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Naviguer sur les flots en crise exige de penser autrement !...
Le mensuel de La Presse : Automnes… Le chemin des rentrées
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 09 - 2010


Par Tahar EL ALMI (Dr en économie)
Globalement, au niveau de l'activité économique mondiale, la rentrée économique et sociale est pour le moins houleuse. La morosité revient après l'euphorie printanière et le farniente estival. Cela a toujours été ainsi
Aux Etats-Unis, le taux de croissance du PIB a été «réajusté»  à la baisse, 1,6% en rythme annuel contre 2,4% pour le deuxième trimestre 2010. Pour les économistes «lucides» l'euphorie de début d'année ne pouvait pas se poursuivre… dans la cacophonie des politiques économiques divergentes des pays industriels et des pays émergents. Entre les plans de relance budgétaire des uns, l'austérité des autres et «l'envol (éphémère ?)» de l'économie chinoise, c'est le sentier d'une reprise soutenue et stable qui reste pour le moins chaotique.
Bien sûr, chacun peut constater que les tendances porteuses poursuivent leur chemin dans les pays industriels. Entre un marché immobilier qui ne parvient pas à se redresser, un chômage longue durée reste fort, et une consommation privée chétive, la demande intérieure reste déficiente pour impulser une reprise de l'activité et l'investissement. Résultat des cours, les échanges mondiaux restent volatiles et réduits au strict minimum.
Les Etats-Unis réalisent 20% du PIB mondial et de fait, les perspectives économiques globales seront mauvaises si l'activité dans le numéro un mondial n'est pas entraînante, d'autant que la Chine, numéro deux mondial, par peur des tensions inflationnistes, ralentit volontairement son économie en surchauffe par la hausse de ses taux de l'intérêt. Résultat des courses, l'Europe reste plombée par les dettes publiques et par un chômage élevé, devenu incompressible, par le manque de coordination des politiques économiques des pays de la Zone Euro.
Corrélativement, sur le plan financier, c'est le désendettement et de l'épargne privée qui priment pour une dette publique jugée trop massive par les tenants de l'orthodoxie monétariste. En toile de fond, les agences de notation (qui étaient absentes à la veille de la crise financière de 2007-2008) se remettent en course pour «remettre en cause la notation triple A des grands pays développés… si la situation ne s'améliore pas». Maintenant, elles sont redevenues présentes et biens présentes : «elles ont prévenu». On ne peut plus les blâmer… Même si elles «tirent sur des ambulances» à boulets rouges, contre les pays qui pratiquent des politiques de relance keynésiennes. Il faut dire aussi que les marchés financiers (qui étaient à l'origine de la crise initiale) prennent le relai pour «imposer leur dictat». Autre résultat des courses, les taux de l'intérêt et de rendement s'aplatissent, les taux de change, devenus trop volatiles dictent leur loi pour désorienter les échanges et les cours des matières premières…
A l'heure où j'écris ces lignes, on peut constater que la panoplie de la politique de relance des Etats-Unis, au Japon, et dans les pays de la Zone Euro, avec tous ses instruments a été utilisée. La politique monétaire plafonne avec des taux d'intérêt au plus bas, la politique budgétaire reste tributaire d'une dette publique qui «empêcherait (selon certains)» tout plan de relance «supplémentaire», et les politiques de change restent tributaires de l'humeur des marchés et des mouvements de capitaux «spéculatif» à l'écoute de «tout écho qui leur parvient de l'économie réelle».
Pour un pays, comme la Tunisie, ouvert aux échanges (à 80% orientés vers les pays de la Zone Euro), nous l'avons écrit depuis des mois, la crise financière (comme celle de 2007), puis économique (comme celle de 2008) et à répétition (depuis 2009), «ne se résout pas en quelques mois».
La Tunisie, malgré ses bons fondamentaux macroéconomiques, vit et subit une véritable crise mondiale systémique, qui, par certains aspects pourrait ressembler à celle des années 1929-1930-1932, amplifiée par une globalisation et une mondialisation poussées à l'extrême, sans garde fous.
L'histoire des faits économiques est là pour nous le rappeler : il ne faut pas moins d'une décennie pour en sortir, sans «guerre mondiale», mais non sans changement de modèle économique avec en prime, «une remise en cause du pouvoir mondial».
