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Derrière la tristesse, un fol amour d'indépendance et de liberté
Lu pour vous: Ya Khil Salem
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 06 - 2016

Fawzi Mellah nous conte les moments les plus critiques de la fuite de Khadija où une rencontre lui offre un autre visage possible de femmes de ce pays longtemps voué à laminer les meilleurs de ses enfants. Elle offre à Khadija l'image de celle qui a su trouver l'équilibre de la force, comme diraient les Jedi's. Khadija se découvre alors entière à sa manière sans s'interdire de se sentir proche de cette autre probable version d'elle-même : indépendante sans en faire étalage, libre car c'est ce qu'elle est à l'intérieur d'elle-même.
Pourquoi les femmes sont-elles parfois si tristes ? Ce n'est pas facile à dire. En tout cas, pour Khadija, c'est la tristesse d'un frère décédé. Mais en partie, car elle charrie avec elle les strates de tout ce qui peut tirailler le cœur d'une femme éduquée quand on la considère comme de seconde zone, ou d'une autre galaxie. Par réaction, peut-être. Quand on est citoyen d'une ville de seconde zone, on cherche sur qui passer sa colère. Les femmes connaissent le sujet.
Pourtant, ce n'est pas par manque de courage car à Khadija, la vie n'avait pas encore inoculé la peur et la prudence, ces deux poisons qui étaient en train de consumer tout ce que la petite ville comptait de fort et de vivant. Traçant son sillon à son rythme et selon ses propres règles, elle ne tenait pas à être là où les autres l'attendaient.
L'amour-propre de l'Emir
Luttant nuit et jour pour préserver le peu de liberté que son statut d'institutrice lui donnait, elle voulait rester assez raisonnable pour continuer à vivre parmi les siens et assez folle pour vouloir les changer. Pieuse ? Evidemment ! Tout le monde l'était dans cette région. Mais elle, à la différence des bigots de son entourage, elle était d'une piété sereine et joyeuse. C'est ainsi que l'auteur la décrit, exerçant son droit de Pygmalion.
Un imam limogé, un autre à sa place, un haut-parleur qui flanche... et voilà la foule déchaînée. La rancœur semblait si forte qu'elle menaçait de tout emporter sur son passage... Ils ne souhaitaient rien de moins que le retour de l'ancien régime, pense l'Emir. Il se trompe, ils ne veulent que le retour de l'ancien imam ! C'est compliqué, les petites villes de l'intérieur, celles de «l'ombre». Noyée dans les profondeurs du pays, ceinturée de montagnes, coupée des principaux axes routiers, la ville que l'Emir voulait remettre dans le droit chemin n'avait pas grand-chose à offrir.
L'affaire de la tombe interdite au centre de laquelle se trouvait Khadija prit des proportions irrationnelles. D'un comportement humain, ne cherchant pas plus loin que d'offrir les derniers sacrements à un proche, nous voici devant une dangereuse affaire d'amour-propre. L'amour-propre de l'Emir qui la comprit comme si on avait sciemment bravé ses ordres. Par conséquent, Khadija n'avait droit ni au pardon ni à l'oubli et l'Emir compte sur la rue et l'opinion publique pour se ranger à ses côtés.
Deux rencontres décisives
Second acte : une anse de mer coupée des regards, point de départ des embarcations de fortune emplies de fuyards de toutes sortes pour s'aventurer vers le Nord, là où, pour certains, il n'est même pas question de montrer dans les hautes sphères de la dissidence et de la résistance, mais tout simplement pratiquer les toutes petites libertés individuelles de tous les jours, sans ambitions politiques et surtout sans courir le risque d'être harcelé pendant des années pour une vétille de rien du tout ; par exemple le droit d'enterrer l'un des siens dans la dignité, dans la tristesse toute naturelle, sans le moindre tapage.
Jeune et acariâtre, Leïla-Tirelire, bien enrobée, fumant comme deux pompiers, était la maîtresse du troc pour le compte de son mari. Elle offre un autre visage possible de femmes de ce pays longtemps voué à laminer les meilleurs de ses enfants. Elle offre à Khadija l'image de celle qui a su trouver l'équilibre de la force, comme diraient les Jedi's. Mais ce n'est pas encore le temps des clonages pour Khadija qui se découvre entière à sa manière et dont la fierté ne lui interdit pas de se sentir proche de cette autre probable version d'elle-même : indépendante sans en faire étalage, libre car c'est ce qu'elle est à l'intérieur d'elle-même.
C'est là que Khadija fuira vers l'inconnu : «Je veux garder les yeux ouverts», dit-elle. Elle n'a pas peur, peut-être parce que ce qu'elle a vécu n'a fait que l'affermir, mais peut-être aussi parce qu'elle venait de trouver un compagnon, un homme qui paraissait moins obtus que les autres.
Deux rencontres décisives qui mettront du baume au cœur de Khadija alors que sa famille implore l'Emir pour sa réhabilitation. Mais quel juge digne de ce nom aurait condamné une jeune femme juste parce qu'elle voulait juste enterrer son propre frère? Ne posez pas la question, la réponse pourrait vous démoraliser: c'est l'arbitraire, une communauté aveuglée, un Emir sans piété... et Khadija devient un symbole malgré elle.
L'ouvrage
Ya Khil Salem, 200p., mouture française
Par Fawzi Mellah
Editions Déméter, 2016
Disponible à la Librairie Al Kitab, Tunis.


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