Demain, mercredi 29 juin, on parachève au Palais de Carthage le programme commun du prochain gouvernement. Le futur chef de ce gouvernement, ses ministres et sa structuration sont renvoyés après l'Aïd el fitr Finalement, les Tunisiens et les Tunisiennes fêteront l'Aïd el fitr attendu le 6 juillet prochain sans savoir qui sera la personnalité qui aura la charge de former le gouvernement d'union nationale et de le conduire au cas où il obtiendrait la confiance des membres de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Au départ, quand le président Béji Caïd Essebsi a lancé son initiative appelant à un gouvernement d'union nationale (avec la participation impérative de l'Ugtt et de l'Utica), il était question qu'on allait connaître le programme du prochain gouvernement, le nom de son chef et les ministres qui le formeront avant l'Aïd esseghir. Et c'est le chef de l'Etat lui-même qui l'a promis. Seulement quand les négociations ont démarré officiellement au Palais de Carthage avec la participation des partenaires censés définir le programme du futur gouvernement et choisir son chef et ses ministres, on s'est rendu compte qu'il était impossible d'être dans les délais fixés par le chef de l'Etat. L'élargissement de la liste des participants aux rencontres de mercredi au Palais de Carthage sur insistance de l'Ugtt (les partis de l'opposition non représentés à lARP et l'Union des agriculteurs ont fini par rejoindre le palais, alors que le Front populaire a décliné l'invitation présidentielle) et la profusion des feuilles de route publiées par les médias ainsi que la publication des noms des candidats au palais de La Kasbah au nom d'un parti ou d'un autre, sans oublier les autocandidats, dont certains ont envoyé leurs CV au président Essebsi, ont produit un effet sur lequel beaucoup d'observateurs ont attiré l'attention : les rendez-vous du palais de Carthage se sont transformés en un deuxième dialogue national dont personne n'est en mesure de déterminer la clôture même si le chef de l'Etat et ses diffrents conseillers répétaient que les délais seront respectés à tout prix. Et le résultat ne pouvait que produire un ajournement auquel l'ensemble des participants aux consultations adhèrent aujourd'hui, étant convaincus qu'il faut «du temps au temps, éviter de refaire les erreurs du passé récent, rompre définitivement avec la politique des quotas partisans et choisir une personnalité qui réunit les critères de compétence, de courage, d'intégrité et surtout de ténacité», comme le souligne Zohra Driss, députée nidaïste, dans une interview à une radio privée. Une semaine de plus Et c'est un peu la même approche que soutient Samir Taïeb, secrétaire général d'Al Massar, qui précise : «Il a été convenu de prolonger d'une semaine les délais accordés à la commission restreinte chargée de définir les priorités du prochain gouvernement. La commission pourrait parachever sa mission avant l'Aïd el fitr. Ce sera alors le tour de l'examen de la structuration du nouveau gouvernement. Deux approches sont à l'examen, une équipe ministérielle restreinte avec le retour des secrétariats d'Etat, et on parle déjà d'un secrétaire d'Etat qui sera chargé de l'industrie militaire ou l'adoption de la formule des pôles ministériels, et dans ce cas, le nouveau chef de gouvernement aura la mission de coordonner entre ces pôles. En tout état de cause, la composition du gouvernement et le dévoilement de son programme n'interviendront pas avant mi-juillet prochain». Entre-temps et au moment où les participants au dialogue national bis» au palais de Carthage étaient invités à remettre leurs propositions au plus tard lundi 27 juin à la commission de synthèse, le Front populaire est revenu à la charge samedi lors d'un meeting à Gafsa. Son porte-parole, Hamma Hammami, s'excuse de ne pas avoir averti la présidence de son absence lors de la réunion de mercredi dernier et déclare : «Le FP ne rejette pas le dialogue, son rôle ne se résume pas à l'opposition. Il aspire à participer au pouvoir sur la base d'un plan de sauvetage du pays». Ennahdha souffle le chaud et le froid Et ce plan, le Front l'a déjà révélé à l'opinion publique. Il s'y attache bec et ongles. Mais les propos de son porte-parole révèlent-ils un début d'assouplissement qui répondrait aux critiques dont le Front est l'objet depuis quelques jours, y compris de la part de ceux qui soutiennent ses choix, mais qui en ont ras-le-bol de le voir choisir la politique de l'opposition nihiliste, «la même politique adoptée par les opposants au dialogue national en 2013 et qui sont aujourd'hui la risée de tout le monde. Du côté de Nida Tounès, à chaque jour sa surprise dans le sens d'un coup porté à ce qui en reste. A Nabil Karoui, l'homme aux ambitions illimitées qui refuse à Hafedh Caïd Essebsi le droit de négocier au nom du parti sans en être chargé officiellement, s'ajoute Boujemaâ R'mili, l'un des fondateurs du parti et signataires de l'appel du 16 juin 2012. Il considère maintenant que le fils du président «n'a ni les compétences ni l'expérience qu'il faut pour représenter le parti au palais de Carthage». Néji Jalloul s'invite lui aussi à la messe en annonçant qu'il est «prêt à succéder à Habib Essid au cas où le parti me ferait la proposition». Un nouveau casse tête pour Hafedh Caïd Essebsi et son candidat Slim Chaker qui se voit déjà au palais de la Kasbah, en attendant l'aval d'Ennahdha. Le parti «spécialisé dans l'action politique», qui n'a pas encore de secrétaire général et dont le président revient à ses bases après avoir accompli «une tournée diplomatique populaire à Paris et à Alger», souffle toujours le chaud et le froid. Ses leaders se partagent la tâche en donnant des déclarations selon lesquelles Habib Essid pourrait être reconduit s'il se retrouvait dans la feuille de route qui sera issue du dialogue au Palais de Carthage. Demain, on retourne à la table des négociations au Palais de Carthage avec l'espoir de parachever la première partie du travail : le document commun sur les priorités du prochain gouvernement d'union nationale.