La Tunisie pourrait gagner entre 4 et 5 % de son PIB sur une période de trois à quatre ans grâce à une meilleure connectivité portuaire et à une réduction du temps de séjour des marchandises à l'importation. C'est ce qui ressort d'une note de la Banque mondiale intitulée « Une meilleure connectivité pour la croissance », publiée au printemps 2025. La Banque mondiale estime que les ports tunisiens sont relativement bien équipés pour les unités roulantes (Ro-Ro), mais insuffisamment adaptés à la manutention des conteneurs. De plus, leur petite taille et leur faible profondeur, comparées aux autres ports méditerranéens, conviennent au trafic Ro-Ro mais nuisent à la connectivité, génèrent de la congestion et limitent l'efficacité opérationnelle pour les conteneurs. Elle rappelle que, selon le dernier indice de connectivité du transport maritime régulier (3e trimestre 2024), le système portuaire tunisien se classe au 117e rang mondial, un niveau comparable à celui de nombreux petits Etats insulaires du Pacifique Sud. Ce classement met en évidence un décalage entre la Tunisie et les grandes tendances du commerce mondial, qui repose de plus en plus sur le transport maritime conteneurisé, notamment pour les échanges hors vrac, en raison de son avantage significatif en termes de coût, surtout sur les longues distances. Le système portuaire tunisien souffre également de la lourdeur des contrôles physiques et documentaires, ainsi que des exigences commerciales et de change, qui ralentissent le traitement des marchandises. Cette situation se traduit par un temps de séjour à l'importation élevé, ce qui augmente les coûts logistiques pour les entreprises. La note cite notamment le cas du port de Radès, qui présentait en 2023 l'un des temps de séjour moyens à l'importation les plus élevés du continent africain. La Banque mondiale souligne que le renforcement des infrastructures et la mise en place de politiques adaptées permettraient d'améliorer la connectivité portuaire, de stimuler les échanges commerciaux et, par conséquent, de générer des gains économiques importants pour la Tunisie. Elle recommande notamment le développement d'un terminal à conteneurs pour la région du Grand Tunis, la modernisation des équipements de manutention du fret, la réorganisation de l'accès via le canal de Bizerte, ainsi que le lancement d'un programme d'investissement pour le terminal du port de Sfax. Elle préconise également la rationalisation des mesures non tarifaires, ainsi qu'une révision des tarifs de stockage et de manutention portuaires. L'objectif : fournir des ressources financières supplémentaires à la STAM et à l'OMMP, tout en incitant les chargeurs à ne pas laisser les marchandises trop longtemps dans les zones portuaires.