Youssef Chahed voulait une session parlementaire exceptionnelle pour faire voter les lois qu'il estime urgentes. Mohamed Ennaceur consulte les hauts cadres du Parlement en prévision de la 3e session parlementaire ordinaire qui doit démarrer en octobre prochain. La synchronisation gouvernement-Parlement aura-t-elle vécu ? La session parlementaire exceptionnelle devant se dérouler au cours du mois de septembre ou ce qui en reste et exigée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et par plus de cent députés nahdhaouis et nidaïstes, est toujours dans l'expectative. L'on savait que le chef du gouvernement a adressé à Mohamed Ennaceur, président du Parlement une correspondance officielle lui demandant de convoquer une session parlementaire exceptionnelle afin que le nouveau gouvernement puisse faire voter les lois qu'il considère comme les plus urgentes et entamer, sur des bases solides, l'application des orientations contenues dans le Pacte de Carthage et aussi les dispositions annoncées dans son discours d'investiture. Lundi, 5 courant, les députés étaient convoqués pour le démarrage de la session en question. Sauf qu'ils découvrent en investissant le palais du Bardo que ce sont bien les membres des commissions parlementaires qui étaient invités par Mohamed Ennaceur pour discuter la recomposition du bureau de l'Assemblée et non pour décider du calendrier des projets de lois à voter lors de la session parlementaire exceptionnelle. Mohamed Ennaceur répondait, en effet, à un début de rébellion annoncée par Ennahdha qui lui reproche de recruter des salariés au Parlement comme bon lui semble et demande que ces recrutements soient du ressort du bureau de l'Assemblée dans son intégralité. On peut attendre pour la synchronisation La rencontre du lundi, 5 septembre, s'est transformée en une réunion de la commission des compromis qui n'a abouti à rien de concret et les députés présents se sont séparés en se donnant rendez-vous après les vacances de l'Aïd El Kébir, en vue de voir ce qu'ils pourront faire au cours de la deuxième quinzaine du mois de septembre: continuer à discuter l'amendement du règlement intérieur de l'Assemblée ou décider du démarrage effectif de la session parlementaire exceptionnelle. Hier, Mohamed Ennaceur les a informés de ce qui les attend quand ils retourneront au palais du Bardo. Et c'est Hassène Fathalli, le responsable de l'information à l'ARP, qui a assuré, hier, la mission d'éclairer la lanterne des députés. Ainsi, on apprend que les réunions, tenues «récemment par le président de l'ARP, s'inscrivent dans le cadre des préparatifs de la troisième session parlementaire ordinaire prévue pour octobre prochain». La première conclusion à tirer : il n'y aura pas de session parlementaire exceptionnelle d'ici fin octobre prochain, date du démarrage de la troisième session ordinaire. Et Hassène Fathalli d'ajouter: «Les réunions tenues par Mohamed Ennaceur avec les hauts cadres du Parlement ont planché sur les prochaines échéances législatives, dont en particulier le projet de loi de finances complémentaire pour 2016, le plan de développement 2016/2020 et le projet du budget de l'Etat 2017». Les choses sont donc claires: le Parlement fonctionnera à la normale comme si la situation n'exigeait pas de changer les méthodes d'action au sein du Parlement. On croyait que l'heure de la synchronisation action gouvernementale-action parlementaire a bien sonné quand les députés ont accordé massivement leur confiance au gouvernement Youssef Chahed. Mais la donne a bien changé depuis le 31 août dernier, jour d'investiture, et en moins de deux semaines Youssef Chahed et ses ministres ont vécu beaucoup de moments difficiles, le plus souvent œuvres des partis qui sont censés soutenir le gouvernement d'union nationale. Et les exemples ne manquent pas, à commencer par Ennahdha dont le président multiplie les menaces de retirer ses ministres du gouvernement au cas Youssef Chahed ne respecterait pas le fameux Pacte de Carthage comme le comprennent les dirigeants nahdhaouis. Quant aux nidaïstes, ils s'empêtrent de plus en plus dans leurs divisions en multipliant les pressions sur Youssef Chahed en prévision des prochaines nominations. Aux Berges du Lac, certains dirigeants implorent le président de la République et l'exhortent à intervenir pour sauver «la barque qui menace de couler», comme le souligne Faouzi Elloumi, l'un des fondateurs du parti.