L'ex-gardien du club Tunisie a grandi avec l'équipe nationale dans toutes ses catégories, depuis les poussins jusqu'aux séniors. Il était le meilleur à son poste, manquant de peu le Soulier d'or africain attribué alors à George Weah. Sa carrière a été mouvementée mais ô combien riche. Ce keeper exceptionnel entama son parcours footballistique à l'âge de dix ans, au CAB, avec les poussins. Six ans plus tard, il faisait partie de l'effectif des seniors tellement il impressionnait par ses qualités physique et technique. Il est passé par toutes les catégories en équipe nationale. Il était en permanence en concurrence avec Chokri El Ouaer, Dridi (EST) en minimes, puis avec les poids lourds Boubaker Zitouni, Mondher Almia, Slim Ben Othmane, Mondher Ben Jaballah, Sahbi Sebaï, Naceur Chouchane, Slah Fessi... Il se rappelle encore son premier match avec les seniors contre le CSS, gagné 1 à 0, au cours duquel il causa l'expulsion du grand Hamadi Agrebi. C'était lors de la saison 1984-85. Le public cabiste, déçu du carton rouge à l'encontre du milieu sfaxien, avait scandé longuement son nom, refusant la «sentence». Une année plus tôt, en 1984, le CA Bizertin remporta le titre de champion sous la conduite de Youssef Zouaoui. Depuis, le jeune gardien de but du club nordiste n'a cessé de s'illustrer. Il nous dit avoir travaillé dur, depuis toujours pour atteindre son but. la consécration était venue en 1985-1986, lorsque l'entraîneur Jean Vincent le convoqua en E.N. pour joueur en amical au Parc des Princes contre le RC Paris de David Ginola et Halim Ben Mabrouk notamment. «J'ai joué avec cinq générations» Le désormais international et coqueluche du public de l'EN croit, si ses souvenirs sont bons, avoir côtoyé cinq générations. En effet, il commença d'abord par jouer avec les Mohieddine Habita, Tarek Dhiab, Hergal, Bakaou, Hsoumi, Ben Yahia, Maâloul... en équipe nationale. Au CAB, avec les Mehouachi, Larbi Baratli, Ben Doulet, Mansour Shaïek... l'âge d'or du CAB. A ce propos, un de ses entraîneurs, Youssef Zouaoui, reconnaît que Bourchada possédait des qualités exceptionnelles, innées; mais il pense également qu'il n'a pas su exploiter sa vraie valeur comme il se doit et qu'il lui a manqué l'encadrement adéquat lors de son ascension. Pourtant, il est «tombé» sur une excellente génération qui a remporté quatre titres dans les années quatre vingt. Le CAB possédait alors une excellente équipe. Youssef Zouaoui regrette que Bourchada soit passé à côté d'une grande carrière. Il est vrai que sa blessure aux ligaments croisés contre l'équipe d'Algérie en 1989, en amical, y était pour beaucoup dans ce coup de frein. Des horizons prometteurs tombés à l'eau Ayant manqué de peu d'être sacré Soulier d'or africain en 1989 au détriment de George Weah, le Libérien, Bourchada sait aussi qu'il est passé à côté d'une grande carrière. Il était prévu qu'il parte à Dortmund quelques jours après le match amical contre l'Algérie. Outre le club allemand, il était courtisé par l'O Marseille, le FC Metz (France), Bari (Italie) et de grandes équipes tunisiennes. Il était fier que tous les médias s'intéressent à lui. Il a dû être «transporté» à Paris pour se faire soigner. On a pensé alors, dans les milieux sportifs, que sa carrière sportive était terminée. C'était compter sans la volonté de fer du keeper puisqu'il reprenait la compétition en 1991-1992 contre le CA, entraîné par Youssef Zouaoui, alors qu'il pesait 110 kg. Il était heureux de gagner par 2 à 0. La saison suivante, en 93-94, il est rappelé en sélection, dirigée par Y. Zouaoui à cette époque. Chokri El Ouaer était devenu alors titulaire. Déception et... rebondissements «Sous prétexte d'avoir proféré des propos orduriers, plus crachat envers l'arbitre lors d'un match de championnat, les responsables cabistes, de leur propre gré, m'ont infligé une suspension de six mois avant la coupe d'Afrique des nations en 1994», se rappelle-t-il. L'ex-gardien cabiste pense que c'était un coup monté pour l'écarter du club Tunisie. En voulant se défendre de cette sanction et croyant bien faire, il prit un an supplémentaire alors qu'il était aimé par le public tunisien, du Nord au Sud, selon ses dires. Après un an et demi de suspension, Bourchada garde les bois du Stade Tunisien pendant 2 saisons (95-97) puis ceux de l'OKef (98). Ce dernier a joué la demi-finale de coupe de Tunisie et il a évité la relégation après la séparation avec Nabil Maâloul, alors entraîneur. Retour au CAB Quel courage ! L'ex-international ne s'est pas arrêté là. Il est retourné au CAB en 1999 lorsqu'on a instauré le système à deux poules avec play-off et play-out. Les Cabistes étaient entraînés par Hervé Revelli, puis par Amor Dhib. Au cours de la même saison, Bourchada alla prêter main-forte à l'OMédenine, ne jouant que deux matches avant de rejoindre Lissakitcki, un club de division d'honneur en Hongrie, où il était surnommé «Kapuch tunisien» ,c'est-à-dire le sorcier tunisien, suivant l'intéressé lui-même, et avec lequel il accèda en première division. Cette volonté de réussir n'a pas laissé Salah Chellouf, son coéquipier des années de gloire, indifférent. Il regrette que l'ex-gardien international du CAB n'ait pas eu de chance dans sa carrière. Il pense que sans sa blessure aux ligaments croisés et au ménisque, Ahmed Bourchada aurait été le meilleur gardien tunisien des trente dernières années, tout comme Attouga, Abdallah, Tabka, Dérouiche et Kamel Karia qui ont marqué leur temps. Il aurait même aspiré à une carrière professionnelle à l'étranger. Reconnaissance ! Ahmed Bourchada remercie, pour son dernier mot, Abderrahmane Ben Hassine (dit Sabouren), feu Houchine El Bez, feu Ali Khamlia, Mohamed Belhadj, Hédi Méliani et bien d'autres, des dirigeants et entraîneurs qui lui ont prodigué plein de conseils tout au long de sa carrière.