A 18 ans, cette joueuse de talent doit passer à un palier de plus et attaquer le circuit professionnel. Mais avec quels moyens ? Sur les deux médailles d'or remportées à la dernière CAN du Kenya, celle de Chiraz Bechri a un poids «spécial». Pour cette participation récupérée comme d'habitude par la FTT dans le sens d'une propagande où on a transformé une 2e place au général derrière le Maroc en une performance exceptionnelle. Ce n'est pas nouveau, ce n'est pas étrange à cette FTT et surtout à sa présidente qui aime récupérer la performance de ses joueurs et exagérer ce qu'ils font. La médaille de Chiraz Bechri est la seule significative et qui représente un signal positif pour l'avenir. Pour cette jeune talent émergent depuis deux ans, c'est l'énième fois où elle fait parler d'elle dans un tournoi international. Mais depuis deux ans, depuis qu'elle a éclos, rien n'a été fait pour l'épauler, l'encadrer et pour financer ses déplacements et les charges d'une carrière «sérieuse». C'est une joueuse athlétique, qui a une bonne technique et lecture du jeu, le tout avec une personnalité forte sur et en dehors des courts. Son tempérament est aussi celui d'une joueuse de grande envergure. Elle est exigeante, agressive dans un match. Elle ne laisse jamais de place pour le désespoir. Issue de la classe moyenne, Chiraz Bechri a dû batailler seule contre vents et marées. Sans soutien financier familial, ni fédéral (le bureau fédéral n'a rien fait sauf ses promesses et son désintéressement), cette jeune, qui a un registre technique prometteur et indiscutable, est aujourd'hui dans une étape clef et fatidique de sa carrière. Après des consécrations en junior en Afrique, elle vient de gagner en seniors (bien qu'en l'absence des joueuses de métier), et aussi gagné en future. Soit elle entame une carrière professionnelle au sens vrai du terme où elle se concentre sur les tournois futures et se déplace toute la saison pour gagner des points WTA, soit elle se contente de jouer quelques tournois, de s'éclipser et de jouer en Fed Cup ou à la CAN et petit à petit stagner comme c'est le cas de Ons Jabeur (une championne qui n'a pas su gérer sa carrière et qui n'a pas eu le soutien qu'il faut de la part de la FTT et du ministère des Sports). C'est maintenant que Chiraz Bechri, qui représente une voie de salut pour un tennis féminin qui souffre, doit décider et faire le bon choix. Staff, sponsors, planification; bref, toutes les composantes d'une arrière de haut niveau. Elle doit surtout faire attention à tous ceux et celles qui veulent profiter de son talent pour leurs intérêts. On a eu dans notre histoire quelques grandes joueuses qui ont percé au niveau WTA, avec Selima Sfar et Ons Jabeur comme championnes, d'autres de talent mais dont les contraintes ne les ont pas favorisées comme Nour Abbès, et voilà qu'on est devant une Chiraz Bechri qui, à 18 ans, doit commencer à affronter les aléas d'un circuit WTA où d'autres joueuses ailleurs ont réussi même à 16 ans grâce au financement et à l'encadrement de leurs fédérations et sponsors.