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Lorsque le système «D» vient à bout du chômage
3 diplômés donnent l'exemple
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 07 - 2016

On a rencontré par hasard trois jeunes (chômeurs) bardés de diplômes qui s'obstinent à combattre la résignation. A ne pas sombrer dans la déprime, et à croire en des jours meilleurs. Deux garçons et une fille, à quelques encablures de la trentaine, qui dribblent l'oisiveté en s'adonnant à une activité à laquelle ils ne sont pas destinés.
Les jongleurs des stats sont d'accord pour prétendre qu'il y a 600.000 chômeurs en Tunisie. Même un peu plus, ou un tout petit moins, selon la saison. Il faut aussi prendre en considération, dans cette estimation, qu'il existe aussi la corporation des chômeurs invétérés qui n'ont jamais voulu, ni cherché à travailler. Et qui se contentent de parader devant les médias, en hurlant leur hostilité envers les «esclavagistes» qui refusent de les engager. Pour participer à l'édification de la Nouvelle Tunisie, comme ils le prétendent en riant sous cape. Mais ceci est une autre histoire... Contentons-nous d'accepter le verdict des recenseurs patentés, avec les 600.000 Tunisiens des deux sexes voués à l'inaction. Un chiffre qui préoccupe aussi bien le locataire de Carthage que les décideurs de La Kasbah.
Mais voici qu'intervient l'Institut arabe des chefs d'entreprises qui jette un pavé dans la mare, en annonçant que 145.000 opportunités d'emploi sont actuellement disponibles!!! Si elles étaient toutes satisfaites, elles réduiraient considérablement le chiffre record avancé plus haut. Et on passerait de 600.000 à... 450.000. Mais cela est utopique, disons-le sans porter ombrage à quiconque.
En effet, d'après l'étude, ou le rapport présenté par l'Institut, 400 entreprises ont jugé incompétents les 10.000 demandeurs d'emploi diplômés des universités locales. Là, cela devient très sérieux... Cela veut-il dire que nos Temples du savoir sont à présent incapables de lancer sur le marché des «produits» de qualité? Peut-être bien que oui... Peut-être bien que non... Alors ne nous engageons pas dans cette voie tortueuse et laissons le soin aux spécialistes, les vrais, de se prononcer sur ce chapitre!
Disons seulement, et toujours selon l'Iace, que les postes, soit les 145.000, à pourvoir se répartissent sur les secteurs suivants : les technologies de l'information et de la communication (ah, bon?), l'agroalimentaire, le bâtiment, l'industrie chimique, la papeterie et l'industrie médicale. Et pas plus!
Dans ce cas, il serait plus judicieux d'orienter les nouveaux bacheliers vers ces filières. Et de geler, ne serait-ce que provisoirement, certaines facultés... celles de l'ISG, du Droit et de deux ou trois autres. Car il y a une surproduction dans ces spécialités vouées à gonfler le parc des chômeurs à la tête bien pleine.
A nos spécialistes de se prononcer là-dessus...
Pour notre part, on a rencontré par hasard trois jeunes (chômeurs) bardés de diplômes qui s'obstinent à combattre la résignation. A ne pas sombrer dans la déprime, et à croire en des jours meilleurs. Deux garçons et une fille, à quelques encablures de la trentaine, qui dribblent l'oisiveté en s'adonnant à une activité à laquelle ils ne sont pas destinés.
Interviews...
Néjib H..., diplômé de l'ISG
Derrière un kit tablette-tabouret de plage, plus un mini-parasol de fortune, trône majestueusement Néjib. Avec une pancarte accrochée au pare-soleil qui dit en gros caractères : «Je suis un chômeur, diplômé de l'ISG». Ah, sur la tablette, des cigarettes sont alignées, prêtes à la vente...
Cela sort de l'ordinaire de rencontrer un diplômé de l'ISG transformé en vendeur de cigarettes, n'est-ce pas?
Bien sûr, mais que voulez-vous que je fasse pour vous plaire? Que je me mette à braquer les passants? Très peu pour moi...
Pourtant, avec votre diplôme...
Mon master n'a servi à rien. Sauf à ma mère qui l'a accroché dans un cadre doré au-dessus de la télé du salon. Pour que ses voisines qui lui rendent visite puissent l'admirer. Et c'est tout!
Vous avez passé l'essentiel de votre jeunesse à étudier. Comment avez-vous fait pour virer de bord ?
Sans être particulièrement brillant, j'ai accompli tout le parcours sans la moindre anicroche. De A à Z, au pas de course. Mes parents et les amis croyaient à raison que j'allais être embauché sans tarder. Mais, dure allait être la réalité. Vous savez, j'ai frappé à toutes les portes... J'ai déposé des tas de dossiers, tellement de feuillets qui, s'ils étaient mis bout à bout, constitueraient un pont entre Tunis et Le Caire !
Disons que l'espoir s'est effrité...
