Au moment où le président Béji Caïd Essebsi honorait, hier, les élèves et étudiants qui se sont illustrés lors de l'année scolaire et universitaire écoulée, les instituteurs décident d'observer une grève générale le 5 octobre prochain Décidément, les accrocs entre Néji Jalloul, ministre de l'Education, et les syndicats de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire se poursuivent à un rythme quasi quotidien montrant que les malentendus ne sont pas près de se dissiper et que l'approche médiatique entreprise par le ministère en vue de faire la promotion de la réforme du système éducatif et des résultats auxquels elle a abouti n'arrive pas malheureusement jusqu'ici à éclairer les parties prenantes dans l'opération éducative (élèves, parents, instituteurs, enseignants du secondaire et cadre administratif) sur ce qui va se passer au cours de l'année scolaire 2016-2017. A moins d'un mois et demi de la prochaine rentrée scolaire, on ne sait pas encore quand les élèves du primaire et ceux des collèges et lycées secondaires réintégreront leurs classes. Idem pour les enseignants qui ne savent pas aussi quels sont les programmes qui seront appliqués et qu'est-ce qu'ils vont retenir des grandes orientations discutées par les concepteurs de la réforme du système éducatif dont ils sont informés, à travers les déclarations de presse du ministre de l'Education immédiatement infirmées par les syndicalistes et aussi par les participants à l'élaboration de la réforme elle-même. Et la grande question qui reste posée sans réponse et même sans début de réponse est la suivante : la réforme du système éducatif dont on entend parler depuis près d'une année est-elle, enfin, parachevée ? Avec la parution du Livre blanc sur le contenu de la réforme dont une copie a été remise au chef de l'Etat par le ministre de l'Education et avec les déclarations du même ministre assurant qu'un million d'exemplaires de ce même livre seront édités et mis à la disposition de quiconque désire en prendre connaissance, on croyait que les vacances scolaires estivales allaient être exploitées pour régler les détails techniques relatifs à la mise à exécution de la réforme et que peut-être la célébration officielle de la Journée nationale du savoir, fin juillet (Ennahdha a déjà célébré cette journée et a récompensé les élèves et les étudiants s'étant illustrés au cours de l'année scolaire et universitaire 2015-2016) allait être la date de l'annonce du parachèvement définitif de la réforme éducative. Malheureusement, on découvre que même la conférence tenue les 15 et 16 juillet n'a pas réussi à parachever le travail (puisque, souligne Fakhri Smati, S.G. adjoint du Syndicat général de l'enseignement secondaire), la commission chargée du temps scolaire n'a pas clôturé ses travaux et n'a pas remis son rapport final». Il ajoute qu'au cours de la même conférence, quinze commissions ont présenté leurs rapports qui ont été discutés par les participants à la conférence. Quant au boycott par les syndicalistes de la même conférence, Smiti précise : «Nous n'avons pas tourné le dos au dialogue national sur la réforme éducative. Nous boycottons, plutôt, les conférences sur le Livre blanc que nous rejetons parce que nous considérons qu'il n'a aucun rapport avec la réforme éducative». Résultat : «La date du 12 septembre prochain qu'on annonce comme celle de la prochaine rentrée scolaire n'est pas à retenir puisque les syndicalistes n'y ont pas pris part». Parallèlement, les instituteurs sont en colère et ils font entendre leur voix sur trois dossiers qu'ils estiment d'une actualité brûlante : la titularisation des instituteurs intérimaires, le départ à la retraite et l'application des accords déjà signés avec le gouvernement «sans que l'on soit obligé d'attendre la formation d'un gouvernement d'Union nationale et la désignation d'un nouveau ministre ou le maintien de Néji Jalloul». Lundi 18 juillet, les syndicalistes de l'enseignement primaire ont tenu à Hammamet une commission administrative sectorielle qu'on qualifie de commission «pas comme les autres puisque de ses décisions dépendra la rentrée scolaire menacée plus que jamais du fait que plusieurs membres du gouvernement refusent l'application des accords déjà conclus». Et même les assurances données par certains membres du gouvernement lors de la réunion, samedi dernier, du groupe 4+4 n'ont pas réussi à calmer la colère des instituteurs. En effet, lors de cette réunion, on a convenu que les revendications des instituteurs seront satisfaites d'ici fin août prochain. Le dernier mot revient au syndicat général Un ébat houleux a marqué les travaux de la commission administrative de Hammamet et les participants ont insisté sur l'application de l'accord relatif au départ volontaire à la retraite à l'âge de 55 ans (avec une ancienneté de 35 ans), sur la titularisation des milliers parmi les instituteurs intérimaires et sur le refus de l'encombrement des classes. En tout état de cause, les participants à la rencontre ont délégué au syndicat général de prendre la décision qu'il faut. On apprend, dans ce contexte, que le syndicat général a décidé que les instituteurs observeront une grève générale le 5 octobre prochain : «Elle sera précédée, annonce Mastouri Gamoudi, SG du syndicat général de l'enseignement de base, d'une journée régionale de colère le 1er septembre prochain et une journée nationale de colère le 5 du même mois en raison du refus du ministère de l'Education de satisfaire les principales revendications du secteur».