Considérant la place qu'a toujours réservée La Presse depuis l'aube de l'Indépendance aux sports individuels et aux sports de combat, nous avions été saisis par un très grand nombre de lecteurs au lendemain d'une information donnée sur une station radio à propos des participations tunisiennes aux Jeux olympiques. La question a été «jugée» importante étant donné que l'on voulait savoir «quelle a été la première dame tunisienne à prendre part de manière effective» aux Jeux olympiques. Pour ce qui nous concerne en propre, la question était, bien... délicate et il fallait, par conséquent, savoir quoi dire tout en présentant des arguments crédibles et irréfutables. L'Histoire ne pardonne jamais à ceux qui la manipulent pour des raisons inavouables ! Nous avons de ce fait commencé par adresser au Comité International Olympique la missive ci-après le 16 février 2016: « Messieurs, à l'effet de procéder à la vérification de notre documentation, nous vous prions de bien vouloir nous transmettre une copie des résultats des épreuves de natation dames (éliminatoires et finales) qui ont eu lieu aux Jeux olympiques de Montréal en 1976. En vous remerciant vivement, veuillez agréer nos salutations les meilleures». Pour la partie tunisienne, il était facile de poser la question à la commission chargée des archives qui, justement travaillait sur un grand projet visant à la sauvegarde des archives sportives nationales et même africaines. Le Cnot fortement encouragé par le CIO, qui a saisi l'importance de l'initiative tunisienne, a dépêché à Tunis deux de ses chevilles ouvrières : Mme Sabine Christe, responsable des archives du CIO, et Mme Stéphanie Coppes, responsable de la Coordination internationale auprès des Musées Olympiques et autres institutions culturelles, pour participer à un séminaire portant sur «Les archives sportives en Tunisie». Engagement a été pris pour mettre en place une politique de suivi à l'effet de préserver la mémoire nationale d'une activité sportive dont on néglige l'aspect patrimonial en dépit de la réglementation régissant ce secteur. La Tunisie et le CIO Mais, mieux vaut tard que jamais, surtout que la Tunisie est un membre actif du CIO qui compte depuis son Indépendance 12 olympiades sur les 14 possibles étant donné qu'elle s'était retirée en 1976 à Montréal (boycott de la majorité des pays africains en raison de la présence de la Nouvelle-Zélande accusée d' apartheid ) et en 1980 à Moscou (boycott d'une cinquantaine de nations à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union Soviétique en 1979). Monsieur Thomas Bach président du CIO à l'invitation du Cnot a effectué une visite en Tunisie pour poser la première du futur Musée National du Sport qui a duré deux jours au cours desquels de grandes décisions ont été prises. Nous avons tenu à souhaiter une réponse rapide auprès de Mme Sabine Christe, responsable des archives du CIO, qui nous a promis de confier à la délégation tunisienne devant effectuer une mission auprès du CIO la réponse « officielle ». En aparté, nous avions informé Mme Sabine Christe que la Tunisie s'est déplacée à Montréal, mais s'était « retirée » pour des questions politiques à cette époque. Elle nous avait clairement confirmé que «seules les nations engagées et qui ont effectivement pris part aux Jeux sont reconnues et figurent au sein des palmarès du CIO». Cela suppose que toutes les nations africaines, même si elles s'étaient déplacées, mais qui se sont retirées pour protester contre la politique d'apartheid ne figurent nulle part au sein des participations officielles. C'est la réglementation en vigueur et on n'y peut rien. La Tunisie a d'ailleurs et sans aucun doute perdu une occasion de gagner une médaille d'or, puisque le grand Mohamed Gammoudi, à son apogée en cette époque-là, était au sein de la délégation, mais qu'il n'a pu participer à ces Jeux. Le même scénario s'est répété à Moscou en 1979 à la suite du boycott d'une cinquantaine de nations à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union Soviétique . De retour de sa mission à Lausanne, le Cnot a confirmé tout ce qui a précédé et arrêté de manière officielle le tableau des participations tunisiennes aux JO : il apparaît de ce fait que la première participation «officielle» d'une femme tunisienne et arabe aux JO (Jeux olympiques de Los-Angeles en 1984) est bien Faten Ghattas. La délicatesse du problème réside en ce... conflit d'intérêts qui a été heureusement résolu par la réglementation en vigueur.