Par Kamel GHATTAS Combien y a-t-il de fédérations sportives dans le pays ? Etant donné que la mode de ces dernières années est d'en créer à tour de bras, il est difficile d'en connaître le nombre exact à l'instant même où on pose la question. Le même cas est valable pour les clubs. On en crée tous les jours, dans les différentes disciplines sportives et même dans celles qui connaissent des misères pour manque de fonds, d'encadrement, d'installations, de matériels, d'équipements et bien d'autres choses encore. C'est que le problème n'est pas de créer des associations sportives et des fédérations. Il est ailleurs. En ce qui concerne les clubs, il s'agit d'offrir aux jeunes, qui auront à les rejoindre, les moyens de s'exprimer et de progresser. Les fédérations, comme leur nom l'indique si bien, il faudrait qu'elles servent de catalyseurs pour ces forces vives. Elles devraient disposer du minimum pour pouvoir former et faire œuvre utile. Est-ce toujours le cas ? Loin de là. Bon nombre de ces clubs nouvellement créés sont incapables, au bout de quelques mois d'activité, de poursuivre leur action. Ils sont à court de moyens et sont complètement asphyxiés par les problèmes qui s'amoncellent, et pour lesquels il est toujours difficile de trouver des solutions. La décision de lancer un club, que l'on prend souvent sur la terrasse d'un café entre une demi-douzaine de copains, n'est pas un jeu. C'est une responsabilité qu'il faut savoir endosser et assumer. Au fil des jours, et lorsque les promesses tardent à se convertir en actes, il est trop tard pour faire marche arrière. Quant aux nouvelles fédérations, elles semblent beaucoup plus concentrées sur la répartition des postes de responsabilité que par l'activité, qui le plus souvent tourne autour d'un, deux ou trois éléments. Surtout dans les sports de combat, nombre de jeunes émergent ici ou là et il n'est nullement étonnant de voir ces éléments conquérir des titres continentaux ou mondiaux. Ils deviennent la proie de ceux qui voudraient en faire les fers de lance d'une prise de pouvoir qui tourne à la vitesse de l'éclair en des combats de barricades où les accusations et les dépassements sont monnaie courante. Bien entendu, la loi régissant ce secteur offre à tous les citoyens qui remplissent les conditions de créer ce genre d'entités. Il n'y a rien à dire. Reste qu'un club mal géré, souvent engagé dans des disciplines nécessitant de gros budgets, faute de moyens, devient un abcès de fixation et une source d'ennuis pour des dizaines de jeunes qui emmagasinent les ressentiments et les antagonismes et qui se laissent aller à des débordements malsains. Au niveau des fédérations, mais pas toutes, c'est toujours le département de tutelle qui doit résoudre les problèmes humains et financiers. Ces organismes ont besoin de fonds pour fonctionner et les moyens, en ces périodes difficiles, ne sont pas faciles à dégager, alors que tout augmente et que les ambitions ne manquent pas. Reste les sports dont on n'entend parler que lorsqu'ils révélent un champion ou une championne. Ces exceptions nées de générations spontanées ne sont en fait que l'arbre qui cache la forêt. Une fois ces champions usés jusqu'à la corde, les fédérations concernées disparaissent des radars. Elles fonctionnent au ralenti, donnant l'impression de s'excuser d'être là où elles sont. Point de programme d'action, des compétitions dont personne n'entend parler, des manifestations et des résultats que l'on fournit seulement à la demande (et encore !) et que l'on souhaite passer sous silence en raison de leur médiocrité. Ce genre de comportement est pour le moins curieux, car il dessert énormément la cause de ces disciplines qui ont justement besoin que l'on parle d'elles même si les résultats sont moyens. Le fait même d'en rendre compte est extrêmement important pour les jeunes qui s'y adonnent. Cette discrétion est un facteur qui introduit le doute et suscite bien des interrogations. Pour vivre, une activité sportive a besoin de pratiquants, de public, de dirigeants volontaires et convaincus, mais aussi d'encouragements qui ne peuvent provenir que de la part de ceux qui s'y attachent. En négligeant cet aspect de la question, ces sports se condamnent à vivre en vase clos et mettent un frein à leur émancipation. C'est le lot de ces fédérations fantômes, qui se créent sans véritables assises populaires et qui profitent plus ou moins de la présence d'éléments, brillants certes, mais dont la carrière est limitées par le temps, parce que sans bases de lancement solidement ancrées sur le nombre et la popularité.