Malgré les précautions,les choses laissent encore à désirer... Le public de retour au stade ? On en parle, mais, au vu de certains comportements, la décision demeure difficile à prendre. En effet, il s'agit d'une décision qui relève de la plus haute importance étant donné les engagements qu'elle implique à tous les niveaux. La Tunisie, et pas seulement le sport tunisien, commence à peine de se relever des contrecoups d'une révolution qui a vu bien des valeurs voler dans tous les sens. Ces rassemblements qui se forment dans les stades sont, ou étaient pour être plus positifs, l'occasion de manifester et de «foutre la pagaille» (nous nous excusons pour l'expression) par l'intermédiaire des agitateurs professionnels infiltrés, sans courir beaucoup de risques. Ce sont les clubs qui, étant en première ligne, subissaient les aléas de ces agissements irrationnels. Les mesures prises, après la levée du huis clos, pour ne permettre qu'au public du club recevant d'assister aux rencontres ont, un tant soit peu, allégé la pression, mais il a fallu un sacré tour de vis, beaucoup de sang-froid et un savoir-faire remarquable, de la part du service d'ordre pour que les dispositifs mis en place soient aussi opérationnels que rationnels. Malgré ces précautions, les choses laissent encore à désirer. La saison s'est terminée dans une relative accalmie, mais il faudrait avouer que tout n'était pas parfait. Depuis la finale de la Coupe de Tunisie qui s'est terminée sur des dégâts matériels que le perdant a été certainement obligé de payer, une promesse de revoir la situation a relancé l'espoir de revoir nos installations sportives vibrer à leur rythme habituel. On semble s'acheminer vers une éclaircie. On pense ajouter 20% du nombre de billets permis aux clubs recevants. Un début de solution, mais qui continuera à faire planer ce doute et ces précautions que les autorités sont obligées de prendre pour éviter les violences. Cela suppose-t-il que notre public est violent ? Non. Notre public n'est pas violent, mais il est mal contrôlé. Le fait d'instaurer la billetterie électronique est un début de solution pour les stades qui pourraient le généraliser si les installations sportives et la logistique étaient capables de suivre. Et ce n'est pas acquis d'avance. Les clubs qui souhaitent avoir plus de public pour accroître leurs maigres ressources sont bien obligés de composer avec cet argument qui fait que le risque est plein et entier. Dans ce contexte bien précis, ce n'est pas la volonté des dirigeants locaux qui est en cause, mais bien cette ambiance malsaine qui s'instaure aussitôt que le club recevant est dans une situation difficile. Cette agitation est le plus souvent indépendante du club qui est bien obligé d'en tenir compte pour s'éviter les complications. C'est donc le comportement de ceux qui ne sont là que pour créer ces problèmes qui est à craindre. En effet, il est extrêmement difficile de filtrer le public pour écarter les fauteurs de troubles car cela exige beaucoup de moyens, un travail supplémentaire pour le service d'ordre, et des dispositions à prendre en amont pour encadrer ces supporters qui sont là pour encourager leurs favoris mais aussi pour se défouler. Nos stades, qui sont incapables d'offrir une pelouse acceptable, pourraient difficilement mettre en place un système de contrôle conséquent et réellement utile. Bien entendu, dans l'absolu, le retour du public est souhaitable pour l'intérêt bien compris de toutes les parties prenantes, mais il faudrait instaurer des conditions qui éviteraient tout éventuel débordement à l'heure où le pays traverse une passe difficile. Il faudrait donc éviter d'aller au-devant d'un sentimentalisme, que l'on pourrait regretter. Si un public au nombre réduit est incapable de se contrôler pour une erreur d'arbitrage qu'en sera-t-il au cas où le phénomène de la foule jouerait pleinement ? On pourrait comprendre que l'on voterait pour un retour du public, sans lequel le sport (tous les sports) perd de son attrait, mais à des conditions bien précises. Un retour progressif serait de nature à donner à toutes les parties prenantes la possibilité de garder bien en main la situation. Il n'en demeure pas moins que la possibilité d'accepter le public d'en face est une éventualité qu'il ne faudrait pas écarter, en réservant un quota, rien que pour les abonnés des clubs visiteurs. Cette frange du public est censée être connue, répertoriée et facile à repérer. Une façon d'encourager l'acquisition des abonnements qui constituent de l'argent frais dont les clubs ont besoin.