L'école tunisienne a ses propres avantages, dont notamment la compétence, la connaissance et le coût par rapport aux entraîneurs étrangers de renom. C'est plutôt une obligation qu'un choix. Ils sont en majorité sur la scène en ce moment. Il s'agit des entraîneurs tunisiens qui dominent le paysage et qui l'emportent en même temps sur l'école étrangère de moins en moins présente depuis deux ou trois saisons. La question est problématique : s'agit-il d'un retour de manivelle et d'une prise de conscience de l'utilité de l'école tunisienne ou tout simplement d'un phénomène de mode ? La question est aussi complexe. Choisir un entraîneur est une décision stratégique, et opter pour un produit local est généralement pris d'un angle émotionnel ou populiste même. Nos dirigeants sont-ils convaincus que les entraîneurs tunisiens sont les mieux placés pour diriger les équipes et améliorer les aptitudes de nos joueurs ? C'est là le plus important. Il ne suffit pas de décrire le phénomène et de dire que la majorité des entraîneurs des clubs du championnat sont tunisiens, encore faut-il chercher pourquoi est-ce le cas? On peut parler de trois facteurs qui expliquent la situation : le coût bon marché par rapport à l'entraîneur étranger, la compétence reconnue et aussi le profil du joueur tunisien en ce moment. Abordables et connaisseurs... Aujourd'hui et hormis l'EST et l'ESS en premier lieu, aucun autre club tunisien ne peut ramener un grand nom étranger comme Manuel José ou Hervé Renard par exemple. Ce sont des salaires énormes avec la dépréciation du dinar, des trous financiers et le cumul des charges d'exploitation. Contrairement à ces noms, on a une génération d'entraîneurs bon marché qui tournent dans une moyenne de 20 à 25 mille dinars environ et qui acceptent même moins. Payer un Benzarti 40 ou 50 mille dinars revient à ramener un étranger à 20.000 euros, donc quelqu'un de peu connu. Les meilleurs étrangers vont au Maroc ou au Golfe. Deuxième raison, les progrès d'une génération d'entraîneurs emmenée par Benzarti et qui comprend les Souayah, Ben Yahia, Kanzari, Maaloul, Ellili, Kouki, Okbi, Dridi...ils se sont imposés malgré leur mauvais tempérament face à la pression des résultats et leur obstination à travailler avec les mêmes méthodes. Bien que nos entraîneurs, en général, perdent les pédales une fois qu'ils gagnent ou qu'ils soient soumis au stress, ils sont nés joueurs dans ce championnat et en connaissent parfaitement le fonctionnement. Ils ont progressé en qualité et en quantité. Aujourd'hui on a un grand nombre d'entraîneurs disponibles sur le marché. Certains ont pris l'échelle à zéro dans les clubs divisionnaires pour devenir ce qu'ils sont maintenant. Communication, encadrement, gestion des vestiaires, environnement footballistique tunisien, ils sont beaucoup plus connaisseurs que l'étranger qui met beaucoup de temps à comprendre. Pour nos dirigeants, dans ces temps de crise, et face au caractère de ces jeunes joueurs gâtés et indisciplinés avec des salaires élevés, un entraîneur tunisien, c'est la meilleure solution pour les mettre sur les rails. Chauvinisme à part... Choisir un entraîneur tunisien est une conviction avant tout. Ça ne doit pas être une question de patriotisme ou de chauvinisme même. On a besoin que nos entraîneurs disposent du cadre pour réussir et progresser, mais en même temps, il faut qu'ils s'imposent en tant que compétences et pas parce qu'ils sont tunisiens. Eux aussi ont plusieurs défauts et le plus criard est la prétention et l'envie acharnée du pouvoir. Ils changent quand ils réussissent et ne savent pas gérer le succès, ils rentrent dans des relations de complaisance avec des journalistes, des agents de joueurs et même des joueurs. Nos entraîneurs, dont un grand nombre de compétences que nous connaissons bien, sont têtus, ils ne veulent pas prendre du recul ou écouter un autre avis. Ils attaquent les entraîneurs étrangers à tort et à travers. Et pourtant, ils ont travaillé ou joué sous la conduite de noms légendaires comme Kristic, Fabio, Nagy, Amarildo, Dos Santos, etc. L'école étrangère de qualité a apporté le plus et ne doit pas être exclue. Si on veut consommer local, il ne faut pas que ça soit pour des raisons de nationalité. Dans ce cas, nos entraîneurs qui exercent dans les pays du Golfe devraient être exclus. Il ne faut jamais oublier cela. Ce qui compte, c'est la compétence, le professionnalisme et l'envie de partager le pouvoir et le travail et de réussir ensemble. Il faut croire en nos entraîneurs. Les motiver, les respecter, mais pas pour des raisons de cœur uniquement.