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Les Bouyssonie
ENTRETIEN À QUATRE VOIX
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 10 - 2016

Elles sont quatre, comme les filles du docteur March, unies comme les cinq doigts de la main, partageant la même passion pour leur travail de designer qu'elles exercent, chacune de son côté et toutes ensemble à la fois
L' histoire tunisienne d'Adrienne, Aurélia, Camille et Isaure Bouyssonie est une histoire qui remonte à trois générations. Un arrière-grand-père travaillant à Sfax du temps du protectorat y laissa amis et souvenirs. Un grand-père, lui aussi fort attaché à cette ville du Sud, qui continua d'y venir jusqu'à il n'y a guère longtemps. Le père, brillant ingénieur, avait rencontré au lycée à Evian où il poursuivait sa scolarité une «ancienne de Tunisie». Tous deux n'eurent de cesse d'y revenir s'y installer avant de «monter» à Tunis avec leurs trois filles.
Là commence le temps d'Adrienne
«Je suis tunisienne depuis cinq générations. Mon père est né au Kef, et écrivain poète signait ses ouvrages Sicavenier en hommage à cette ville. L'un de ses livres a d'ailleurs été réédité par Elizabeth Daldoul sous le titre de «Bamboche à Tunis». Adolescente, nous sommes partis à Evian où mon père enseignait, et là j'ai rencontré Olivier Bouyssonie, lui aussi tunisien depuis cinq générations. Nous nous sommes mariés, avons travaillé en France, aux USA sans jamais réussir à oublier la Tunisie, et Sfax
Ils y sont donc revenus, Olivier Bouyssonie reprenant le chantier naval de son père, Adrienne s'occupant de ses trois petites filles. Puis montèrent à Tunis où Adrienne créa «Equilibre», ligne de design et d'art artisanal, en l'an 2000.
«Il s'agissait de faire connaître l'artisanat tunisien sur le marché international. J'ai surtout développé le travail du cuivre, détournant les éléments utilitaires en objets décoratifs, adaptant de grands plateaux en tables. A l'exportation, cela marchait bien. Si bien que j'ai eu besoin d'aide, et que ma fille Camille est venue me rejoindre.»
Voici venu le temps de Camille
«A priori, je n'avais rien à voir avec ce domaine. J'ai fait des études d'ingénieur du son, et avais monté une boîte de postproduction. C'était l'époque du grand boum de la publicité en Tunisie, et l'ouverture de nombreuses agences de communication. Mais très vite j'ai voulu sortir de ce milieu, tout en souhaitant remonter quelque chose. Nous avons alors créé Zina avec ma mère, en 2005, un tout petit espace dans le garage de Ferid Boughedir, qui rencontra très vite du succès. Notre style consistait à allier la tradition, le savoir-faire des artisans tunisiens avec une esthétique méditerranéenne. Des revues comme Côté Sud nous ont offert la couverture, et l'exportation a suivi.»
Avec sa mère, Camille fonctionne en parfait binôme. Elle discute, corrige ou valide les créations d'Adrienne, mais surtout elle prend en charge la gestion, les formalités, l'export. Et dans la foulée se marie avec un ami de sa sœur vivant lui aussi en Tunisie, travaillant dans le textile, et qui, très vite, s'embarquera dans l'aventure Bouyssonie.
Zina grandit, se développe, s'installe dans un espace plus vaste à La Marsa. Adrienne, la mère, décide alors de construire sa maison à Gammarth. Tout naturellement, elle fait appel à sa fille Aurélia, architecte de son métier. Celle-ci vient, dessine la maison, s'installe pour surveiller les travaux, puis s'installe tout court.
Voici à présent le temps d'Aurélia
«Architecte, je travaillais à Paris. La maison de mes parents était mon premier projet personnel, et c'est celle qui a permis de me faire connaître. C'était la première maison contemporaine à l'époque, elle a été publiée par des revues d'architecture et de décoration. J'ai pris pour référence le Borg Sfaxien : le style de cette maison très moderne fait allusion de façon très subtile aux codes de l'architecture traditionnelle.»
Mais Aurélia, elle aussi, souhaite sortir de ce métier d'architecte pur et dur où l'on est forcément confronté aux rêves souvent irréalisables du donneur d'ordre, à la multiplicité d'intervenants, aux impondérables indépendants de toute volonté.
«C'est un métier difficile, mais notre formation nous permet de naviguer à travers plusieurs domaines. Moi, ce qui me plaît, c'est le travail bien fini. Les personnes que j'ai rencontrées dans ma vie d'architecte m'ont donné envie de continuer à travailler avec elles, dans un rapport plus direct, et de poursuivre avec elles les chemins de la qualité.»
Elle se lance donc dans le design, dessine des meubles, des vasques de marbre, des objets, des tapis, retrouve le marbrier, l'ébéniste, le ferronnier avec qui elle avait collaboré, crée une ligne qu'elle expose chez Musk and Amber. Ce qui ne l'empêche guère de construire sa maison et celle de ses sœurs toutes regroupées autour de la maison mère.
Et pour finir le temps d'Isaure
Isaure poursuivait des études de design industriel en Suisse, dans la très prestigieuse école de design ECAL. C'est d'ailleurs là qu'elle rencontra Marlo Kara, Suisso-Grec, qui devint son époux. A eux deux, une fois sortis de l'école, ils dessinèrent une série de tapis qu'ils décidèrent de faire fabriquer... en Tunisie bien sûr. Au bout d'un moment, lassés des allers et retours nécessaires pour surveiller la production, ils décidèrent que ce serait plus simple de s'installer à Tunis. Ils créent une maison d'édition sous le nom de Marlo et Isaure.
«Nous avons invité des designers étrangers, la plupart issus de notre école, de travailler sur un matériau tunisien, avec un regard contemporain. Leurs créations sont réalisées en Tunisie, par des artisans tunisiens. C'est ainsi que nous avons un miroir dessiné par Nicolas Lemoigne, un sofa créé par Zanellato / Bortotto, des assiettes de Julie Richoz, des tapis par A3STUDIO, et bien sûr des meubles de Marmo Spirito qui est la marque d'Aurélia, ainsi que des meubles, des objets, des tapis de Marlo et Isaure. »
Toutes ces collections n'étaient, jusque-là, destinées qu'à l'exportation. Marlo et Isaure participaient à toutes les grandes rencontres internationales, le salon Maison et Objet à Paris, celui de Wanted Design à New York, portant les couleurs d'un made in Tunisia contemporain de qualité.
«Nous avons eu envie d'avoir de la visibilité et de réunir la jeune scène tunisienne, aussi avons-nous ouvert Super Souk. Cet espace invite une vingtaine de jeunes créateurs à exposer, aux côtés de nos créations. Ce sera un espace dynamique, où l'on communiquera sur chaque créateur et où on enchaînera les évènements».
Les quatre Bouyssonie sont, bien sûr, présentes dans cet espace, mais aussi les designers étrangers qu'elles ont invités et les créateurs tunisiens auxquels elles souhaitent faire place.


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