L'association "Aswat Nissa" (Voix de Femmes) a tiré la sonnette d'alarme face à la recrudescence des féminicides en Tunisie, avec 14 femmes tuées depuis le début de l'année 2025. Cette déclaration intervient après un crime particulièrement atroce, survenu jeudi à Bou Salem (gouvernorat de Jendouba), où une femme d'une cinquantaine d'années a été assassinée par son ex-mari. Dans son communiqué publié jeudi, l'association précise que le meurtrier a poignardé plusieurs fois la victime à l'aide d'un objet tranchant, avant de l'asperger d'un liquide inflammable et de mettre le feu à son corps. "Aswat Nissa" souligne que ce crime n'est pas un cas isolé, mais s'inscrit dans une tendance inquiétante d'augmentation des violences extrêmes à l'encontre des femmes en Tunisie. L'association déplore l'absence de mécanismes efficaces de protection et de prévention contre les violences basées sur le genre. Dans des termes particulièrement fermes, l'organisation a condamné le crime de Bou Salem, le qualifiant de "barbare" et représentant, selon elle, "la consécration d'une culture de violence et de domination masculine". L'association estime que ces femmes ont été tuées parce que l'Etat reste violent, qu'il "légitime une culture de la violence" et "normalise les agressions contre les femmes". Elle affirme que chacune des quatorze victimes aurait pu être sauvée, si l'Etat avait assuré sa mission de protection au lieu de justifier la violence. Elle considère également que le silence est plus fort que la loi et la passivité plus puissante que la justice. "Aswat Nissa" tient l'Etat tunisien pour pleinement responsable de la protection des femmes contre toutes les formes de violence. L'association appelle à l'application effective de la loi n°58 de 2017, relative à l'élimination de la violence à l'égard des femmes, ainsi qu'à un renforcement des mécanismes de prévention, de protection et de suivi, tout en garantissant l'absence d'impunité pour les auteurs de ces crimes.