Malgré la directive du ministère interdisant tout châtiment corporel à l'encontre des élèves, les enseignants ont-ils décidé de braver la loi pour rétablir l'ordre dans leur classe? La punition corporelle est-elle de retour? Au cours du mois écoulé, au moins trois enfants ont été frappés par leurs enseignants dans leurs établissements respectifs. Ces derniers présentent des marques et des traces de coups visibles sur différentes parties de leur corps. Une photo a même circulé sur les réseaux sociaux montrant une enseignante qui a humilié un élève en le mettant à terre et en appuyant de son pied sur sa poitrine. Le dernier en date: un écolier de six ans de l'école «Gherdek» située dans la délégation de Sbeïtla. Son instituteur lui a entaillé une partie de l'oreille, lui causant une blessure profonde. Ce dernier a été immédiatement suspendu par le directeur de l'établissement et devra passer devant le conseil de discipline de l'école primaire. Malgré la directive du ministère qui interdit tout châtiment corporel à l'encontre des élèves, les enseignants ont-ils décidé de braver la loi pour rétablir l'ordre dans leur classe? Parce qu'ils n'arrivent plus aujourd'hui à se faire obéir de leurs élèves, beaucoup sortent de leurs gonds et finissent, en désespoir de cause, par asséner des coups à des élèves intenables, trop agités qui perturbent le cours. Faut-il prévoir des mesures disciplinaires à l'encontre d'enseignants dépassés par les événements et qui n'arrivent plus à maîtriser leur classe? «Comment éviter que l'éducateur opte pour le châtiment corporel comme ultime recours?» Beaucoup d'enfants appartenant à la génération actuelle d'élèves sont malpolis et mal éduqués, a relevé Mme Beltaief, institutrice dans une école de Houmt Souk à Djerba. La faute incombe en partie aux parents qui, parce qu'ils travaillent, ne passent pas suffisamment de temps avec leurs enfants et ne jouent pas convenablement leur rôle d'éducateur. Ils n'ont pas su inculquer, par conséquent, les valeurs de la discipline et du respect d'autrui. Cela ne justifie pas le fait que les enseignants frappent les élèves parce qu'ils sont malpolis et trop agités. Cela fait 26 ans que j'enseigne en tant qu'institutrice, je n'ai jamais levé la main sur un enfant. Dans le cas de cet écolier, il peut garder de cet acte des séquelles psychologiques profondes. Le tablier blanc deviendra un véritable cauchemar pour lui». Selon Mme Chemli, assistante pédagogique et directrice à la retraite, le problème réside dans la formation actuelle des enseignants qui ignorent — parce que ces matières ne figurent pas dans le programme de leur cursus universitaire — les bases de la caractériologie et de la psychologie enfantine. «Il n'y a plus aujourd'hui d'enseignants et d'instituteurs normaliens. Un enseignant qui ne sait pas maîtriser sa classe et s'y prendre avec ses élèves doit changer de vocation, a souligné cette ancienne normalienne. Lorsqu'on a des éléments agités et perturbateurs en classe, il faut savoir les regardrer sans avoir recours à la punition corporelle. Il faut occuper un enfant agité avec des activités diversifiées. Le châtiment corporel n'est pas une solution».