Rappeler les parents à leur responsabilité éducative et permettre aux élèves de s'exprimer sur leurs attentes et leurs suggestions pour une réforme efficiente. Le recul notoire du système éducatif national intrigue, depuis bien des années, les pédagogues et les parents. Actuellement, on retrousse les manches pour sauver l'enseignement de base et celui du secondaire et garantir aux jeunes générations le droit à une éducation de qualité, à même de les préparer pour l'avenir. La société civile, restée longtemps écartée des projets de réformes gauches, mis en œuvre avant la révolution, adopte désormais à sa manière la cause de l'enseignement. En 2015, l'association tunisienne des parents et des élèves (Atupe) a vu le jour, en réponse à un besoin signifié par les parents et les élèves. Son principal objectif consiste à rendre possible l'échange d'idées entre le cadre enseignant, les parents et les élèves sur la réforme du système éducatif, et ce, dans l'optique de réfléchir, ensemble, sur les solutions les mieux appropriées. «Contrairement aux associations internationales engagées dans cette même cause, l'Atupe revêt une spécificité unique en son genre. En France comme au Maroc, par exemple, l'on compte seulement des associations de parents d'élèves, et par conséquent, des parents uniquement. Notre association s'avère être pionnière dans la mesure où elle permet aux élèves de donner leur avis et de participer activement et efficacement aux éventuels projets et recommandations sur le système de l'éducation», indique Mme Faïka Ben Jannet, membre fondatrice de l'Atupe. Il n'y a pas de doute que l'avis des élèves — qui sont les bénéficiaires directs des prestations assurées par le système de l'enseignement — représente un pilier incontournable dans le projet de réforme. Ce sont, en effet, les enfants et les ados, inscrits dans les établissements de l'enseignement de base et secondaire qui sont les mieux placés pour mettre le doigt sur les défaillances, attirer l'attention sur les questions qui les préoccupent et suggérer les solutions qu'ils jugeraient pertinentes. Selon M. Ridha Zahrouni, président de l'association, il convient, désormais, de rétablir le dialogue entre les trois maillons du système éducatif, à savoir les élèves, les parents et le cadre enseignant. «Nous devons œuvrer pour la complémentarité entre ces trois maillons et substituer ainsi le conflit des générations par une entente efficiente», note-t-il. Ressusciter les bonnes traditions Mme A. est une parente d'élève qui a adhéré à l'association dans l'espoir de participer à la résurgence des bonnes traditions d'antan. Cette maman constate, non sans déception, la nonchalance et la démission des parent, aujourd'hui. A l'époque où cette dame fréquentait les bancs de l'école, les parents tout comme les enseignants étaient regardants quant au rendement scolaire des élèves, leur assiduité, leur sérieux et leur sens de l'application. «Il faut reprendre les bonnes traditions du système éducatif et rappeler les parents à leur responsabilité éducative. Il faut fournir cet effort pour le bien de nos enfants mais aussi des futures générations», souligne-t-elle. Où sont les parents ? Hazem Mazlout compte parmi les jeunes membres de l'association. Ce bachelier, section technique, est parfaitement convaincu du précieux apport des parents dans la promotion de l'éducation et dans la garantie d'une meilleure qualité de l'enseignement. Pour lui, il n'est plus aux parents de rester à l'écart du système et de négliger les moult problèmes que rencontrent les élèves au sein des établissements scolaires. «La relation entre les élèves et les enseignants est à dominante conflictuelle, ce qui influe négativement sur le parcours de l'élève. Les parents ne sont point informés des incidents et des malentendus qui surviennent entre l'élève et sont professeur. Ils ne cherchent pas à le savoir. Ils se maintiennent à distance et ne prennent la peine d'intervenir que dans le cas d'un problème alarmant», fait-il remarquer. D'ailleurs, dans certains lycées, ni les parents ni les enseignants n'accordent le moindre intérêt à la communication. Démissionnaires, ils fuient les réunions trimestrielles, insouciants du climat et des conditions d'étude. Le droit à la communication et à la protection Donia Ouahada a 17 ans. Elle est bachelière section Lettes. Cette adolescente est parfaitement convaincue du rôle capital de la société civile à faire changer les choses pour le mieux. Outre son adhésion à l'Atupe, elle est membre d'une association œuvrant pour le soutien des enfants hospitalisés. Donia poursuit ses études dans un lycée français où les mécanismes et les mesures établis pour éclairer les élèves sur les filières d'avenir ne manquent point. En effet, et contrairement aux lycées étatiques tunisiens, les lycées français organisent souvent des forums et des cercles de débats pour enrichir les connaissances des apprenants et l'informer sur les métiers d'avenir. Elle évoque, en outre, l'absence des clubs et des activités culturelles au sein des établissements scolaires ; une défaillance de taille qui réduit considérablement la culture générale des élèves. Donia tire la sonnette d'alarme quant à la violence dans les établissements scolaires. Ce phénomène effarant va crescendo, ce qui nuit à l'image de l'école tunisienne et à la dignité des élèves. «Il faut réagir face à ce problème, surtout que certains parents préfèrent fermer les yeux sur les agressions perpétrées par certains enseignants sur leurs enfants de peur que le fait de porter plainte n'ait des répercussions fâcheuses sur les notes et sur l'avenir de leur progéniture. Ce genre d'agissement ne devrait plus être toléré désormais», souligne-t-elle, fermement.