«La Tunisie a vécu plusieurs expériences avec des gouvernements successifs, mais les résultats se font rares. Ce qui pourrait sauver le pays, ce sont les associations et les citoyens impliqués et mobilisés» Une rencontre internationale se déroule à Tunis actuellement et sur deux jours portant sur le thème : «Démocratie locale et bonnes pratiques à l'épreuve des deux rives de la Méditerranée». C'est un événement coorganisé par Lam Echaml, un regroupement né en 2011 d'associations et de citoyens tunisiens, et par nombre d'organismes européens comme l'Alda, Coppem et Arlem. Au cours de cette rencontre à laquelle prennent part des invités internationaux, des thèmes comme la gouvernance locale, les services publics, la participation citoyenne en Méditerranée ou encore l'éducation au développement seront débattus. L'objet de la rencontre annoncé par les organisateurs est de donner suite à une première réunion organisée en octobre 2015 sur la démocratie participative qui était alors de facture théorique. Cette fois, il s'agit d'un rendez-vous qui se veut opérationnel. Des associations des pays du pourtour de la Méditerranée ont été invitées à communiquer sur leurs expériences respectives associées au concept de démocratie participative. La finalité étant d'échanger les expériences. Côté tunisien, la démarche n'est pas innocente, apprend-on, puisque la Tunisie s'apprête à aborder la troisième étape de la transitions démocratique avec les élections municipales à la clef, ainsi que l'examen à l'ARP du nouveau code des collectivités locales. Déception de l'élite politique Lam Echaml, une structure implantée sur le territoire, a organisé avec ses 22 clubs des forums de discussion au cours desquels sont expliqués à la société civile régionale et aux citoyens impliqués des thèmes comme la nouvelle réorganisation du territoire, le développement régional, les textes de lois qui existent ainsi que les expériences comparées. Moncef Ben Slimane, président de Lam Echaml, analyse à La Presse le sens de la démarche; «au niveau des régions et des grandes villes, nous avons constaté un haut niveau d'implication dans la question de la démocratie locale et de la participation citoyenne, «ceci ne veut pas dire que nous avons réussi», a-t-il nuancé. Selon lui, la prise de conscience demande du temps pour faire prendre conscience au citoyen de ne pas jeter du papier par terre, de respecter son voisin, de faire la queue pour acheter du pain et de ne pas embêter les filles dans la rue. Il faut que l'école, le cinéma, la culture d'une manière générale et les médias contribuent pour inculquer cette éducation au citoyen tunisien, préconise-t-il Et que représentent les municipales pour la société civile ? (question de La Presse) : «C'est ce qui va sauver la Tunisie, ou l'enterrer définitivement», répond-il sans détour, et de poursuivre : «La Tunisie a vécu plusieurs expériences avec des gouvernements successifs, mais les résultats se font rares. Ce qui pourrait sauver le pays, analyse-t-il encore, ce sont les associations et les citoyens impliqués et mobilisés. Il ne faut pas que les municipales deviennent un simple calcul et un commerce juteux pour que les responsables obtiennent des postes, des voitures et des bons d'essence, ce qui est le cas de plusieurs hommes politiques et de certains députés malheureusement. Espérons que les déceptions occasionnées par l'élite politique seront corrigées par l'élite associative». Joignons-nous à ce vœu pour mettre de l'ordre dans la maison Tunisie.