Exposition «Transfiguration(s)» de l'artiste Slim Gomri à la galerie Musk and Amber jusqu'au 29 octobre. Partir d'un philodendron, à moins que ce soit d'un rhododendron comme sujet et objet d'inspiration est pour le moins insolite et inattendu. Et personne, mis à part Slim Gomri bien sûr, n'aurait pu imaginer les extraordinaires ressources et potentialités de cette plante d'appartement. Tout est dans le regard bien sûr, et celui de Slim Gomri, photographe, fils de photographe, ayant grandi à l'ombre du laboratoire paternel, sait découvrir les univers cachés dans la triviale simplicité du quotidien. Galerie Musk and Amber, l'artiste investit les cimaises, mais aussi les plafonds de ses structures de tôles vieillies, martelées, découpées. Il y redessine son univers mental, celui du philodendron qui déploie ses feuilles et ses racines, ses strippes et ses nervures dans son espace clos, celui de son imaginaire, de cette «transfiguration» qu'il a offert comme nom à son exposition, et pour laquelle il hésite entre le singulier et le pluriel, vous offrant le choix. Pour arriver à cette découverte esthétique à huis clos, à ce choix de l'infiniment petit, Slim Gomri a commencé par parcourir le vaste monde dans un chemin de «curiosité plastique agissante», selon la jolie formule de Aïcha Filali qui poursuit : «Toutes ces expériences mises bout à bout, et fort de ce qu'il a capitalisé à travers son regard, Slim va se recentrer sur son environnement proche et se focaliser sur... la plante d'intérieur qu'il côtoie depuis quelques années : un philodendron aux racines aériennes et aux grandes feuilles largement ajourées». Ce philodendron magique, qui joue merveilleusement des éclats, des vides et des pleins, des ombres et des lumières, se révèle extraordinairement photogénique, mais aussi remarquable sujet de sculpture dans l'espace : l'artiste lui offre transparence et légèreté, ce qui aurait pu sembler incompatible avec le matériau utilisé : de la tôle vieillie, noircie, patinée, à laquelle ses découpes et circonvolutions donnent une barbarie contemporaine, une sophistication primaire, une étonnante modernité. Ce qui aurait pu n'être qu'une version anecdotique de la fable de Jack et le Haricot géant, ou une réinterprétation d'une récup éculée se révèle une voie royale, d'art et de design bien compris.