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«50 ans et ça tourne encore !»
Rencontre avec IbrahiM Letaïef, directeur des JCC
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 10 - 2016

Pour la deuxième année consécutive, Ibrahim Letaïef pilote les JCC dont la 27e édition se déroulera du 28 octobre au 5 novembre. Il parle de cette session anniversaire, des couacs avec le Cnci (Centre national du cinéma et de l'image), des difficultés d'organisation, de l'état du parc des salles, et surtout de l'avenir des JCC en l'absence du cinéma subsaharien. Les JCC sont-elles vouées à changer de ligne éditoriale ? Entretien.
Comment se présente la 27e édition des JCC ?
Nous avons tout préparé pour que la 50e session soit non pas exceptionnelle mais importante dans l'histoire des JCC. On fête le 50e anniversaire doublé d'une session classique qui se déroule, maintenant, tous les ans. On est dans deux festivals en un. Nous préparons la 27e édition avec son programme classique en termes de compétition officielle, hommage, cinéma du monde, fenêtre ouverte sur certaines cinématographies, takmil, producer net work, Carthage pro, autrement dit, tout le volet professionnel des JCC. En même temps, on fête un 50e anniversaire et là, c'est tout un travail sur la mémoire, l'histoire des JCC qu'on doit illustrer dans un contenu : des films, des moments forts du festival imagés, visualisés. C'est donc un travail de recherche d'archives, un travail de recherche des films qui ont disparu, qui ne sont plus dans un support avec lequel on projette les films aujourd'hui. Un casse-tête pour trouver des lieux de projection pour des films en 16mm ou en 35mm qu'on essaie d'adapter au support numérique pour pouvoir les projeter. On organise aussi un colloque en adéquation avec le 50e anniversaire qui va traiter de la mémoire cinématographique et la sauvegarde des archives. Un colloque important auquel nous souhaitons un aboutissement réel par la concrétisation d'un comité, voire de l'idée de relancer un organisme qui pourrait travailler sur cette question de la sauvegarde des archives.
Quel est le slogan de cette édition anniversaire ?
«50 ans et ça tourne encore». On a du mal à croire qu'un festival puisse perdurer dans les conditions actuelles. Dans un pays où il y a de moins en moins de salles de cinéma où on parle des cinémas dans les régions alors que les régions ne sont pas pourvues de salles de cinéma. Parfois, j'ai l'impression que je participe à un grand leurre. Il faut être dans l'organisation pour se rendre compte de ce grand mensonge.
Les couacs avec le Centre national du cinéma et de l'image ont-ils eu un impact sur l'organisation de cette édition ?
Certainement. Il fallait que le couac arrive avec l'administration en général, là c'était avec le Cnci. Cela a eu un impact parce qu'on a perdu du temps. On a quitté le Cnci pour nous jeter dans les bras d'un autre organisme public. Cela n'a pas facilité les choses. Les obstacles administratifs sont toujours là. En tant que directeur du festival, je passais beaucoup de temps à résoudre des problèmes anodins qui ne doivent, en principe, pas se poser dans le cadre de l'organisation d'un festival. C'est un couac qui était nécessaire même si je le regrette un petit peu parce que maintenant tout est rentré dans l'ordre sur le plan relation personnelle. Je termine cette session mais je n'ai plus envie de continuer dans les mêmes conditions sauf si je suis élu. L'élection est notre aspiration pour l'autonomie des JCC. J'ai lu un extrait d'un texte de Chedly Klibi en 1966 où il parlait, dans un discours, d'autonomie du festival. Il se posait déjà la question de l'autonomie des JCC par des sous-entendus comme l'instauration d'un comité permanent devant assurer la pérennité du festival. Cette question est reposée 50 ans après. Depuis que le festival est devenu annuel, on ne peut plus travailler sans comité permanent. Aujourd'hui, les JCC n'ont pas de siège, ni de statut, ni de ligne téléphonique, les ingrédients nécessaires pour l'organisation d'une session. Le couac avec le Cnci est très positif parce que cela nous permettra de réfléchir sur l'avenir de ce festival.
Comment la programmation a-t-elle été élaborée ?
Le 50e anniversaire a été confié à Mohamed Chalouf qui a tracé une philosophie du 50e anniversaire approuvée en interne par le comité exécutif et le comité directeur pour tenter de montrer, à travers les films, 50 ans des JCC, à travers les invités, les hommages. On a essayé d'avoir une vue générale de ce qu'a été montré de meilleur depuis 1966.
Que peut-on dire à nos lecteurs cinéphiles qui vont suivre la 27e édition ?
Ce festival a son histoire, il n'est pas le fruit de 2015 et 2016. C'est le fruit de tout un travail d'une génération qui a milité pour les JCC : Tahar Cheriaâ, Chedly Klibi, les ciné-clubs, les cinéastes amateurs, les cinéastes de la première génération, le public. En consultant les quelques archives qui restent des années 70, je me rends compte que l'affluence du public était déjà importante en ces temps-là. En fait, si j'ai un message aux lecteurs, c'est de leur dire regardez ce qu'on va vous montrer comme films ayant eu des succès aux JCC. Il ne s'agit pas de la compétition officielle ou des films tunisiens, la cinématographie africaine était très importante pendant ces 50 années.
Quels sont les moments forts de cette édition ?
