Les actes de suicide et les tentatives de suicide ont gardé le même croquis avec, certes, une baisse quantitative des tentatives de suicide et une sensible hausse du nombre des suicides accomplis. L'Observatoire social tunisien (OST), relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes), a présenté récemment son rapport mensuel sur les mouvements sociaux de protestations pour le mois de mai 2016. Un rapport qui consacre un volet consistant aux mouvements individuels de protestations, dont le suicide et les tentatives de suicide représentent les principales formes. Chaque mois, voire chaque jour, des Tunisiens, de divers profils et de tous âges, décident de mettre fin à leurs jours. D'autres recourent aux tentatives de suicide afin de tirer la sonnette d'alarme et attirer l'attention de leurs proches sur leur mal d'être. Certains en seront sauvés alors que d'autres, non. En mai 2016, l'OST a recensé 51 cas d'actes de suicide et de tentatives de suicide contre 75 cas enregistrés un mois auparavant. Cette régression est justifiée par la baisse des tentatives de suicide collectifs, lesquelles ont été observées en avril. Certes, mais la balance penche, semble-t-il, vers les actes de suicide accomplis qui suivent une certaine recrudescence. L'évolution de la «vague suicidaire» traduit l'agressivité qui caractérise les mouvements de protestations individuelles. Ces dernières étaient totalement manifestées par le suicide et les tentatives de suicide en avril dernier. Le présent rapport montre que cette forme de manifestation a diminué quelque peu —soit 91% des protestations individuelles par suicide ou tentative de suicide, observées en mai 2016— en raison du recours de certains protestataires à d'autres moyens de revendications, dont la publication de leurs avis sur les réseaux sociaux. 37% des suicidés sont âgée entre 26 et 35 ans Le même croquis des actes de suicide et des tentatives de suicide pérenne depuis quelques mois. Les jeunes, âgés entre 26 et 35 ans, en sont les plus touchés et correspondent à 37% des victimes. Les hommes succombent plus au désespoir que les femmes ; soit respectivement 17 suicidés contre deux suicidées. L'on note à titre indicatif le suicide d'un trentenaire par immolation suite à un conflit familial. Un autre jeune homme âgé de 31 ans s'est suicidé sans raisons connues. En proie au chômage, vivant mal la précarité, la tension familiale et sociale, les hommes craquent et recourent au suicide. Cependant, pour ce qui est des jeunes âgés entre 16 et 25 ans, le sexe ratio est le même : cinq filles et cinq garçons se sont suicidés en mai dernier. Le stress des examens constitue souvent le principal motif de suicide chez les adolescents, comme c'est le cas pour une fillette âgée de 16 qui a mis fin à ses jours suite à la détérioration de ses notes scolaires. En troisième lieu viennent les enfants de moins de 15 ans. Les filles sont plus sujettes au suicide et aux tentatives de suicide ; soit six filles contre trois garçons. Le présent rapport indique que trois seniors âgés de plus de 60 ans se sont suicidés dont un adulte français résidant à Djerba et âgé de 80 ans. Encore faut-il souligner que les deux tiers de la population suicidaire appartiennent à la gent féminine. S'agissant de la cartographie régionale, l'on constate que le gouvernorat de Kairouan chapeaute la liste des suicides avec 19 cas observés en mai 2016. Les moyens de suicide les plus utilisés sont le suicide par pendaison, par immolation ou encore par précipitation.