Le public reviendra mais pas à n'importe quel prix. Il faudra affronter courageusement ce dossier Le championnat qui va venir va-t-il se dérouler sous silence ? Là, nous parlons d'un acteur-clef en football : le public. L'année dernière, on a bien commencé avec des journées jouées en présence d'un public pas très nombreux mais suffisant pour que le championnat ait un sens. La tragédie du stade Port Saïd en Egypte a obligé la Ligue et la FTF à décréter un huis clos de fait, souci de sécurité oblige. On a pu suivre ce qui s'est passé après, inutile de revenir là-dessus. Et cette saison ? Allons-nous rejouer dans de telles conditions et vivre un spectacle morose ? Va-t-on voir les quelques dizaines de supporteurs locaux rentrer dans les gradins et faire leur loi sous le regard impuissant des forces de sécurité? D'après nos sources, le huis clos va être levé pour de multiples raisons : -D'abord il y a les clubs qui revendiquent le droit à la billetterie et à quelques fonds qui les aideront à sortir du gouffre financier. Nos clubs ne sont plus prêts à sacrifier une année de plus les recettes des stades (même si les sommes n'étaient pas colossales). -Il y a ensuite une volonté partagée par tout le monde de faire revenir le public aux stades. Cela voudra dire que le pays est en train de retrouver son équilibre. On ne pense pas que le ministère de l'Intérieur , avec tout son arsenal logistique et son expérience des stades , est incapable de bien organiser les matches. Cela dit, on ne fera pas rentrer le public n'importe comment . C'est essentiel pour que le projet réussisse. Un retour massif du public comme avant , ce n'est pas dans l'agenda de toutes les parties prenantes. Et même le retour progressif et dosé des supporteurs devra suivre des mesures spéciales pour garantir la sécurité des joueurs et des clubs (les journalistes aussi). Quelques tendances qu'on a pu recueillir de sources officielles. Abonnements et identité sportive La prochaine saison va se jouer normalement avec le public. Mais ce sera un retour contrôlé avec un nombre étudié. Le critère ? C'est l'importance et la sensibilité du match lui-même. Dans les matches qui se déroulent dans les régions, le public visiteur n'aurait pas le feu vert de s'y rendre ( et vice-versa au retour). Le nombre sera en fonction de la capacité d'accueil du stade et seuls les abonnés vont avoir accès aux matches. Le problème qui se pose dans ce cas est qu'il y a beaucoup de clubs où le nombre des abonnés est très faible, voire inexistant. Que faire dans ce cas alors ? Une autre mesure qu'on devra appliquer : les mineurs (moins de 18 ans) n'accéderont pas aux stades dans un premier temps. La raison est que ces jeunes sont responsables de la violence dans la plupart des cas. Ils sont protégés par leur statut de mineur en cas d'arrestation. En même temps, le ministère de l'Intérieur est prêt, semble-t-il , pour contrôler nettement mieux le stade (arène du match et main courante) et les alentours du stade. Plus question alors que quelques délinquants prennent en otage tout un match. La dernière mesure qu'on tenterait d'appliquer la saison prochaine, petit à petit, est la carte d'identité sportive qui permet seulement à son détenteur de rentrer sur un stade. Et là, nous pensons que c'est quelque chose de difficile à court terme. Il faudra qu'on ait une base de données sur les supporteurs avec une sorte d'historique sur les éventuelles infractions (une sorte de B3 sportive). Le public reviendra pour sauver le football tunisien d'une autre saison fade et ennuyeuse, mais il faudra être très sévère avec tous ceux qui ont appris à mettre du feu dans le paysage sportif et avec ceux qui viennent au stade pour faire exploser leurs complexes et réflexes de violence. Ces deux prochaines semaines vont voir beaucoup de réunions entre clubs, LNFP, FTF et ministère de l'Intérieur à ce sujet. Une chose est sûre : il est temps qu'on lève le tabou à ce sujet !