Le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à l'origine de 7,9 millions de décès en 2007, soit 13% de la mortalité mondiale. Les principaux types de cancer responsables de la mortalité sont le cancer du poumon (1,4 million de décès), le cancer de l'estomac (866.000 décès), le cancer du foie (653.000 décès), le cancer du côlon (677.000 décès) et le cancer du sein (548.000 décès). Il est à savoir qu'environ 72% des décès dus au cancer enregistrés en 2007 se sont produits dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Dans notre pays, les cancers qui touchent plus la femme sont le cancer du sein et celui du col de l'utérus. Ils représentent à cet effet un problème de santé publique. D'après les statistiques du ministère de la Santé publique, on dénombre 29,4 cas de cancer du sein pour 100 mille femmes, 5,4 pour 100 mille concernant le cancer du côlon et 5,1 pour 100 mille s'agissant de celui du col de l'utérus. C'est dans cet esprit, et en raison de l'ampleur de cette maladie et de son coût important sur le budget alloué à cet effet, que le Président de la République a décrété l'année 2010, Année de lutte contre le cancer. Ainsi, un Conseil ministériel présidé par le Chef de l'Etat consacré à la lutte contre les maladies cancéreuses a été tenu le 2 juin dernier et où il a été question d'insister sur le renforcement du dépistage précoce et sur la sensibilisation, et ce, à travers l'intensification de l'éducation sanitaire, le développement du réseau de centres hospitaliers spécialisés, la consolidation des centres médicaux spécialisés en équipements modernes de diagnostic, de traitements et de soins palliatifs, la promotion de formations spécialisées, les recherches en cancérologie et soins palliatifs, le renforcement de la prise en charge des patients et de leurs proches à travers la création de consultations spécialisées en assistance psychologique. Ce Conseil ministériel entre de plain-pied dans le cadre du suivi de la concrétisation des volets du programme présidentiel pour le quinquennat 2010-2014 relatifs au secteur de la santé. Il est à noter qu'une stratégie nationale en matière de lutte contre le cancer a été mise en place depuis 2001, dont le dépistage précoce constitue l'un des principaux éléments, outre la prévention, la formation des cadres médicaux et paramédicaux dans ce domaine, ainsi que la recherche et la prise en charge du patient et les programmes de lutte contre le tabagisme, car la nicotine est mise en cause dans la croissance des tumeurs pulmonaires, mais aussi impliquée dans le développement des tumeurs mammaires et la prolifération des métastases. En Tunisie, 11% des femmes ayant développé un cancer du sein ont moins de 35 ans. Les chiffres fournis par le ministère de la Santé publique indiquent que 30% des cas de cancer sont dus à la nicotine et 35% des décès de maladies cancéreuses ont pour origine le tabac, raison pour laquelle le ministère de la Santé publique a adopté une stratégie nationale d'envergure en matière de lutte contre le tabagisme qui consiste à sensibiliser le citoyen aux méfaits de la cigarette. Ces campagnes de sensibilisation ont visé les milieux scolaires et universitaires, les espaces sanitaires, les lieux publics sans tabac outre la multiplication des consultations destinées au sevrage tabagique. L'année 2009 a enregistré la création de 100 nouvelles consultations et 50 autres en 2010, en matière de sevrage tabagique à cela s'ajoute la formation d'environ 2.000 médecins généralistes et spécialistes dans le domaine de la sensibilisation, 100 tabacologues en 2009 et 150 autres en 2010. Le ministère a, par ailleurs, tenu à fournir les officines en substituts nicotiniques de manière satisfaisante. La stratégie de prévention contre les maladies cancéreuses a consacré un autre volet important lié à l'alimentation qui serait, selon des recherches, responsable de l'éclosion de 30% des cancers. Ainsi, l'obésité et le manque d'activité physique favorisent l'apparition du cancer outre la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles qui causent le cancer du col de l'utérus… Pour ce qui est de la lutte contre le cancer et à côté des efforts conjugués par le ministère de la Santé publique, les structures nationales telles que l'Office national de la famille et de la population (Unfp), la société civile par le biais des associations en matière de lutte contre le cancer, l'Association «Saïda» récemment créée par Mme Leïla Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat, et qui a pour mission de contribuer, à travers ses activités, au «plan national de lutte contre le cancer» et d'aider à améliorer la prise en charge du patient ont mis les bouchées doubles pour sensibiliser à l'importance de la lutte contre ce fléau qui se base essentiellement sur la détection précoce associée à un traitement adapté. Selon une étude épidémiologique du cancer du sein en Tunisie qui occupe la première phase sur l'échelle des maladies cancéreuses qui concernent les femmes, avec un taux de 27,8%, il est mentionné qu'entre 2009 et 2013, l'on s'attend à enregistrer jusqu'à 2.200 nouveaux cas de cancer du sein par an, ce qui nécessite une multiplication par 2,5 de la capacité de la prise en charge des malades. «En Tunisie, le nombre des malades atteints d'un cancer du sein est en hausse. Les moyens tunisiens en radiothérapie sont nettement insuffisants. Les spécialistes en mammographie, exerçant dans le secteur public sont peu nombreux. De plus, la plupart de nos moyens sont concentrés dans les villes côtières». C'est en ces termes que le Pr Mansour Ben Abdallah résume dans un ouvrage édité par l'Onfp, les problèmes liés au cancer du sein en Tunisie. Cependant, le renforcement de la structure de base dans les structures hospitalières en matière des équipements ultramodernes, à même de faire face à ce fléau, témoigne de l'intérêt sans cesse accru de l'Etat pour garantir des soins appropriés. Les centres de cancérologie de l'Ariana et des pôles régionaux de Jendouba, Gabès et Gafsa sont en ce sens significatifs. Ainsi, l'espoir est de mise pour vaincre cette maladie qui occasionne le décès de 8.500 personnes par an dans notre pays.