Par Abdelbasset CHEBBI (Marketing et Droit du sport) C'est lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques Rio 2016 et plus précisément à l'occasion du défilé des différentes délégations de tous les pays participants à cette plus haute manifestation sportive, que le monde entier a découvert pour la première fois une nouvelle équipe olympique constituée de réfugiés sportifs de quatre nationalités différentes représentant leurs millions de semblables et tous sont liés par leurs tragédies personnelles et contextes politiques de leurs pays de naissance. «C'est un message d'espoir à tous les réfugiés de la planète et une mesure de sensibilisation au monde pour mieux se rendre compte de l'ampleur de cette crise», selon Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO). En fait, le CIO travaille déjà avec bon nombre d'agences des Nations unies afin d'aider les réfugiés partout dans le monde et notamment le Haut-Commissariat des Nations unies pour les refugiés (HCR) avec qui le CIO a utilisé, ces dernières années, le sport pour contribuer au rétablissement et au développement des jeunes refugiés dans de nombreux camps et installations. Des milliers de refugiés ont ainsi bénéficié des programmes sportifs et de l'équipement donné par le CIO. Et c'est dans ce cadre, également, que le CIO s'est engagé à aider les athlètes d'élite frappés par la crise mondiale des refugiés et les comités nationaux olympiques (CNO) ont été priés d'identifier tout athlète refugié susceptible de pouvoir se qualifier pour les JO de Rio 2016. Ces candidats ont ensuite pu recevoir une aide financière de la solidarité olympique, concept prévu dans les statuts et la charte olympique du CIO, pour leurs préparatifs en vue de leur éventuelle qualification. L'équipe des athlètes olympiques réfugiés en lice à Rio ont été désignés par la commission exécutive du CIO lors de sa dernière réunion en juin 2016. Les critères de sélection se sont essentiellement basés sur le niveau sportif, le statut officiel du réfugié (vérifié par les Nations unies), la situation personnelle et le parcours de chacun des athlètes. En outre, la Commission exécutive du CIO a décidé que cette équipe olympique des réfugiés sera traitée comme toutes les autres délégations des 206 comités nationaux olympiques présents aux jeux et a approuvé les aspects opérationnels à sa participation comme suit : - l'équipe sera baptisée équipe des athlètes olympiques réfugiés - l'équipe aura sa propre cérémonie d'accueil au village olympique, à l'instar de toutes les autres délégations - l'équipe sera logée comme toutes les autres délégations - du personnel d'encadrement, à savoir chef de mission, entraîneurs et officiels techniques, sera désigné par le CIO afin de répondre à tous les besoins des athlètes sur le plan technique - les uniformes de l'équipe seront fournis par le CIO - pour toutes les apparitions officielles de l'équipe (y compris les éventuelles cérémonies de remise de médailles), le drapeau olympique sera hissé et l'hymne olympique joué - une police d'assurance spéciale sera contractée - une procédure adaptée pour les contrôles de dopage sera arrêtée par l'entremise de l'Agence mondiale antidopage (AMA) ; et - la solidarité olympique couvrira les frais de voyage des athlètes olympiques réfugiés ainsi que les autres dépenses liées à leur participation aux Jeux ; la SO continuera de soutenir les athlètes de l'équipe après les Jeux olympiques. - L'équipe olympique des réfugiés sera tenue du respect de leurs obligations conformément à la charte olympique, au règlement du Comité d'organisation des Jeux olympiques et aux règlements et lois de toutes les fédérations internationales concernées. Par ailleurs et dans un autre chapitre, il ne faut surtout pas confondre le statut des athlètes de l'équipe olympiques des réfugiés et celui des athlètes olympiques indépendants ou neutres. En effet, si ces deux types d'athlètes ont surtout comme dénominateur commun le fait qu'ils ne peuvent représenter leurs pays sous les couleurs de leurs drapeaux mais peuvent cependant être engagés dans les épreuves sous la bannière olympique et même être fêtés avec l'hymne olympique en cas de victoire, les athlètes olympiques indépendants ou neutres sont surtout catégorisés tels que tels parce que leurs pays n'ont pas encore de comité reconnu par le CIO ou parce que leur comité national est sous la coupe d'une sanction de suspension ou d'exclusion conformément aux dispositions de la charte olympique ou des règlements des différentes fédérations internationales. Cette catégorie, en fait, est une solution transitaire à la reconnaissance postérieure des comités nationaux ou à la levée ultérieure ou prescriptions des sanctions. Ce statut d'athlète neutre ou indépendant a été utilisé plusieurs fois auparavant par le CIO, à l'instar des participants serbes aux JO 1992 autorisés à concourir sous une bannière neutre suite aux sanctions infligées à leur pays durant la Guerre de Yougoslavie, et également, par exemple, le marathonien Orsor Marial autorisé à courir une semaine avant les Jeux olympiques 2012 vu que son pays le Soudan du Sud n'ait eu son indépendance qu'en 2011. Pour les Jeux olympiques 2016 à Rio, les athlètes koweïtiens ont été autorisés à participer à ces Jeux sous la bannière des athlètes olympiques, indépendants vu la suspension de son comité national olympique pour le CIO en octobre 2015, sanction, par ailleurs, confirmée au début des jeux malgré le recours porté par le Koweït. Et ironie du sort, le Koweïtien Fehaid Al Dechani est le premier athlète de l'histoire à devenir champion olympique le 10 août sous la bannière neutre en tir double trap et l'hymne olympique et non celui de l'Etat du Koweït a été chanté.