«Après une ouverture régionale officielle, qui s'est tenue le 28 octobre dernier avec la projection de la série de films "Parle-moi de tes JCC", le festival se poursuit dans 16 régions du pays avec une programmation qui débutera le 10 novembre», c'est ce qu'a rappelé Brahim Letaïef lors d'un point de presse organisé hier à Tunis. Cette rencontre avec les médias était surtout une occasion pour le directeur de s'expliquer quant aux critiques et autres «campagnes de dénigrement» (comme il le précise) qui ont marqué cette édition. La session-anniversaire qui a célébré le 50e anniversaire de ces journées cinématographiques — qui, reconnaissons-le, a tout de même présenté un bon programme de films projetés avec une grande affluence du public ponctuée de plusieurs événements (surtout pour les professionnels) — a déçu à bien des égards. Jugée catastrophique par certains, elle a souffert, entre autres, de défaillances d'ordre organisationnel et logistique. En effet, sans compter les perpétuels problèmes liés à l'infrastructure culturelle (mauvaises conditions de projection, la mauvaise qualité du matériel et sa non-conformité avec les nouveaux formats, le manque de salles de cinéma...), les JCC ont souffert de cette starisation précipitée (qui a mené à plusieurs erreurs) et les grossières fautes d'organisation (des invités oubliés, voire humiliés, des consécrations politiques, etc.) ont nui à l'âme et à l'identité de ce grand rendez-vous arabe et africain dédié au cinéma d'auteur. Outre les problèmes liés à l'infrastructure, le directeur explique cela par un comité directeur dénoyauté et le manque de volontariat de la part des gens liés au métier, ce qui fait qu'ils ont eu recours à des volontaires pas vraiment avertis. «Il n'est pas évident de travailler sur la programmation et l'organisation d'un festival quand on est ralenti par de fréquents changements ministériels», a-t-il déclaré. Une perte de temps liée aussi, selon ses dires, aux incidents avec le Centre national du cinéma et de l'image et la nécessité de former un nouveau comité directeur avec un représentant du ministère des Affaires culturelles comme secrétaire général. Letaïef a encore et plus que jamais souligné la nécessité de l'indépendance du festival et l'instauration d'un comité permanent, en rappelant que les JCC n'ont ni statut ni siège. «Les JCC s'agrandissent et manquent d'espace. Ma volonté était d'instaurer une démarche professionnaliste, loin de tout misérabilisme, et faire de ces journées un vrai festival qui contribue à la promotion touristique du pays», a-t-il affirmé en soulignant que cinéphilie et cinéma d'auteur peuvent cohabiter avec paillettes et mondanités. «Il est clair qu'il y avait une volonté de saboter cette édition qui, malgré tout, a présenté 432 films, 200.000 spectateurs et 398 invités». Pour ce qui est de la déclaration du cinéaste Abderrahmane Sissako quant à l'absence de films africains dans la compétition officielle, le directeur parle de problèmes de qualité de certains des films soumis aux comités de sélection. Tout en admettant les erreurs commises, Il est revenu sur les défaillances des services d'accueil et d'hébergement et sur l'incident avec les invités algériens en invoquant des impératifs d'ordre organisationnel. «Je ne suis pas prêt à démissionner dans l'immédiat, les JCC continuent avec le programme dans les régions. Je ne pourrai pas continuer dans les mêmes conditions sauf si je suis élu», a- t-il conclu.