Le scénario le plus probable pour les quelque six mois à venir, est donc celui d'une croissance «chétive», dans la Zone Euro, contrainte par une demande intérieure molle et un chômage élevé, par la dette publique et une politique monétaire sans effets sur l'activité et sur l'investissement privé.
«Nul moyen de s'en sortir sans changer les fondamentaux de l'Etat providence» en matière de production, d'emploi, d'innovation, de l'environnement des affaires et des entreprises.
Certes, la mode, depuis trois décennies est (encore ?), au «mal fonctionnement» de la gouvernance publique, notamment, par la faute d'audit de ses missions et de son organisation. L'Etat omniprésent reste porté par l'inertie administrative, dommageable à l'initiative privée créatrice de richesses réelles. Mais les institutions publiques ne sont pas les seules responsables de la crise. Au contraire, leur «absence systémique» dans les pays dits «libéraux», ces institutions n'aient rien prévu, et rien contrôlé (par leur nature), se fiant aux lois du marché, sans vérifier «ni leur bien-fondé, ni leur application réelle».
Cependant, nous devons nous garder de sacrifier à la mode de la dérégulation et de phraséologie libérale pour laquelle l'Etat est toujours l'ennemi. L'histoire des faits économiques a montré combien un secteur privé efficace avait comme préalable un Etat, éclairé, organisé et régulateur qui permette la sécurité des échanges et atténue les cycles financiers sur la consommation et sur l'investissement.
Récemment, Jean Paul Fitoussi, avait, dans un entretien (L'expansion du 25/08/2010) avait estimé que pour s'en sortir, il faudrait «changer de modèle économique, car le capitalisme (anglo-saxon) orienté vers le tout financier et vers le productivisme à tout crin, a clairement fait faillite ». Il affirme, « qu'il est nécessaire de changer de croissance. (…) Elle devra devenir plus durable, plus globale (intégrant l'appétit chinois, indien, brésilien et autres pour les ressources, tenant compte des avancées salariales, sociales et de consommation de ces émergents), plus soucieuse d'économiser les ressources et d'optimiser les moyens de production rares (matières premières, brevets, savoir-faire et spécialistes), plus préoccupée du besoin final du client que du rendement aux actionnaires».
Ce qui revient à reformuler les protocoles de politique économiques en intégrant la remise en cause profondément du keynésianisme (routinier ?) des Etats depuis 1945.
Fondamentalement, la relance par les dépenses publiques ne produit pas par elle-même de la croissance, mais par les effets induits qu'elle génère sur la demande intérieure et sur l'activité… le secteur privé prenant le relai… pour enclencher un processus cumulatif vertueux. Ce qui repose la problématique de l'environnement de l'entreprise et des affaires, notamment en période de crise.
L'investissement public d'infrastructure ciblé est efficace, comme les filets sociaux de redistribution constituent «des amortisseurs efficaces» anticrises. Même s'ils ne créent ni emplois ni innovation, ils constituent l'articulation de la politique sociale de marché, cadre général du schéma de développement… à l'opposé des dépenses de fonctionnement qui engloutissent une part majoritaire du budget, au détriment des dépenses d'investissement privé productif en générant les effets d'éviction de ce dernier. En accaparant trop de ressources financières, les dépenses publiques de fonctionnement réduisent la capacité de financement des investissements privés productifs créateur d'emploi et de richesses réelles. A moins que le système «se rattrape» par de l'inflation.
Ces trois années de crise économique et financière, nous ont permis de tirer la leçon : la plupart des agents économiques (ménages et/ou entreprises) ont perdu leurs marges de manœuvre, ce qui les rend vulnérables à la rechute conjoncturelle majeure et à la tentation de remettre en cause la cohésion sociale si chèrement acquise.
Or, c'est à l'Etat, par la réactivité de sa politique économique contracyclique et par sa politique sociale, qu'il revient d'arbitrer entre les agents, entre les générations pour orienter l'expansion.
Pour la Tunisie, comme ailleurs, le nouveau cycle d'expansion ne pourra décoller qu'au prix d'un changement de ces perspectives.
Cette contre-révolution économique, technique, sociale et mentale prend du temps. Elle s'effectue en général sur une génération.
Mais n'est-ce pas là l'essence même du consensus à la tunisienne ? Il a très bien fonctionné pendant quelque trente siècles, il fonctionne encore très bien aujourd'hui.


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