Dans un récit publié sur sa page Facebook officielle, la Professeure Lamia Kallel, cheffe du service de gastro-entérologie à l'hôpital Mahmoud El-Matéri, revient sur une intervention médicale d'urgence qui a permis de sauver la vie d'une patiente septuagénaire victime d'une obstruction œsophagienne totale. Appelée en renfort en pleine nuit, Dr Kallel rejoint une équipe déjà engagée face à une urgence critique : un gros morceau de viande bloqué dans le haut de l'œsophage d'une femme âgée, obstruant complètement le passage de l'air et s'impactant dans la muqueuse. La situation menaçait la vie de la patiente, qui étouffait. Une concertation pluridisciplinaire est immédiatement engagée. Trois stratégies thérapeutiques successives sont mises en œuvre : un plan A par voie endoscopique échoue, suivi d'un plan B, qui ne donne pas davantage de résultats. C'est finalement un plan C, plus complexe, mobilisant deux personnes supplémentaires appelées sans contrainte, qui permet de libérer l'obstruction et d'éviter une intervention chirurgicale lourde. L'opération a duré près de trois heures et a nécessité la mobilisation de plus de dix professionnels de santé, issus des services de gastro-entérologie, de chirurgie et de réanimation. Grâce à un plateau technique fonctionnel – incluant les équipements nécessaires à la coupe, la coagulation, la dilatation et l'opacification par voie endoscopique – l'équipe a pu travailler dans des conditions sécurisées, le patient étant anesthésié et intubé. "On aurait pu s'arrêter au plan A. On aurait pu s'arrêter au plan B. Mais le personnel présent voulait réussir", écrit Dr Kallel dans son post. Elle souligne que l'engagement des soignants n'était ni motivé par une obligation hiérarchique, ni par une rémunération supplémentaire, mais uniquement par le sens du devoir et une volonté partagée de sauver une vie humaine. Au-delà de l'anecdote médicale, le message se veut un plaidoyer en faveur du secteur public de santé, trop souvent critiqué ou affaibli. "Ce cas n'est qu'un exemple parmi des milliers qui démontrent combien un hôpital public bien équipé, avec du personnel motivé, peut sauver des vies chaque jour", rappelle-t-elle. Elle appelle à garantir la transmission des compétences, à retenir les talents, et à mieux valoriser ceux qui exercent dans les établissements publics : "Doubler ou tripler leur salaire ne sera jamais suffisant face au service qu'ils rendent". Ce témoignage, empreint de réalisme et d'humanité, invite à regarder autrement celles et ceux qui, dans le silence des blocs et des urgences, incarnent au quotidien un service public vital et profondément humain.