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Péril architectural à Monastir: Des monuments bourguibiens classés mais défigurés !
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 06 - 2023


Par Mohamed BERGAOUI
Pourquoi s'acharne-t-on, à Monastir, sur les quelques rares monuments de l'ère post-bourguibienne? Monastir manque certainement de terrains pour faire «exploser» son bâti mais pas au point de pousser quelques promoteurs à venir se frotter, d'une manière ignominieuse, au plus beau monument de la Tunisie moderne, à savoir «le Mausolée Habib Bourguiba».
L'actuel projet d'un promoteur se situant à 50 mètres derrière le Mausolée fait couler beaucoup d'encre sur les réseaux sociaux et met en émoi la société civile de Monastir et de nombreux citoyens tunisiens. Qu'en est-il au juste ?
Ceux qui connaissent bien la coquette ville de Monastir doivent se rappeler certainement de son immense cimetière marin des années cinquante et soixante.
Clôturé d'une murette assez haute, il ne disposait que de quelques rares ouvertures qui permettent aux gens de venir se recueillir sur les tombes de leurs proches et autres amis. Ce beau cimetière parsemé de petites zaouïas avec leurs coupoles, construites en hommage à des imams célèbres et autres fakihs, donnait au visiteur un sentiment infini de quiétude et de sérénité. Seul le mausolée Sidi Mezri, saint patron de la ville, jouissait de plus grandes dimensions.
Ce mausolée (Sidi Mezri) imposant fut, tour à tour, lieu des meetings du Néo-Destour, où on voyait passer Habib Thameur, Salah Ben Youssef et bien sûr Habib Bourguiba, espace où l'on fêtait les circoncisions et célébrait des mariages. L'Imam Mezri, qui fut également fakih, médecin et j'en passe, était d'origine sicilienne et avait préféré habiter Mahdia mais être enterré à Monastir où son mausolée fut érigé pour témoigner de sa sainteté et en hommage aux services rendus dans plus d'un domaine.
Un mausolée d'une rare beauté
Avec l'indépendance du pays, Monastir subit une véritable métamorphose consécutive au plan d'aménagement de la ville initié par Olivier Clément Cacoub, architecte grand prix de Rome. Le cimetière marin n'y échappa pas. Sa clôture haute céda la place à une murette beaucoup plus agréable et intégrant cet espace dans l'environnement immédiat du centre-ville. L'idée de créer un mausolée germa dans la tête d'un Bourguiba ayant souffert de son vivant de l'éparpillement de sa famille. Au départ bien modeste, le monument devint grandiose avec les années pour réunir les dépouilles de sa nombreuse fratrie, d'un père qu'il avait vu souffrir et d'une mère qu'il n'avait pas réellement connue. Résultat : un beau mausolée que les experts n'hésiteront pas à classer monument national. Quoi de plus normal ?
Les jardins du Palais de marbre délaissés
Aujourd'hui, le mausolée est là. Dominant tout le cimetière avec sa large esplanade devenue un espace de promenade où les morts côtoient les vivants de jour et une grande partie de la nuit. Au bout de cette esplanade, le Mausolée Bourguiba trône, imperturbable et majestueux avec ces deux hauts minarets encadrant une immense coupole dorée et étincelante (elle l'était avant qu'on ne vienne enlever sa dorure).
Dégagé de tout obstacle derrière, ce mausolée est le reflet du temps qu'il fait. Et on ne peut que rester admiratif devant sa beauté avant même d'y pénétrer pour se recueillir religieusement sur la tombe de l'enfant terrible de Monastir et non moins père de la Nation décédé le 6 avril 2000.
Pourquoi porter atteinte ce monument ?
Les spécialistes du ministère des Affaires culturelles et l'Institut national du patrimoine (INP) en ont fait un monument classé. Par sa beauté architecturale mais également par la riche histoire qu'il véhicule, il ne pouvait en être autrement. Il en alla de même pour la maison natale du Président Bourguiba à la place du 3-Août.
Malheureusement depuis le fameux 7 novembre 1987, des personnes malintentionnées se sont employées à des attaques en règle contre ces acquis de la République puisque Bourguiba n'avait rien mis en son nom. Ils ont commencé par le Palais Présidentiel de Skanès dont les immenses jardins auraient pu être préservés et devenir un immense parc public abritant le Palais de Marbre où Bourguiba passait ses vacances et dirigeait l'espace d'un été les rouages de l'Etat. Hélas ! La voracité des uns et la cupidité des autres en ont fait un espace bâtard avec des villas n'ayant aucun point commun et des espaces verts livrés à eux-mêmes avec tout ce que cela engendre de saleté et de fréquentations douteuses. S'il est vrai que les canettes de bière et autres bouteilles vides jonchent aujourd'hui une bonne partie de cet espace qui porte pompeusement le nom de jardin, il n'en demeure pas moins vrai que les autorités locales et régionales ne s'intéressent guère à ce qu'on peut plutôt qualifier de « no man's land ».
Maison qui a vu naître Bourguiba le 3 août 1903. Monument classé. Pourtant bien de bâtisses construites à moins de 50 mètres
Vendus en lots de différentes tailles pour villas de maître, immeubles et autres hôtels, les jardins du Palais ont été ignominieusement exploités, défigurés et dénaturés avec des plans architecturaux sans cohérence aucune. Bien des nouveaux riches ont pu étaler leur fortune et dépenser des sommes faramineuses pour acquérir des villas hors-normes au goût architectural fort douteux.
Quant aux bungalows, au nombre de six, construits autour du Palais pour l'hébergement des invités du Chef de l'Etat, ils ont été vendus mais l'INP, en soi-disant bon gendarme veillant scrupuleusement aux monuments classés, s'oppose toujours à donner l'aval à leurs promoteurs pour en faire des centres de loisirs et d'hébergement de luxe malgré leur engagement à préserver les fresques murales en faïences signées par de grands maîtres. Non. On préfère les voir tomber en ruine et observer les fresques, objet de la discorde, perdre chaque jour un peu de leur éclat que de négocier autour d'une table avec les promoteurs pour avancer.