Le festival a changé. Autrefois, je me rappelle que les moments forts étaient les débats entre réalisateurs et public. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, cela a disparu. Il y a un paradoxe entre ce qu'on vivait avant c'est-à-dire la culture cinématographique qui existait chez les jeunes. On est obligé de s'adapter à la nouvelle donne. On va essayer de ressusciter ces moments forts avec la presse. On installera ces débats après les projections des films pour les relancer et revenir à ce que les ciné-clubs, les critiques et les cinéphiles reprennent ces moments forts qui ont disparu. Il faut les réinstaller petit à petit. Cette année, parmi les moments forts, une compétition officielle qui sera prisée par le public compte tenu du nombre des premières arabes et africaines. L'hommage à Abbas Kiarostami, l'hommage à Kalthoum Bornaz qui vient de nous quitter, une réalisatrice de la première génération des JCC.
En plaçant le siège des JCC au Palais des Congrès, vous vous êtes éloignés en quelque sorte de l'avenue Bourguiba. Pourquoi ce choix ?
En 1978, Hamadi Essid avait installé les JCC au Palais des Congrès. Ceux qui se le rappellent parlent de succès, d'une sorte de Palais du Festival qui pouvait réunir tout le monde où on organisait toutes les conférences de presse, les rencontres avec les réalisateurs, la restauration etc. Cette année, on va y installer Producer net work, Takmil et y organiser les soirées d'ouverture et de clôture. On est obligé de le faire par manque d'espace. Les JCC sont un grand leurre parce qu'on organise l'un des plus grands festivals du monde sans parc de salles. Le théâtre municipal qui abritait les soirées d'ouverture et de clôture est actuellement en réfection. On attend l'achèvement des travaux de la Cité de la Culture dont l'ouverture est prévue en 2017. 50 ans après, tous les ans, on est à la recherche d'un lieu adéquat pour abriter les JCC. Avec le manque de salles et leur situation catastrophique malgré les efforts fournis pour améliorer les conditions de projection, de confort et d'hygiène, on se rend compte que c'est un travail vain et qu'il va falloir revoir toutes les salles de fond en comble.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile à faire ?
Le volet artistique a toujours été le point fort des JCC. Il y a toujours cet engagement des cinéphiles dont certains délaissent leur métier et leur responsabilité pour aider et soutenir le Festival. Artistiquement parlant, on était prêt depuis 3 mois. Dès qu'on a commencé l'organisation, on s'est rendu compte que ne pas être outillé d'un bureau permanent qui aurait préparé les contrats avec les hôtels, les salles de cinéma, les partenaires du transport reste une grande faille. On est de plus en formation continue parce que les personnes qui travaillent pour une session ne reviennent pas forcément à la suivante. Il y a le renouvellement de l'équipe tous les ans et sa formation et chaque fois, c'est très fatigant. C'est cela le point faible des JCC.
Le fait que les JCC soient devenues annuelles augmente-t-il les difficultés ?
Tout à fait. Parce qu'à peine on sort d'une session qu'on en commence une autre. Il y a des difficultés au niveau de l'organisation mais il ne faut pas cacher un volet important auquel on n'a pas beaucoup réfléchi, à savoir la production africaine. A part l'Afrique du Sud, on a du mal à approvisionner annuellement le festival en films. Cela nous amène à nous interroger sur l'avenir des JCC. Les JCC étaient un tremplin pour de nombreux cinéastes arabes, africains et tunisiens connus mondialement mais peuvent-elles continuer à être la pépinière d'autrefois ? Les réalisateurs africains n'existent plus. La production subsaharienne est proche de zéro. Cette année, il n'y a qu'un seul film burkinabé. Je me demande à quoi sert le Fespaco s'il n'y a pas de production de films. Artistiquement, et en respectant les spécificités des JCC telles que conçues par ses fondateurs, la question de l'avenir de cette manifestation se pose sérieusement.
Est-ce que vous aspirez encore à la direction des JCC ?
Non pas dans ces conditions. Mon autonomie me joue parfois de mauvais tours parce que je ne suis pas quelqu'un facile à cadrer, ni à discipliner. Certains voient en cela des atouts, mais quand on est dans un système où l'administration est fortement présente, il faut toujours jongler. Si je devais diriger encore les JCC, il faudrait que je sois élu. Ce n'est pas normal qu'un ministre de la Culture nomme un directeur de festival. Je dois présenter un programme sur 3 ans, être élu par un conseil d'administration d'une association ou une fondation où l'Etat et la société civile travaillent de pair pour la pérennité des JCC. Je suis très ému en parlant des JCC, j'ai envie que ça continue et que ça réussisse, mais je ne peux plus continuer tout en étant imposé par l'administration. J'ai envie de faire l'unanimité de mes pairs.
Comment se présente, selon vous, l'avenir des JCC ?
Il va falloir se pencher sur l'avenir des JCC dès la fin de cette édition. Je ne vois pas venir une présence africaine. Il n'y a pas de production dans les années à venir. Il faut que les associations, les syndicats se mettent ensemble pour parler de l'avenir de ce festival. Personnellement, je vois une 28e session identique à celle de cette année. J'ai l'impression que les JCC s'effritent un peu par manque de production africaine. Faut-il garder la même ligne éditoriale ? On a reçu des films africains dont la plupart sont des documentaires qui sont plus proches du reportage. Avec la démocratisation de l'outil de tournage, tout le monde tourne des films sans être dans la logique du cinéma. Les JCC vont-elles continuer à être la plateforme unique du cinéma arabe et africain, et ce, en l'absence d'un comité permanent surtout qu'elles sont devenues annuelles ?
Propos recueillis par


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