Aujourd'hui, les femmes célèbrent le 60e anniversaire du Code du statut personnel. Elles envoient un message à Youssef Chahed lui demandant que les femmes soient représentées dans son gouvernement, conformément à leur poids et force dans la Tunisie post-révolution Aujourd'hui, samedi 13 août, les Tunisiens fêtent le 60e anniversaire de la proclamation du Code du statut personnel et rendent aussi un hommage largement mérité à la femme pour tout ce que nos mères, nos épouses et nos sœurs ont réalisé bien avant le 13 août 1956 et après pour que la Tunisie recouvre son indépendance et s'inscrive dans la dynamique mondiale de progrès et de modernité. Aujourd'hui, on fête le Code du statut personnel qui a permis à la femme tunisienne de s'émanciper et de sortir de l'ignorance et de la marginalisation quoi qu'en disent les détracteurs de l'œuvre grandiose du leader Habib Bourguiba qui a pris la décision de libérer la femme et d'en faire un partenaire incontournable dans son projet sociétal dont les fruits et les acquis sont palpables pour ceux qui savent évaluer ce qui a été réalisé depuis la fameuse journée du 13 août 1956. Les Tunisiens célèbrent également, aujourd'hui, la détermination des femmes à aller toujours de l'avant dans le but d'engranger de nouveaux acquis qui feront de la femme l'égale effective de l'homme comme le stipule la Constitution du 27 janvier 2014. C'est aussi un moment solennel pour que la femme tunisienne fasse entendre, de nouveau, sa voix et crie son indignation à la face des forces rétrogrades et obscurantistes qui n'ont pas lâché prise et qui se mobilisent toujours pour remettre en cause les acquis dont bénéficie la femme et appeler à un nouveau modèle de société où la moitié de cette même société sera exclue du processus national d'édification et de création de richesse, sous de fallacieux prétextes auxquels on colle injustement une dimension religieuse, alors que l'islam en est innocent et incite plutôt à ce que la femme participe à l'œuvre générale de développement et de progrès. L'avenir de la Tunisie entre les mains de ses femmes L'on a acquis l'habitude d'énumérer en de pareilles fêtes ce que le gouvernement a réalisé au profit de la femme en suivant, à tort ou à raison, une approche selon laquelle la femme a toujours besoin d'assistance pour accéder au statut qui lui revient de justesse dans la société. Avec l'avènement de la révolution de la liberté et de la dignité, la donne a radicalement changé et les femmes tunisiennes ont démontré, une certaine nuit historique du 13 août 2012, qu'elles n'ont pas besoin de mentor ou de tuteur pour dire un non catégorique et ferme à la constitutionnalisation de la complémentarité de la femme avec l'homme et imposer aux rédacteurs de la Constitution l'égalité totale. Les milliers de femmes qui ont investi jusqu'à l'aube l'Avenue sont toujours au fronton de la bataille constamment renouvelée pour que l'égalité hommes-femmes inscrite dans la Constitution soit une réalité et non un accessoire de décor. Et ceux qui parlent aujourd'hui des projets de loi adoptés par le Parlement (la lutte contre la traite des blanches) ou en cours d'examen (l'éradication de toutes les formes de violence dont en premier lieu le harcèlement sexuel) doivent comprendre que les héritières d'Elyssa, de la Kahena et de B'chira Ben Mrad, Radhia Haddad et Taouhida Ben Cheikh ne s'arrêteront pas en si bon chemin, tout simplement parce qu'elles sont convaincues qu'elles sont les dépositaires de la révolution, qu'elles ont la responsabilité d'édifier l'avenir de la Tunisie et que cet avenir sera construit par les femmes et avec les femmes. Et les manifestations organisées par les différentes organisations féminines, plus particulièrement l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft), qui semble renaître de ses cendres et montrer que personne ne peut étouffer la voix d'une femme qui veut s'exprimer, constituent, de par leur teneur et leur contenu, un message clair à Youssef Chahed pour lui signifier que les femmes ne se contentent plus «d'un ministère féminin». Elles exigent leur part dans le prochain gouvernement, qui devrait répercuter le poids et la force dont se prévaut la femme dans la IIe République.