Pour la Maison de la place du 3-Août, la municipalité a joué au « malvoyant » pour ne pas dire à l'aveugle, en laissant un particulier ériger une bâtisse de quatre étages à moins de 50 mètres de cette demeure classée et chargée d'histoire. C'était au début de ce qui est communément appelé « Révolution du 14 janvier ».
Aujourd'hui, le même scénario ou presque se déroule pour attenter ce beau monument classé qu'est le mausolée Habib Bourguiba. Qu'est-ce à dire ?
Sachant que la beauté de ce monument est déjà entachée par la suppression de la dorure de son beau dôme, voilà qu'un promoteur, que seul le lucre intéresse vraisemblablement, vient d'obtenir son permis de bâtir par la municipalité au cours d'une réunion de la commission d'octroi des permis de bâtir présidée fait très rare, par l'illustre maire de la ville élu en 2018 par les 30 conseillers.
Cette autorisation a été donnée malgré l'opposition du représentant du ministère de l'Equipement. Cette opposition a valeur de veto dans cette commission. Pourtant, l'autorisation a été donnée avec la bénédiction du représentant de l'Institut national du patrimoine, censé défendre en premier chef les décisions de son institut. Que s'est-il passé réellement ?
On n'en saura vraisemblablement rien si les autorités compétentes ne se penchent pas réellement sur le dossier. Beaucoup de points d'interrogation resteront en suspens.
Mais le plus dramatique est qu'après achèvement des travaux de la bâtisse projetée, on verra surgir au beau milieu du mausolée, juste derrière la belle coupole, un amas de plantes vertes, indéfiniment vertes. Celles d'un jardin suspendu que le promoteur projette de réaliser pour cacher le béton hideux de sa bâtisse. De qui se moque-t-on ?
Depuis quand le Tunisien accorde une importance aux espaces verts ? Je parie qu'après quelques mois, un fil garni de linge à sécher remplacera ce fameux jardin suspendu.
Quel spectacle saisissant d'exotisme et de beauté !


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