Par Jalel Mestiri On comprend mieux aujourd'hui les mécanismes, pas seulement de l'exploit, mais également de la production de la performance. La performance de nos sportifs au haut niveau ne cesse d'interpeller les modèles et les approches qui orientent la politique sportive dans notre pays. On se demande encore à quelle vision de la performance elles font justement référence. Le modèle qui prévaut actuellement n'est pas tout à fait adapté aux exigences du haut niveau. A l'exception de quelques athlètes, qui ont dû, du reste, batailler fort pour assurer les meilleures conditions de leur préparation, la plupart des autres sportifs se présentent aux Jeux olympiques avec un vécu sportif limité, voire ordinaire. On oublie souvent la dimension que dégagent la compétitivité et les records alors qu'une épreuve comme les Jeux olympiques se prépare impérativement sur un cycle et à long terme. En Tunisie, on n'a pas de véritables traditions pour la préparation des grandes échéances. La plupart du temps, tout, ou presque, se fait dans la précipitation. Aussi bien sur le plan administratif que technique. Ce genre de défaillance a ses répercussions. Il empêche, à n'en point douter, les performances et les exploits. Certains sportifs ont toujours voulu se démarquer de ce cadre et approfondir d'autres champs d'investigation. Ils ont élu domicile dans des pays où la préparation des grands événements se fait à long terme et conformément aux dispositions que cela exige. Habiba Ghribi et Oussama Mallouli ont tracé leur parcours de la manière qui correspond le mieux et le plus à leurs objectifs et ambitions. On connaît le résultat. D'autres sportifs n'ont pas eu la même chance, et encore moins les mêmes privilèges. D'une échéance à l'autre, d'une épreuve à l'autre, on a vu se développer la controverse débordante à l'utilité des accompagnateurs des athlètes dans leur carrière sportive. Dans les grandes nations sportives, outre l'aspect technique, la présence des psychologues, psychothérapeutes et autres préparateurs mentaux auprès des athlètes est devenue non seulement importante, mais et surtout déterminante dans la quête du podium et des médailles. Montrée du doigt par les médias lors de contre-performances inattendues et, stigmatisée par les jugements d'entraîneurs en charge de ces athlètes, l'action de ces intervenants est plus que jamais impliquée dans le monde de la haute performance sportive. La quasi-totalité des athlètes et des entraîneurs font preuve d'une confiance totale en eux. En Tunisie, on est encore au stade dubitatif. Il y en a qui affichent même une totale hostilité. A côté d'un important développement des connaissances, le sport s'est octroyé l'aspect scientifique et la spécificité croissante des intervenants. On comprend mieux aujourd'hui les mécanismes pas seulement de l'exploit, mais également de la production de la performance. Il en résulte par conséquent une situation de surpassement, voire des fois d'immodération. Le mental joue un rôle très important dans la réussite des sportifs. La précipitation dans la préparation a longtemps isolé les sportifs tunisiens du contexte de performance. Mais le rêve des sportifs et des entraîneurs avertis reste toujours le même: se démarquer des choses ordinaires. Il y a ceux qui ont compris que la performance réside dans les réformes techniques, mais aussi et surtout dans la révolution des esprits. Aujourd'hui, la vérité qu'on se raconte sur le sport tunisien et celle des athlètes, cela fait presque une. On ne peut pas certainement évoluer pour le simple fait de changer. Mais, au contraire, pour adopter tout ce qui devrait se faire aux prédispositions naturelles des sportifs. On se voit ainsi en amoureux du sport, et surtout de style et de l'environnement qui vont avec.