Il faisait très bon ce soir-là à Sousse. La Médina était très bien animée, surtout du côté de la Grande mosquée et du Ribat. Au cours de cette vingt-cinquième nuit du mois saint et dans l'autre rive de cette Médina était programmé l'avant-dernier acte de la onzième session du festival ramadanesque. Il s'agit du concert de l'artiste tunisienne Najoua Ben Arfa qui est diplômée de l'Institut supérieur de musique de Tunis. Elle a exercé en tant que violoncelliste au sein de l'Orchestre symphonique de Tunis et de la Rachidia. Cette musicienne dispose également d'un répertoire personnel respectable. Pour son concert à Dar Echaraâ, Najoua Ben Arfa était accompagnée de cinq musiciens très talentueux. Il s'agit de Nabil Zommit, l'actuel chef d'orchestre de la troupe de la Radio tunisienne (violon), Samir Ferjani (flûte et flûte traversière), Kaïs Sfar (qanoun), Mohamed Rouatbi (piano) et Hatem Hmila (percussion). Le spectacle commença avec un samaï du grand musicien tunisien Mohamed Triki avant l'entrée sur scène de la vedette de la soirée Najoua Ben Arfa. Cette dernière a concocté un programme composé de chants tunisiens, orientaux et occidentaux traduits en arabe. Elle a tenu à rendre hommage au poète Abdelhamid Khraïef. C'est ainsi qu'elle débuta avec Derb ezzamen qu'elle composa sur des paroles du poète honoré. Notre artiste poursuivit avec le chef-d'œuvre de Naâma, Zaâma ysafi eddahr (Mahmoud Bourguiba et Mohamed Triki). Cette mélodie fut précédée d'un solo succulent de Nabil Zommit. De Naâma, Najoua Ben Arfa passa à Zakaria Ahmed en interprétant «El wardi gamil», cette chanson fut d'ailleurs également chantée par Sayed Mekkaoui et Suzanne Attia. Au tour suivant, Najoua chanta un air peu connu de Faïrouz. Pour ce passage, c'est Samir Ferjani avec sa flûte traversière qui l'accompagna. Najoua Ben Arfa enchaîna avec Faïrouz en gratifiant l'assistance de la fameuse «Aatini ennay wa ghanni» dont les paroles sont celles d'un grand de la littérature arabe, à savoir Jebrane Khalil Jebrane. Notre cantatrice y a fait montre d'énormes potentialités vocales tout en empruntant un rythme qui en dit long sur son expérience musicale. Elle synchronisait avec l'orchestre très aisément. Après Faïrouz, elle revint au tunisien avec «Zahr el banafsej» écrite, composée et chantée par l'inoubliable Ali Riahi. Najoua enchaîna avec «Strangers in the night», du légendaire artiste américain Frank Sinatra, qu'elle chanta avec le dialecte libanais sous le titre «Ghouraba fi ellil». Passage par la suite à Salah Abdelhay et son œuvre Habibi houa qui fut précédée d'un joli solo au qanoun de Kaïs Sfar. Le second air occidental fut l'espagnol «Qui zass» interprété toujours avec le dialecte libanais «Toura, toura». Sur proposition du public, l'avant dernier chant de la soirée fut «Ya zahratan fi khayali» que Férid Latrach interpréta dans son film Habib el omr en 1947. Najoua Ben Arfa clôtura son concert, accompagnée de son orguette, avec un second chant de son répertoire personnel intitulé «Intidhar», poème écrit par Abdelhamid Khraïef. Le passage de Najoua Ben Arfa à Dar Echarâa de Sousse ne sera pas oublié de sitôt. C'est une artiste capable d'aller de l'avant. Elle a largement la capacité de le faire. Avant de conclure, nous voulons mentionner la présence régulières au cours des soirées du festival de la Médina de la pionnière des professeurs de musique à Sousse, Mme Habiba Chtioui. Malgré son âge, elle assiste fréquemment aux différentes manifestations culturelles organisées à Sousse durant toute l'année. Enfin, il y a lieu de noter la bonne qualité de la sono qui a beaucoup aidé les musiciens dans leur mission.