L'espoir, c'est quoi au juste ? Je n'y crois plus. Et c'est lorsque je me suis aperçu de cette réalité que j'ai opté pour cette solution de secours.
Depuis quand vendez-vous ces cigarettes ?
Oh, cela fait six mois. Comment y ai-je pensé ? Eh bien, l'ISG a quand même servi à quelque chose. Dans le temps, j'achetais deux cigarettes par jour pour 200 millimes, ce qui n'est pas cher du tout. Mais un jour, au hasard d'une conversation, j'ai su qu'une cartouche de dix paquets varie entre 8 et 10 dinars, selon la marque. Qui peut donc rapporter jusqu'à 20 dinars. Et j'ai foncé tête baissée. Sans rougir, sachant qu'il n'y a point de sot métier. Quant aux sottes gens, je leur dis que demain est forcément un autre jour.
Vous y pensez ?
Et comment ! Dieu merci, la cigarette m'a aidé à surmonter le spleen qui m'étouffait, et j'ai déjà en tête un projet que je compte réaliser d'ici la fin de 2016. Avec ou sans l'aide de la BTS.
Vous visez quel créneau ?
Excusez-moi, je ne tiens pas à le révéler pour l'instant. Parce que je crains les vautours qui pullulent pour vous souffler le projet. Mais je tiens à remercier les agents de police de ce secteur. Ils ne m'ont jamais inquiété après avoir lu l'écriteau qui est là. Comme je remercie la dame qui travaille dans l'agence bancaire d'à côté, pour avoir essayé de me procurer un poste dans sa banque. En vain, évidemment.
Marwa B..., fac de Droit
Marwa est une jeune et jolie demoiselle, qui traîne derrière elle un quart de siècle d'existence. On l'a remarquée dans un hypermarché du Grand-Tunis où elle propose la dégustation d'un produit, avec deux autres collègues.
N'est-ce pas lassant d'être là, debout, à attirer de possibles clients ?
Lassant, c'est peu dire. Tuant, ça l'est, mais cela rapporte quand même.
Combien ?
Entre 25 et 30 dinars par jour.
Vous ne savez faire que cela, une sorte de femme-sandwich ?
Mais non, sans le très léger défaut de prononciation qui m'accable, j'aurais pu être avocate. Enfin, c'est la vie.
D'avocate virtuelle, vous avez changé le fusil d'épaule.
C'est dans la salle de sport high-tech que possède mon fiancé que j'ai connu la dame qui dirige l'agence qui m'a recrutée. Et voilà ! Bon, ce n'est pas tous les jours qu'on fait appel à mes services, mais j'arrive à me faire les 500 dinars en moyenne par mois.
Et cela vous suffit ?
Pour l'instant, oui. Mais j'ai quelque chose en tête. D'ailleurs, juste après mon mariage qui aura lieu après l'Aïd El Kébir, je compte créer, avec mon mari pour associé, une très importante et lucrative agence.
Pour faire quoi ?
Par chance, j'ai suivi à la télé une reprise de «Dar Louzir», et l'idée a fait tilt dans ma tête. Patientez jusqu'à septembre et je vous confierai toute la campagne promotionnelle de cette idée !
Moncef L..., fac des Lettres
Moncef a tout d'un Adonis qui slalome élégamment entre les tables de la terrasse d'un café qui fait face à la statue équestre de Habib Bourguiba.
Le retour de Bourguiba constitue une véritable aubaine pour votre caissier, n'est-ce pas ?
Pour sûr que oui. Les gens qui se déplacent pour voir de près cette statue cherchent à prolonger leur visite en s'installant chez nous, et on les accueille avec le sourire.
Dites, vous avez suivi la filière de l'Ecole hôtelière ?
Pas du tout! Je suis venu à ce métier par accident.
Ah bon ?
Ah oui! Je suis un diplômé de la faculté des Lettres de La Manouba.
Quoi ?
Quoi, quoi ? Je suis un prof de philo qui n'a pas trouvé d'employeur! J'ai tout fait pour décrocher un poste, en vain. J'ai attendu... J'ai espéré... Puis un pote m'a présenté au propriétaire de ce café. Et j'y ai débuté comme plongeur pendant deux mois, le temps de m'entraîner à courir en tenant un plateau. Pouvez-vous m'aider à trouver un poste vacant dans l'enseignement ?
Mais c'est à vous d'aller frapper aux portes...
C'est ce que j'ai fait pendant deux très longues années. Et pour ne pas perdre la main, je donne des leçons supplémentaires à quatre étudiants. En tout et pour tout, je gagne à peu près un million.
Ne devriez-vous pas penser à ouvrir un institut privé de philo?
Pourquoi pas, après tout? Ne croyez surtout pas que je vais m'éterniser ici ad vitam æternam !
Néjib, Marwa et Moncef ne se connaissent ni d'Adam ni d'Eve, mais ils sont victimes du mauvais sort. Qu'ils combattent avec une rare détermination, afin de vaincre le chômage! Et arracher une place au soleil.


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