La disparition des terrains vagues a donné un véritable coup de massue aux buteurs d'antan «Il est vrai que les avant-centres ne courent pas les rues et encore moins les terrains de football dans nos stades. Quand on se rappelle Moncef Khouini, Abdessalem Adhouma, Moncef Ouada, Ali Manaï, Mohamed Ali Akid, Zoubeïr Boughenia, Mounir Mejri, Amor Ben Tahar, etc., on a honte de ce qu'on voit , aujourd'hui, sur nos terrains. Il y a vraiemnt une pénurie d'attaquants de cette race. Ceux-là savaient tout faire : jeu de tête inpeccable, jeu en déviation, frappe limpide, dribbles déroutants et opportunisme. Rien que leur présence était un spectacle. A chaque apparition, ils soulevaient les foules. J'étais jeune et je m'étais trouvé au milieu de ces monstres sacrés du football tunisien. Il y avait ceux qui étaient en fin de carrière et ceux qui avaient pris leur retraite, mais tous m'ont inspiré. Ils étaient l'exemple même à suivre. Et pourtant, il n'y avait ni non-amateurisme ni professionnalisme. On jouait beaucoup plus pour le plaisir que pour l'argent. Je pense qu'il y a également surévaluation des «compétences». Les salaires ne correspondent pas aux prestations fournies. Les talents dans le compartiment offensif se font rares et les avant-centres plus particulièrement de la trempe des joueurs cités plus haut sont en voie de disparation pour ne pas dire qu'ils ont disparu. Cela est dû au fait qu'il n'y a plus de terrains vagues où on peut jouer en permanence et où on peut rencontrer des talents-nés, des jeunes doués. On peut espérer découvrir ce genre de joueurs en organisant des tournois inter-quartiers, comme on le faisait à Bizerte, il y a longtemps, sous la conduite de Chedly Ouerdiène. Il faut laisser les jeunes joueurs, s'entraîner le temps qu'ils peuvent et non pas leur imposer un programme comportant un emploi limité. Un jeune a besoin de s'exprimer sans compter. On a l'impression que le temps de jeu est, aujourd'hui, limité, ce qui se répercute sur le plan physique plus tard en juniors puis en seniors. On veut tout et tout de suite. Il faut apprendre à être patient. Enfin, appliquer les règlements ayant trait à réserver 20% du budget aux jeunes est une condition préalable à leur épanouissement».