Poursuivant le stage de Tabarka, l'EST de Souayah cherche des solutions plus adaptées à ses qualités En 4-3-2-1 ou en 4-3-3, l'Espérance Sportive de Tunis a pris l'habitude, ces derniers mois, d'adopter un jeu basé sur le contre et l'exploitation des failles de l'adversaire. Pour cela, quoi de mieux que de laisser le ballon et attendre la moindre erreur pour faire la différence? Cette tactique —si chère à Ammar Souayah— est devenue la marque de fabrique de l'équipe «sang et or» au point de faire naître chez la plupart de ses adversaires un sentiment terrible : la crainte. La crainte de se faire punir à la moindre perte du ballon, au premier replacement défensif, à n'importe quelle minute. C'est pourquoi la grande majorité préfère ne jamais se jeter à fond en attaque. Les rares à s'être aventurés dans des offensives engagées en sont ressortis battus, butant sur une défense de fer et, immédiatement, sanctionnés : le SG, l'ASM et l'OB. Seulement, cette saison les choses ont changé. Depuis le début de la saison, trois équipes ont joué sans complexes contre l'Espérance: le CSHL, l'ASG et le CA et ont arraché le nul. La raison ? Sous pression, l'équipe espérantiste prend des buts, ce qui est nouveau sur coups de pied arrêtés, elle semble souvent en danger. Contrée, elle peine à fermer l'axe avec Dhaouadi, Belkaroui ou Machani assez hésitants et très mal à l'aide. Evidemment, les «Sang et Or» n'ont encaissé que trois buts en six rencontres depuis le début de la saison, ce qui est assez positif dans l'ensemble alors que l'Algérien est souvent blessé. Plus généralement l'équipe de Souayah ne dégage plus la même sérénité défensive et paraît moins insubmersible. Certes, face à ses adversaires de la Ligue 1, la formation «sang et or» a été fortement en danger et il y a eu plusieurs occasions offertes aux attaquants adverses. Il faut que l'animation défensive soit plus rigoureuse et plus stable. Mettre à l'aise Moncer C'est la grosse déception de ce début de saison. Alors que son transfert du CSS ressemblait bien à un des plus jolis coups du mercato, Mohamed Ali Moncer est en train de semer le doute, les supporters «sang et or» désespérant de ses productions. Devant la défense ou un cran au-dessus, l'ex-milieu sfaxien s'avère invisible et jamais à l'aise. Derrière les attaquants et débarrassé des tâches défensives, il est à peine plus convaincant. Pis, il semble à contretemps avec ses partenaires et à la peine physiquement. Cette intégration plus que poussive n'a été facilitée ni par la méforme de Ferjani Sassi ni par la blessure de Badri ou Bguir. Son influence sur le jeu est quasi nulle. Malgré tout, avec un peu de temps, Sassi au top de sa forme et Coulibaly, enfin de retour, Moncer pourrait, composter sa place dans le collectif espérantiste et retrouver son jeu léché comme il savait le faire du temps et où il évoluait au CSS. Renouveler l'animation offensive Si la défense et Moncer semblent un ton au-dessous par rapport à l'année dernière, le principal problème de cette EST 2016-2017 réside dans son utilisation du ballon. Ce qui faisait sa force les saisons précédentes, du temps de Decastel, de Krol, de Maâloul et de Kanzari, les contres et le jeu rapide sont devenus son point faible. Les passes sont plus prévisibles et les remontées du ballon moins foudroyantes. Sur les flancs, M'hadebi, moyen, et Khelil Chammam, sur le déclin, n'offrent plus autant de possibilités, et les longs ballons de Dhaouadi et de Belkaroui ne peuvent plus résoudre tous les problèmes. Enfin, un gouffre s'est créé entre les milieux et les attaquants, ce qui empêche toute fluidité dans le jeu. Tout cela, Khenissi, Rejaïbi et Ben Ahmed ne peuvent que le constater, ce trio ne peut pas se démultiplier et remonter les ballons tout en étant frais et dispos. Une situation pénible pour les attaquants espérantistes et qui l'est encore plus avec la blessure de Ben Youssef. Conscient de cette situation, Ammar Souayah a timidement tenté d'aligner son équipe en 4-4-2 contre le CA. Depuis, il n'a plus jamais réessayé. Il le sait : à force de s'être enfermée dans son schéma subir-contrer, l'Espérance Sportive de Tunis est devenue plus prévisible et moins efficace. Le coach «sang et or» aura le temps de «tâtonner» et de refonder les habitudes de l'équipe depuis son arrivée. Lancer de nouvelles têtes Quant à l'utilisation des joueurs à la disposition de Souayah, elle est une vraie source de questions qui fâchent. Pourquoi Coulibaly, meilleur pivot, ne joue pas? Amine Ayari, joyau du centre de formation aura-t-il une chance de laisser souffler Khenissi ou Rejaïbi? A toutes ces interrogations, Souayah ne répondra pas.