Les hommes passent, l'institution reste. De prime abord, il ne s'agit plus seulement de remettre de l'ordre au CA en s'appuyant sur un cercle fermé au sein duquel l'avenir du club se décide. Mais d'élargir ses horizons et de brasser large. Il ne faut pas se fier aux apparences. Une règle d'or lorsqu'on observe l'univers des tenants et aboutissants clubistes. Le CA a besoin d'hommes à poigne certes, mais pourvus de simplicité et d'authenticité, appelés à rester gravés dans la mémoire de ceux qui les auront côtoyés (exemple de Kamel Idir). Diriger, c'est prévoir. Agir de manière anticonformiste, fonctionner au feeling, et même montrer de l'affection aux gens que l'on apprécie sans se soucier une seule seconde de leur statut social ! Le président d'une grande institution sportive doit avant être altruiste, autant que pragmatique et méthodique. Bien entendu, il ne s'agit pas de virer vers le populisme, ni exiger la reconnaissance des supporters. Car cette configuration est l'antithèse de l'idée que le grand public se fait du mécène-président ou du président-protecteur, garant de l'unité du club. Au-delà des titres, de la gloire et de la réussite, les fans veulent des responsables dévoués, affectifs, obnubilés par le bien-être du CA, intransigeants quand il faut trancher sans se faire manipuler. Ils attendent d'eux qu'ils déploient une énergie au service du club. C'est dire combien le prochain «repreneur» du CA doit plancher sur un projet clubiste ambitieux et réalisable. S'entourer d'une garde rapprochée, passionnée, solidaire et déterminée, à l'opposé du bureau directeur en place ! Idem pour le volet structurel. Le président doit forcément chapeauter sans s'immiscer. Trancher sans s'ingérer. La cohérence et la cohésion doivent être totales et aller de paire. En clair, et à terme, la stratégie sportive et financière doit permettre au CA de bien vivre son passage en autogestion. Ne nous voilons pas la face, en dépit des milliards injectés par Slim Riahi et malgré les déficits cumulés épongés, la situation financière est passée en moins de deux ans de préoccupante à très inquiétante. D'ailleurs, le bilan de l'exercice comptable en cours s'annonce également alarmant. Rapport de cause à effet Ramener les comptes à l'équilibre, dégrossir la masse salariale. Si l'institution clubiste est dans le rouge, c'est avant tout parce qu'elle paye les conséquences de son anachronisme et de ces dysfonctionnements intermittents. Avec un effectif de très haut niveau, extrêmement bien rémunéré, le CA a bel et bien un temps flirté avec la relégation. À l'issue de cette période cauchemardesque, que d'enseignements doivent être retenus et de leçons tirées de ces errements passés. Tout d'abord de point de vue technique: si le CA ne jouera aucune compétition continentale, ce n'est pas une raison pour dilapider son héritage. Vendre la majorité des joyaux afin de dégraisser ne ferait qu'affaiblir l'effectif et maintenir le statu-quo. D'ailleurs, dans cette optique, le président du club a même pris les devants et affirmé que les Khelifa, Touzghar et Belaïd, aux côtés des Oueslati et Ben Yahia, n'obtiendront aucun bon de sortie. Seuls Nater et Farouk Ben Mustapha...et encore, leur destin n'est pas encore scellé. Bref, le patron du CA a voulu lancer un message fort : les hommes passent, l'institution clubiste reste. En clair, il veut pérenniser l'ambition sportive malgré les contraintes financières. Ce faisant, si la seconde option est privilégiée, soit garder pratiquement tout le monde, il s'agit cette fois-ci de mettre à profit ces investissements colossaux afin que l'histoire (de cette saison) ne se reproduise plus. La réussite engendre un satisfecit et l'échec installe la crise. Si l'escouade clubiste retrouve les hautes sphères, l'accalmie supplantera la tragédie. Aux dirigeants qui prendront le relais de faire en sorte que leur gestion du quotidien ne soit pas aussi déconcertante que celle de ce début d'année, et les résultats suivront forcément. Pour cela, il faut se fixer un cahier des charges. Pas une mince affaire ! Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il s'agit de l'admettre et de l'anticiper. Maintenant, sans vraiment se bousculer au portillon, les candidats potentiels doivent forcément sortir du bois et pas seulement «avouer» en petit comité leur intérêt pour la présidence clubiste. Si jusque-là, ils ne souhaitent pas en dire davantage, du moins pour l'instant. Cela ne les empêche pas de se tenir continuellement informés de la situation et des changements intervenus. C'est mystérieux et intrigant, mais des signes ne trompent pas. L'homme d'affaires Yassine Chennoufi, l'industriel Ismaïl Mabrouk, l'avocat d'affaires Samir Abdelli et le magnat Tarak Ben Ammar seraient en lice sans pour autant l'avoir publiquement annoncé. Quant au président en exercice, Slim Riahi, il n'assistera pas au passage de témoin le 29 juin. Il sera représenté par Lotfi Madhi, alors que Abdessalam Younsi, Houcine Riahi et Ahmed Allani seront chargés des questions financières. Enfin, toujours dans l'optique de cette grande messe clubiste, Nabil Sebai et Imed Mannaî se chargeront de lire les rapports moraux et financiers.