des champions entre l'ESS et Al Ahly en 2007 lui avaient attiré des critiques acerbes.
Les évènements lui ont donné raison mais blessé dans son amour propre, il décidait de garder le silence.
Il accepte de le rompre et de briser la glace pour nous donner cette interview exclusive.
Il nous reçoit dans sa maison d'où les portes sont absentes, témoignant d'une ouverture et d'un besoin de liberté irrépressible.
Retour sur le passé, voyage tout au fond de ses pensées, périple dans l'existence d'un homme gâté par la vie et au destin privilégié, balade inopinée au fil des années, tournée exceptionnelle au cœur d'évènements sportifs jamais oubliés et incursion dans une mer de souvenirs jalousement préservés!
Le Abdelmadjid Chetali tel qu'il ne s'est jamais livré; un homme généreux engagé et fidèle en amitié, un joueur cérébral et à la technique raffinée, un entraîneur intelligent et sachant canaliser les talents, un consultant méthodique et un étoiliste inconditionnel et passionné!
" La rigueur plus qu'un credo, un mode de vie! "
-Le Temps: Un père militaire et deux mots d'ordre dès le bas âge, organisation et discipline. Ça a influencé votre vision des choses et votre destin.
-Abdelmadjid Chetali: Certainement, la discipline était un peu plus stricte chez nous et se manifestait au quotidien. Il fallait être à l'heure, chercher l'eau que nous n'avions pas, à " Houmet Essafra ", à tour de rôle et plein d'autres exigences.
- D'où le choix de l'école allemande qui se rapproche de cet état d'esprit acquis depuis l'enfance ?
-Il y'a un peu de ça mais surtout une grande admiration pour les Allemands. C'est un exemple d'organisation et de rigueur. 80 pour cent des villes allemandes étaient détruites durant la seconde guerre mondiale. Neuf ans plus tard, elles se sont reconstruites. Les Allemands furent finalistes à la coupe du monde et l'ont remportée. Cela explique mon engouement pour ce peuple.
- En tant que joueur, vous avez commencé tard à l'ESS (1957) dans les catégories espoirs et seniors et sans que votre père ne le sache ?
-Exactement! Il était très craintif à mon égard parce que j'étais trop maigre. Il avait l'habitude de lire la presse et il l'a appris par hasard. Il l'a très bien pris. Il s'est occupé de moi et a tenu à ce que j'aie une alimentation saine. Il s'en chargeait en personne.
" Les supporters tunisiens sont frustrés
de ne plus voir de très bons techniciens. "
-Vous avez, donc, eu une initiation sauvage dans les terrains libres du quartier ?
-C'est le meilleur moyen d'acquérir une excellente technique. Dans les écoles de formation, on forme de très bons joueurs tactiques et disciplinés mais on ne peut pas former des joueurs de la trempe d'un Messi ou d'un Ronaldino!
Il ne suffit pas d'avoir les premier, deuxième ou troisième degrés pour former les jeunes talents comme il se doit.
En fait, j'ai échoué à l'équipe senior accidentellement. Georges Bery, un excellent entraîneur m'a interpellé alors que je venais au stade en spectateur pour remplacer mon frère Younes parti participer à un tournoi avec les militaires.
C'était en 1958, la grande époque du ST, l'équipe dominatrice. Nous avons, quand même réussi à gagner le championnat mais perdu la coupe contre les Stadistes ou plutôt contre Nourreddine Diwa. La grande question, d'alors, était qui allait le marquer. Finalement Nabli s'en est chargé mais Diwa nous a mis deux buts!
La saison d'après nous avons eu notre revanche sur dame coupe et l'avons remportée et ramenée de Tunis.
- 1960, un évènement marquant, celui de la dissolution de l'ESS. Comment vous l'avez vécu?
Comme un cauchemar. Le plus terrible souvenir de ma vie. C'était une décision un peu injuste prise suite à 3 voitures cassées. En réalité, la véritable raison était l'équipe dirigeante pas très instruite de l'époque qui nuisait à l'image du pays.
Pour ma part, j'ai failli devenir anarchiste. On m'a éloigné de Sousse. Je suis resté à Kairouan pendant un bon bout de temps.
-L'ESS et le Stade Soussien, une dichotomie ancienne mais encore d'actualité.
C'est triste de constater que quand nous étions 50 mille habitants à Sousse, nous avions 4 clubs et qu'aujourd'hui, que nous avoisinons les 400 mille, nous n'avons qu'un club et demi!
L'ESS ne peut pas répondre à toutes les demandes et accueillir toute la jeunesse de la région.
Regardez l'Egypte, la bonne santé de son foot dépend essentiellement du parrainage des sociétés dont celles de pétrole.
- Des études secondaires à El Omrane et le foyer à Bab Jedid. D'où votre engouement pour le CA ?
-Oui El Omrane d'abord et Ksar Said par la suite. J'étais titulaire à l'ESS alors et j'habitais chez ma sœur à Bab Jedid. J'allais à Sousse dans le bus du CA quand on jouait contre eux. On les battait et je revenais avec eux à Tunis. Mon attachement au CA m'est resté. D'ailleurs notre premier réflexe à la maison était de demander le résultat du CA juste après avoir joué notre match.
-Vous êtes retenu dans la sélection en 1958 alors que vous ne vous attendiez pas. ?
-Je n'y croyais pas réellement. C'était fabuleux. Nous étions impressionnés par les vedettes d'alors. Les entraîneurs aussi étaient des compétences pleines de culture générale et des valeurs footballistiques sûrs. Il n'y a pas une grande différence entre ce que j'ai appris d'eux et en Allemagne à part la rigueur, à l'instar de Rchid Turki!
A l'poque, je n'étais pas le meilleur joueur à l'ESS et je me suis retrouvé avec des stars en EN comme les Haj Ali, Diwa, Mougou et Beji.
Avec Taoufik Ben Othman, nous étions retenus parmi les 25 et nous ne les avons plus quittés.
- Vous avez accumulé les premières dont l'inauguration du terrain d'El Menzah ?
-C'était extraordinaire. Les responsables d'alors m'ont choisi pour tester l'état du gazon ballon au pied. Neuf ans après l'indépendance, nous avions ce complexe. C'était inimaginable! Quand j'ai montré la photo du complexe à un professeur allemand, il s'est montré sceptique croyant à une carte postale irréelle. C'était une fierté pour moi.
-De joueurs à entraîneurs. Qu'est ce qui vous a orienté dans cette voix, et forgé votre flair de tacticien.
- Je me prédestinais à cela. Très jeune je lisais France Football, l'Equipe et Onze. Je m'amusais avant nos matches avec l'ESS à improviser des schémas tactiques qu'on pourrait utiliser. Ksar Saïd m'a beaucoup aidé et mon diplôme de football la " HEin " spécialité football.
-Justement, la rigueur, spécificité de l'école allemande, c'est votre pierre angulaire, votre premier credo ?
Je n'ai jamais dérapé de ces principes: rigueur, discipline et organisation. Je suis très fier, d'ailleurs, d'avoir cru en ça. Quand je vois que la médiocrité et le manque de rigueur sont dominants aujourd'hui et les résultats qui en découlent, je suis conforté dans mes convictions.
" Un destin d'entraîneur! "
- De retour d'Allemagne et malgré les sollicitations, vous avez tenu à commencer tout en bas de l'échelle. C'est important pour un entraîneur.
-Certainement. C'est là qu'on apprend véritablement le métier, avec les jeunes. Il fallait avoir la passion pour préparer les entraînements et élaborer le programme de la semaine.
-Alors que vous vous régaliez avec la jeune génération, le président d'alors si Hamed Karoui vous bombarde entraîneur de l'équipe fanion. Vous étiez préparé à cette expérience. ?
-Pas du tout! Il n'y avait même pas la rumeur que je puisse être le premier responsable technique de l'équipe senior. Nous jouions alors le titre en compagnie de l'EST et du CA. Si Hamed Karoui m'a juste convoqué pour m'informer que je devais prendre en main les destinées de l'ESS. C'était prématuré pour moi. Je n'y étais pas du tout préparé.
- Pourquoi votre carrière d'entraîneur s'est -elle résumée à un seul club en Tunisie, l'ESS ?
- Il est vrai que j'ai eu des propositions. Mais pour moi, ça reste une grande passion, une affaire de cœur. C'est comme une question entre membres d'une même famille, d'amis. Je ne peux pas aller entraîner un club en Tunisie et battre l'ESS, rendre les Etoilés tristes et malheureux.


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